Didier Van Cauwelaert : "J'avais envie de faire quelque chose de formidable qui donne envie à mon père de vivre"

Au micro d'Isabelle Morizet, sur Europe 1, l'auteur et réalisateur Didier Van Cauwelaert, a raconté ses débuts d'écrivain.
Au micro d'Isabelle Morizet, sur Europe 1, l'auteur et réalisateur Didier Van Cauwelaert, a raconté ses débuts d'écrivain. © Europe 1
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Clémence Olivier
Au micro d'Isabelle Morizet, sur Europe 1, Didier Van Cauwelaert, prix Goncourt et réalisateur de la comédie "J'ai perdu Albert", en salles le 12 septembre, revient sur sa vocation d'écrivain.
INTERVIEW

L'écriture pour transcender la mort. Au micro d'Isabelle Morizet, sur Europe 1, l'auteur et réalisateur Didier Van Cauwelaert, dont le dernier film, J'ai perdu Albert, sort en salles le 12 septembre, a raconté comment il était devenu romancier dès l'âge de huit ans pour "sauver son père", souffrant de la hanche.

"La mort était déjà très présente parce que mon père était quasiment invalide à l'époque et je l'avais entendu dire à ma mère qu'il se tirerait une balle dans la tête le jour où il finirait en fauteuil roulant", confie le romancier. "J'avais envie de faire quelque chose de formidable, qui lui donne envie de vivre même s'il était en fauteuil roulant. J'ai donc décidé d'être le plus jeune écrivain publié au monde. A 9 ans, j'ai envoyé mes manuscrits chez les éditeurs".

"Il m'a sauvé". Dans sa démarche, le jeune Didier Van Cauwelaert est aidé notamment par son instituteur. "A l'époque, je faisais des rédactions de 20 pages mais je ne faisais pas mes problèmes de maths. Les robinets qui fuient et les œufs qui se cassent au marché, je trouvais ça débile comme histoires", étaye-t-il. "Je rendais donc toujours copie blanche et mes parents, inquiets, voulaient que je prenne des cours de rattrapage. Mais l'instituteur leur a dit de me laisser tranquille, de me laisser écrire. Il leur a expliqué qu'en 6e? j'allais devoir tout oublier pour apprendre les maths modernes. Et que je gagnerai du temps à ne pas avoir à le faire. Il m'a sauvé", pointe-t-il dans Il n'y a pas qu'une vie dans la vie. 

"La claque positive" de Sartre. Un autre homme a marqué la vie du jeune écrivain. Et non des moindres : Jean-Paul Sartre. L'auteur a autorisé Didier Van Cauwelaert à mettre en scène à l'âge de 17 ans sa pièce Huis Clos au théâtre de Nice, d'où il est originaire. "J'avais monté la pièce dans le cadre du lycée et à l'époque, le directeur du théâtre m'avait donné la possibilité de jouer dans ce théâtre un jour de relâche. Mais la société des auteurs, voyant la programmation dans le journal, m'a envoyé une lettre en me disant qu'il fallait demander les droits pour jouer. Mon père m'a alors conseillé d'écrire à l'auteur. J'ai fais une lettre de mea culpa toute simple et quatre jours après un télégramme est arrivé, disant 'Autorisation jouer Huis clos, signé Jean-Paul Sartre',", se rappelle l'écrivain. "Cette rapidité de réaction a été un grand cadeau, comme une claque positive, une claque dans l'épaule pour me dire 'allez, va-y'", se souvient l'auteur.

"Oui, tout est possible". Après la représentation de la pièce, mise en scène comme une comédie d'une férocité terrible, Jean-Paul Sartre offre au jeune metteur en scène un deuxième cadeau : sa reconnaissance. "Il m'a dit que des amis à lui avaient vu la représentation de Huis clos et que le public avait ri. Il poursuivait ainsi : 'Quand j'ai écris cette pièce, j'ai pensé avoir fait une comédie mais tout le monde m'en a dissuadé. Merci, trente ans plus tard, de m'avoir redonné raison'", se souvient Didier Van Cauwelaert. "C'est une claque terrible. Elle vous propulse et vous dit que oui, tout est possible."