Cinéma : "Rodin", "The Jane Doe identity", "L'Amant double", trois films à l’épreuve des critiques

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A.D
Chaque dimanche, Mathieu Charrier et Bruno Cras critiquent des films récents, accompagnés de confrères journalistes. Verdict ! 

Quel(s) film(s) aller voir cette semaine ? Les deux spécialistes cinéma d'Europe 1, Mathieu Charrier et Bruno Cras, accompagnés cette semaine de Stéphanie Belpeche du Journal du dimanche et de Baptiste Liger de LireL’Express et Technikart , livrent leurs impressions sur trois sorties cinéma, dans l'émission Un dimanche de cinéma. Sur le gril : Rodin de Jacques Doillon, The Jane Doe identity d'André Øvredal et L'Amant double de François Ozon.

  • Rodinde Jacques Doillon, en salles depuis le 24 mai

Le pitch : "C'est l'histoire du sculpteur, notamment au moment où il doit sculpter la porte de l'enfer et la statue-monument à Balzac. On le suit au fil des années, dans son travail et ses rencontres avec les femmes, dont bien sûr Camille Claudel."

>> L'avis de Stéphanie Belpeche : "Le film a été étrillé à Cannes par nos confrères de la presse internationale. Je ne suis pas aussi sévère. C'est un biopic assez classique, bien interprété par Vincent Lindon. Je regrette les rôles féminins, notamment Izia Higelin : pour moi, personne au monde ne dépassera Isabelle Adjani dans le rôle de Camille Claudel. Je l'ai trouvé en-dessous de Vincent Lindon, ainsi que tous les rôles féminins qui gravitent autour de ce personnage, que ce soient les muses, les modèles. Les scènes où intervient la femme de Rodin sont très démonstratives, théâtrales, ampoulées. Autre souci : on n'entend pas bien les dialogues prononcés par Vincent Lindon."

>> L'avis de Mathieu Charrier : Vincent Lindon dit que c'est fait exprès, que Rodin parlait dans sa barbe. Lui voulait tellement reproduire Rodin, un personnage qu'il a habité, qu'il a surjoué ce côté. Au-delà, on a l'impression qu'il est mené par son zizi notre ami Rodin. A chaque fois qu'il y a une nouvelle muse... Au bout d'un moment, on a compris qu'il aimait les femmes mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus passionnant."

>> L'avis de Baptiste Liger : "Le film a été le bouc émissaire de la critique. Le film s'est fait taxer d'académique. Non, il entre dans la filmographie de Jacques Doillon, il y a de très belles choses. Mais je dois avouer que l’ensemble est par moment d'un ennui assez redoutable. J'ai regardé ma montre et j'ai pensé pendant tout le film à Maurice Pialat et Van Gogh dans ce même type de démarche. Et si on se réfère à Pialat, c'est écrasant."

>> L'avis de Bruno Cras : "Il y a des scènes d'atelier magnifiques. Il a bien approché la façon dont Rodin met ses mains dans la glaise, la façon dont il sculpte à l'envolée. Il y a tout ce passage qui explique bien comment il a inventé la sculpture moderne. Tout le passage sur la statue de Balzac est extraordinaire."

VERDICT : Pourquoi pas, d'autant que c'est l’année Rodin (le centenaire de sa mort), mais le film est inégal.

 

Le pitch : "Chloé (jouée par Marine Vacht) a des maux de ventre, en fait liés à sa psychologie. Elle va aller voir un psy, Paul (joué par Jérémy Rénier). Le transfert va se faire dans les deux sens puisqu'ils vont tomber amoureux. Elle va s'installer avec lui mais elle va découvrir que Paul a un frère jumeau, Louis, un jumeau maléfique en quelque sorte. Lui aussi est psy et lui aussi va être son amant. Un jeu trouble se met en place."

>> L'avis de Stéphanie Belpeche : "J'ai beaucoup aimé ce film. J'ai retrouvé toutes les influences que j’adore : Paul Verhoeven , David Cronenberg, Hitchcock, Stanley Kubrick. On voit avec quelle jubilation François Ozon s'amuse à mettre en scène ce thriller érotique. Il joue vraiment sur la gémellité et  le double, jusqu'à composer des plans magnifiques sur la symétrie, les jeux de miroir. D'autant qu'elle est gardienne au Palais de Tokyo, lieu d'art contemporain, donc il joue avec les œuvres. En plus, c'est un vrai film de genre. Il y a du sexe, de l'érotisme, rien n'est dissimulé. Il faut saluer cette audace". 

>> L'avis de Baptiste Liger : "Il y a deux films en un : celui du cinéaste François Ozon et celui du scénariste François Ozon. La mise en scène est éblouissante, la plupart des plans sont bien composés, il y a un travail de montage intéressant, le film est très bien photographié. Il y a des idées formelles tout le temps. Après, le film n'est pas léger, les références psychanalytiques sont assez lourdaudes. Il y a le bon côté des films de Brian de Palma et aussi le mauvais."

>> L'avis de Mathieu Charrier : "Il y a un vrai jeu de pistes et une petite référence au début qui fait qu'on peut comprendre la fin si on la voit passer. Je pense qu'il faut le prendre au second degré ce film. François Ozon disait lui-même que c'est un film ludique. Il n'a pas été très bien accueilli à Cannes parce que les gens l'ont pris au premier degré. Mais on se laisse porter. Le dénouement est un peu lourdaud, je l'accorde, mais ça ne m'a pas gâché le film.

VERDICT : A voir, pour le mystère.

 

  • The Jane Doe Identity d'André Øvredal, en salles depuis le 31 mai (interdit aux moins de 12 ans)

Le pitch : "C'est un film d'horreur et un huis-clos. Dans une maison, on découvre le cadavre d'une jeune femme à la cave, totalement immaculé. Elle n'a aucune trace de blessure mais par contre, dans la maison, toute une famille a été massacrée. Elle est amenée au médecin légiste local qui va pratiquer l'autopsie avec son fils."

>> L'avis de Baptiste Liger : "C'est un film très modeste et très réussi, c'est l'exemple typique de la pure série B. Ça dure 1h26 et c'est un plaisir de voir ce genre de film. Un petit bémol quand le film entre dans le paranormal."

>> L'avis de Stéphanie Belpeche : "Il y a une vraie autopsie, mais c'est toujours très élégant et très malin dans tous les sens du terme. L'acteur Brian Cox est extraordinaire. C'est une jubilation de chaque instant."

VERDICT : Si vous êtes amateur du genre, à ne pas rater.