Daniel Picouly : "J'ai décidé de montrer qu'on pouvait faire des fautes d'orthographe et ne pas être bête"

  • Copié
Guillaume Perrodeau
Chez Anne Roumanoff, l'écrivain évoque ses années de primaire, quand il était mauvais en orthographe. Ce qui ne l'a pas empêché d'être, quelques années plus tard, un romancier reconnu.

De retour trois ans après son dernier livre, Daniel Picouly s'invite dans cette rentrée littéraire 2018 avec Quatre-vingt-dix secondes. Un roman sélectionné dans la première liste pour le prestigieux prix Goncourt. Chez Anne Roumanoff lundi, le romancier revient sur ses années en école primaire, lorsque l'orthographe n'était pas son fort.

La faute d’orthographe comme langue maternelle. Selon l'écrivain, la scène se présente parfois lors des salons littéraires. Des parents, avec leurs enfants, se rendent au stand de Daniel Picouly pour l'exemple. "Ils viennent voir et expliquent : 'tu vois le monsieur, il faisait plein de fautes d’orthographe comme toi, et maintenant, il est sur la première liste du Goncourt", raconte l'écrivain, qui n'a jamais caché sa faiblesse en orthographe lors de ses jeunes années. Daniel Picouly en a même fait un spectacle et un livre : La faute d’orthographe est ma langue maternelle.

 

>> De 11h à 12h30, c’est tous les jours Anne Roumanoff sur Europe 1 ! Retrouvez le replay de l’émission ici

"Ma mère était dysorthographique". Il faut dire que cette période l'a profondément marqué. "J'avais un instituteur qui était un Dieu pour moi, car il arrivait à me dire que ce n'était pas grave. (...) Un jour, un remplaçant est venu, j'avais fait une vingtaine de fautes dans une dictée. Il m'a mis sur le bureau, le cahier de dictée autour du cou : il a essayé de m'humilier", se souvient Daniel Picouly. L'instituteur a alors eu cette phrase à l'égard du romancier. "Il m'a dit qu'il fallait être bête à manger du foin pour faire autant de fautes d'orthographe", se remémore le romancier.

"Ce qu'il ne savait pas, c'est que ma mère était dysorthographique. (...) Il était en train de dire que ma mère était bête. Imaginez-vous dire ça à un enfant de 10 ans", s'indigne Daniel Picouly. "Alors j'ai décidé de défendre ma mère, de montrer qu'on pouvait faire des fautes d'orthographe et ne pas être bête. (...) J'ai défendu la langue maternelle de ma mère en faisant des fautes", fait savoir l'écrivain.