Entrez, on vous fait visiter la grotte Chauvet

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VISITE GUIDEE - Jean-Hugues Manoury est l'une des rares personnes a avoir pu pénétrer dans la grotte, vieille de plus de 36.000 ans. Suivez le guide. 

La grotte "Chauvet", du nom de l'un de ses découvreurs, est entrée au patrimoine mondial de l'Unesco, dimanche. Cette immense caverne, située en Ardèche, est vieille de plus de 36.000 ans et elle est intacte. Restée fermée pendant plus de 20.000 ans après un éboulement, elle a été redécouverte en 1994. Ornée de plus de 1.000 dessins, dont 400 animaux peints, les plus anciens connus à ce jour, elle est l'un des plus vieux sanctuaires connus de l'art préhistorique. Pour la préserver, elle est interdite au public et rares sont ceux qui ont pu y pénétrer. Jean-Hugues Manoury fait partie de ceux-là. Il est scénographe et le maître d’œuvre de la reconstitution de la grotte Chauvet, proposée aux touristes.

Une grotte à la taille impressionnante. Ce qui a particulièrement frappé Jean-Hugues Manoury quand il a pénétré dans la grotte "Chauvet" pour la première fois, c'est sa dimension. La cavité est immense puisqu'elle fait environ 700 mètres de long. "On y accède par un petit tunnel étroit, et on débouche dans une grande salle", raconte le scénographe. Surtout, "ce qui est très étonnant", précise-t-il, "c'est qu'elle brille beaucoup". C'est sa très bonne conservation qui donne cet effet. Pendant 22.000 ans, la grotte est restée protégée, un éboulement en ayant condamné l'entrée, et ce sont les nombreuses" concrétions qui scintillent à la moindre lumière."

Manoury : "Les peintres, les sculpteurs sont...par Europe1fr

Les peintures, deuxième grande surprise. Sur les murs, des lions, des chevaux, des ours, des rhinocéros, etc. Les dessins représentent essentiellement des animaux, très reconnaissables. "On distingue plusieurs époques", explique le professionnel. "L'une où les bêtes sont dessinées en rouge avec des ocres difficilement datables, car l'ocre n'est pas datable au carbone 14". Quant aux grandes œuvres, elles sont réalisées "à la poussière de charbon". "On distingue encore les foyers dans la cavité", raconte le scénographe. "En mélangeant cette poudre noire à une couche de pierre oxydée molle, les artistes ont réussi à faire des gris, des estompes."  Les murs révèlent aussi une dizaine de mains, des représentations de sexes féminins et l'incroyable dessin du bas du corps d'une femme à côté d'un bison.

Des dessins mystérieux. "Ce qui est fascinant, c'est cette qualité de dessin de chaque animal, ce sont de vrais personnages, avec des scènes très émouvantes de chasse, de séduction", explique Jean-Hugues Manoury. Pourquoi des dessins à cet endroit ? Les professionnels n'en savent rien.  "Les dessins sont très profonds dans la grotte, les hommes n'habitaient pas cette cavité. Les seuls animaux qui y vivaient l'hiver étaient les ours, les hommes vivaient peut-être dans le porche mais ce n'était pas un habitat. Pour l'heure, personne n'a d'explication."

Le réalisateur allemand Werner Herzog, a consacré un documentaire à la grotte Chauvet en 2010 : La Grotte des rêves perdus.

Les conditions de travail dans la grotte ?Drastiques. Le protocole est "extrêmement sévère pour assurer sa préservation", raconte Jean-Hugues Manoury. "On a des combinaisons, des chaussures spéciales, pour éviter d'apporter des éléments de l'extérieur, des pollens. Le protocole prévoit aussi des durées très courtes : on a deux heures pour descendre, seulement une centaine d'heures de visite autorisée, très encadrées, on descend à cinq avec des guides, on a une procédure de comportement extrêmement réglée."

Les leçons de Lascaux. La cousine de la grotte Chauvet, la célèbre grotte de Lascaux, a été très endommagée à cause de l'ouverture au public. "On a tiré les leçons de Lascaux", assure Jean-Hugues Manoury. "Cette fois la grotte n'a jamais été ouverte au public. Elle a heureusement été fermée le premier jour. Les sols ont été préservés, on a mis en place des passerelles, les études scientifiques ne permettent que de regarder les dessins, la préservation est totale."

Une réplique à l'identique doit ouvrir en 2015. "On a formé une équipe extrêmement motivée, on a cherché des peintres, des sculpteurs, des gens intéressés par la géologie... On s'est entouré de techniques très contemporaines, de captation numérique pour avoir un relevé très précis de la grotte. Et puis rien ne remplace la visite : on a réussi à convaincre la conservation de faire descendre sculpteurs et peintres. On travaille beaucoup dans la vraie grotte avec eux", raconte Jean-Hugues Manoury.

La réplique devrait ouvrir au printemps prochain, en avril 2015. 

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