Cinéma : "Paris la blanche", "Pris de court" et "Ghost in the shell", trois films à l’épreuve des critiques

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A.D
Chaque dimanche, Mathieu Charrier et Bruno Cras critiquent des films récents, accompagnés de confrères journalistes. Verdict !

Quel(s) film(s) aller voir cette semaine ? Les deux spécialistes cinéma d'Europe 1, Mathieu Charrier et Bruno Cras, accompagnés cette semaine de Barbara Theate du Journal du dimanche et de Thierry Chèze de Studio Ciné Live, livrent leurs impressions sur trois sorties cinéma, dans l'émission Un dimanche de cinéma. Sur le gril : Paris la blanche de Lidia Terki, Pris de court d’Emmanuelle Cuau et Ghost in the shell de Rupert Sanders. 

  • Paris la blanche de Lidia Terki, en salles depuis le 29 mars. 

Le pitch : "C’est l’histoire d’une vieille femme algérienne qui 'monte' à Paris. Elle prend le bateau, le train, le métro. Elle va se retrouver complètement perdue, va tomber sur un groupe de jeunes gens qui vont l’aider. Elle veut trouver son mari qui a quitté le pays quarante-huit ans auparavant. Il lui envoie toujours de l’argent mais ne donne pratiquement plus de signes de vie. Finalement, après une enquête serrée, elle va le trouver dans un vieux bâtiment délabré. Repartira-t-il avec elle ?"

L’avis de Barbara Theate : "C’est un très joli film. Je trouve que c’est une belle façon de parler de l’immigration, de l’ancienne et de la nouvelle, à travers le portrait de cette femme perdue dans Paris. On découvre la ville avec elle, c’est très agréable. C’est très émouvant et la musique est belle."

L’avis de Thierry Chèze : "J’ai beaucoup aimé aussi. Sur ce sujet qui pourrait être extrêmement scolaire, on suit vraiment cette femme. Si j’avais un petit bémol, c’est que l’on passe un peu trop de temps avec les Français. Son errance dans Paris seule et sa quête me plaisent plus. Mais c’est un petit bémol par rapport à un film de haute tenue et qui raconte des choses essentielles sans donner l’impression de nous dire ce qu’il faut penser."

L’avis de Bruno Cras : "Cet épisode, justement (avec les Français), je l’aime bien parce qu’il montre la solidarité. Elle va être aidée par ces jeunes, qui galèrent aussi à leur manière. Et c’est très beau de penser que cet homme parti plus de 40 ans auparavant culpabilise, a honte. Quand on le voit ce long-métrage, on se dit que c’est un petit film et trois semaines après, il reste dans la mémoire."

L’avis de Mathieu Charrier : "Je suis d’accord avec ce que vous avez dit. Il faut préciser que c’est un film lent, plutôt pour cinéphiles."

VERDICT : A voir… pour les cinéphiles donc.

 

  • Pris de court d’Emmanuelle Cuau, en salles depuis le 29 mars. 

Le pitch : "Nathalie, jouée par Virginie Efira, débarque du Canada. Elle vient vivre à Paris, seule avec ses deux enfants. Elle a trouvé un travail dans une bijouterie mais au moment de commencer, on lui dit qu’il n’y a plus de poste. Elle va aller de petit boulot en petit boulot, mentir à ses enfants pour éviter de les plomber. Mais l’un d’eux va être embarqué dans une histoire pas très claire et elle va alors se retrouver dans un contexte d’affaire policière sur fond de cambriolage de bijouterie. C’est entre polar et film familial."

L’avis de Barbara Theate : "Je n’ai pas accroché. Virginie Efira est très bien. Heureusement qu’elle est là mais l’errance du gamin est beaucoup trop longue et le film commence quand elle reprend les choses en main. Son fils aîné ne joue pas très bien. Je ne suis pas rentrée dans le film. Et la fin m’a laissée... sur ma faim."

L’avis de Thierry Chèze : "Emmanuelle Cuau est une réalisatrice rare. C’est son troisième film seulement depuis Circuit Carole en 1995. J’attendais ce film avec impatience. J’aime bien le début parce qu’on va vite dans le feu de l’action. Le problème, c’est que lorsque l’action est installée, ça n’avance plus vraiment et on en reste là. Les enjeux sont un peu diffus." 

L’avis de Bruno Cras : "Chaque film doit avoir un enjeu et là, on se demande de quoi parle ce film. Même ce petit polar doit dire quelque chose ! On s’embarque dans cette histoire un peu tordue au début et le film finit en queue de poisson ! Soit c’est un polar et alors il faudrait qu’il soit plus musclé, soit c’est un film familial, et il faudrait que ce soit plus émouvant."

L’avis de Mathieu Charrier : "Je ne suis pas d’accord. C’est un vrai polar et ça nous raconte comment une mère seule avec ses deux enfants tente de se débattre. Il y a une vraie tension. C'est Virginie Efira dans une jungle urbaine. La fin est un peu ratée, je suis d’accord, mais pendant le film, j'étais tenu en haleine."

VERDICT : Dispensable.

 

  • Ghost in the shell de Rupert Sanders, en salles depuis le 29 mars.

Le pitch : "C’est l’adaptation d’un manga culte de Mamoru Oshii (animation qui ressort d’ailleurs en blue-ray, ndlr). C’est l’histoire d’un Major (joué par Scarlett Johansson) qui est sauvé d’un accident et à qui on greffe un corps qui n’est pas le sien. Elle garde son esprit mais a un corps totalement nouveau, aux capacités cybernétiques. Elle peut par exemple tuer les gens quasiment sans les toucher. Par ailleurs, une menace pèse sur la ville et elle va devoir se battre pour anéantir cette menace. Elle va se rendre compte au fur et à mesure qu’elle n’a pas vraiment été victime d’un accident et qu’on lui a volé son passé."

L’avis de Bruno Cras : "C’est une cyborg. Elle a un cerveau humain mais tout le corps peut se régénérer. Pour un film de science-fiction dit 'de jeunes', j’ai trouvé que c’était super bien fait, notamment les décors urbains et friches industrielles. Maintenant, le thème de l’identité, la psychologie qu’on met là-dedans, c’est un peu bas du front."

L’avis de Barbara Theate : "J’avais vu le manga, qui était magnifique, quand j’étais jeune. Je me dis donc à quoi bon ? J’ai trouvé que c’était un jeu vidéo. Certes, l’environnement urbain est assez joli. Autant le manga d’origine était prise de tête, autant là, on n’a pas mal à la tête en sortant. Et Scarlett Johansson – qui a une silhouette sublime – a deux expressions."

L’avis de Thierry Chèze : "J’ai détesté ce film. C’est épouvantable mais j’ai beaucoup ri. Les dialogues, c’est du Jean-Claude Van Damme. Scarlett Johansson, je l’ai aimée dans Her où l’on entendait uniquement sa voix, parce que c’est quelqu’un qui, pour moi, joue avec un miroir en face d’elle. Elle ne joue jamais avec ses partenaires. Elle se regarde, elle se recoiffe quasiment. C’est une cyborg depuis le début donc elle est parfaitement employée."

L’avis de Mathieu Charrier : "Ils ont voulu en faire un film grand public, ça fonctionne."

VERDICT : Est-ce bien nécessaire ? A choisir, optez pour le premier manga.