L'écriture comme thérapie, le roman comme écran. Venu présenter son dernier livre dans La Vie devant soi, mercredi, Daniel Prévost a évoqué le processus qui l'a poussé à écrire après la perte de son épouse, Jette, en 2007. "Je devais me délivrer de tout ça. Mais on ne peut pas se défaire d'un deuil", explique-t-il à propos du roman Tu ne sauras jamais combien je t'aime (éd. du Cherche-Midi).
Une frontière mince entre fiction et réalité. Mais Daniel Prévost assume d'avoir choisi la fiction et non l'autobiographie : Jette a laissé la place à Kirsten dans son livre. "Revenons toujours au roman. J'essaye de faire du fond, je pars de cet événement dramatique et je m'évade. Mon imagination déborde et j'invente plein de choses", détaille-t-il. La frontière, malgré tout, reste mince entre la fiction et la vie de l'ancien reporter facétieux du Petit rapporteur. "J'ai tenté, dans ce livre, de rester sincère au maximum. J'ai le droit de m'évader, mais l'imagination vient de vous."
"Une autre personne" pour "un autre chemin". "L'après" demeure une question centrale du livre, avec le besoin de lutter pour préserver l'espoir d'une vie sans l'être cher. "C'est un champ de ruines, il n'y a plus rien. Rien ne dure. (…) Il faut que je me reconstruise, mais il faut un permis de reconstruire." Qui le lui a donné ? "Je l'ai arraché moi-même", dit-il aujourd'hui, onze ans après la mort de Jette. "Mais si on a le bonheur de rencontrer une autre personne qui nous accompagne sur un autre chemin, c'est aussi bien." Ainsi arrive Muriel dans le livre. La vie continue, mais "je me sens coupable de tout", confie aujourd'hui Daniel Prévost, 78 ans.