"Les Proies" : que vaut le nouveau film de Sofia Coppola ?

Nicole Kidman interprète Miss Martha, la directrice du pensionnat.
Nicole Kidman interprète Miss Martha, la directrice du pensionnat. © Les Proies - Universal Pictures
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G.P.
Quatre ans après "The Bling Ring", la réalisatrice Sofia Coppola est de retour en salles avec "Les Proies", adaptation du roman éponyme sorti en 1966.

Sofia Coppola a délaissé les côtes californiennes. Après Somewhere et The Bling Ring, la cinéaste américaine effectue son retour avec un film en costumes, adaptation d'un roman de 1966, Les Proies. L'ouvrage avait déjà connu une vie à l'écran devant la caméra de Don Siegel et avec Clint Eastwood dans le rôle principal, en 1971. Ici, changement d'ambiance. La réalisatrice décide de s'attarder essentiellement sur les tourments de ses personnages féminins, campées notamment par Nicole Kidman, Elle Fanning et Kirsten Dunst.

A l'inverse de Don Siegel. 1864, en pleine guerre de Sécession aux États-Unis, une jeune fille croise la route d'un soldat ennemi blessé. Elle le ramène dans le pensionnat où elle séjourne avec six autres femmes, afin de le soigner. Le début d'une étrange cohabitation où vont se mêler terreur, amour et charme.

Si les films de Sofia Coppola et de Don Siegel partagent la même intrigue, le traitement de la cinéaste américaine est bien différent. Le film de 1971 tournait en effet essentiellement autour du personnage du soldat blessé. A l'époque, certaines scènes avaient provoqué des remous, comme celle de la tentative de viol sur la servante, ou encore celle du baiser avec une jeune fille mineure.

Les Proies version 2016 s'éloigne considérablement de ce cadre pour offrir une intrigue plus lisse où la part belle est offerte aux personnages féminins. Le soldat - Colin Farrell - est davantage un élément déclencheur, comme une surface sur laquelle les désirs et les envies des jeunes femmes vont se projeter et parfois, se heurter. Un revirement intéressant puisqu'il permet notamment un regard neuf sur l’œuvre.

Mouvements contraires. Pour autant, si Sofia Coppola offre une belle fenêtre d'exposition à ses personnages féminins, leur catégorisation un peu trop simpliste pénalise l'ensemble. Alors que l'une symbolise rapidement l'amoureuse romantique, une autre se glisse très vite dans la peau de la jeune peste. Des trajectoires vites tracées, dont elles ne bougeront pas, et qui rendent trop lisible le jeu de malaise en cours à l'intérieur du pensionnat et surtout, la poursuite des événements.

Un mauvais effet d'autant plus marqué que Sofia Coppola joue, dans le même temps, la carte de l'implicite et de la suggestion, afin de cultiver le mystère et de chercher, par moment, des effets de surprises. Les Proies se construit donc ainsi malheureusement sur deux rythmes différents, qui sabotent un peu ce huis clos aux allures de thriller.