Emmanuelle Devos : "Dans le cinéma français, on est assez épargnées" face à la misogynie

© Lionel BONAVENTURE / AFP
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A.D , modifié à
L'actrice incarne une femme qui gravite dans un milieu d'hommes dans le nouveau film de Tonie Marshall, "Numéro une". Elle était l'invitée d'Europe 1.
INTERVIEW

D'après les clichés qui circulent, elle serait l'intello du cinéma, "alors que je n'ai même pas mon bac", glisse Emmanuelle Devos. Un point commun qu'elle partage avec la réalisatrice Tonie Marshall pour qui elle vient de tourner Numéro une, en salles le 11 octobre. L'actrice était l'invitée d'Un dimanche de cinéma pour présenter ce film où elle interprète une femme mise en première ligne pour se hisser à la tête d'une entreprise du Cac 40, une sphère gouvernée par des hommes.

Une femme avec des failles. Militant ? Non. Mais féministe, oui, le film l'est assurément pour l'actrice. "C'est un film même pédagogique parce que c'est un milieu que l'on ne connaît pas. On traite souvent de la finance ou de la politique mais pas des grands groupes en France." Le film ne se positionne pas comme une guerre hommes-femmes mais explore selon elle encore quelques tabous avec l'idée de faire "crever ce plafond de verre un jour ou l'autre". La femme qu'elle joue n'est pas présentée comme ivre de pouvoir mais avec des failles pour éviter le cliché de cinéma de 'working girl' en talons aiguilles et bouche rouge. "C'était bien de la ramollir un peu, que ce ne soit pas une tueuse qui va de toute façon y arriver. On peut s'inquiéter pour elle. C'est un personnage très humain."

"A Hollywood en 1940, il fallait sûrement coucher". Ce milieu n'est pas transposable à celui du cinéma, d'après la comédienne. "A Hollywood en 1940, ça ne devait pas être drôle pour les femmes. Il fallait sûrement coucher pour y arriver. Dans le cinéma français, moi, je n'ai jamais été en butte avec de la misogynie agressive et je n'ai pas tellement entendu mes amies actrices avoir certains soucis. Dans le cinéma français, je pense qu'on est quand même assez épargnées."

Pourtant, des voix s'étaient notamment élevées à Cannes, face au manque de sélection de réalisatrices. Un aspect que n'a pas connu Emmanuelle Devos à titre personnel. "Moi, j'ai commencé avec des réalisatrices, Noémie Lvovsky, Anne Le Ny, Sophie Fillières. Je ne sais pas s'il y a l'exacte parité mais on s'en fout un peu. C'est une industrie. Si on tombe sur une réalisatrice qui fait des succès, elle aura aucun mal à monter ses films". 

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