Cinéma : "Ouvert la nuit", "The last face" et "The fits", trois films à l'épreuve des critiques

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A.D , modifié à
Chaque dimanche, Mathieu Charrier et Bruno Cras critiquent des films récents, accompagnés de confrères journalistes. Verdict ! 

Quel(s) film(s) aller voir ? Les deux spécialistes cinéma d'Europe 1, Mathieu Charrier et Bruno Cras, accompagnés cette semaine de Barbara Theate du Journal du dimanche et de Renaud Baronian du Parisien, livrent leurs impressions sur trois sorties cinéma, dans l'émission Un dimanche de cinéma. Sur le gril : Ouvert la nuit d'Edouard Baer, The Fits d'Anna Rose Holmer, et The last face de Sean Penn.

 

  • Ouvert la nuit, d'Edouard Baer, en salles depuis le 11 janvier

Le pitch : "C'est l'histoire de Luigi (joué par Edouard Baer), un directeur de théâtre qui va monter un spectacle. Toute la nuit, il va errer dans Paris parce qu'il lui manque de l'argent. Il fait des chèques en bois, les gens ne peuvent pas vraiment compter sur lui. Il y a un côté irresponsable et un peu pitoyable chez le personnage et pourtant...lorsque le rideau s'ouvrira, le spectacle marchera."

>> L'avis de Bruno Cras : "Le thème, c'est celui de l'artiste qui trace sa route. J'ai des réserves parce que je vois ce qu'il a voulu faire, j'ai vu des films italiens comme ça, sur cette errance, la dolce vita, mais ce n'est pas tenu. il y a des petites touches très jolies, des fulgurances, de très bons acteurs (Grégory Gadebois, Audrey Tautou, Sabrina Ouazani) mais il faut écrire ! Ce n'est pas du cinéma mais un moment de télé."

>> L'avis de Barbara Theate : "Je suis d'accord, même si c'est un peu plus écrit que les précédents (films du réalisateur). Le problème d'Edouard Baer est qu'il ne comprend pas que le temps du théâtre n'est pas celui du cinéma. Le happening qu'on voit sur scène, et aussi dans la nuit, à un moment, il faut qu'il s'arrête. C'est trop long. Par contre, les coulisses du théâtre avec le metteur en scène japonais qui veut absolument son gorille, c'est très drôle... mais il faut savoir être court. A noter que l'on a la dernière apparition de Michel Galabru (décédé en janvier 2016, ndlr) et qu'il est très émouvant."

>> L'avis de Renaud Baronian : "Ce n'est pas très bien écrit, ce n'est pas parfait mais il y a le charme d'Edouard. C'est un film qui est entièrement attaché à lui. Et il est attachant, il nous emmène tellement loin."

>> L'avis de Mathieu Charrier : "Il faut aller le voir si on aime Edouard Baer. C'est Edouard Baer qui raconte Edouard Baer. Mais il joue aussi de cette image-là parce que son propre personnage est complètement auto-centré et très caricatural et lui même se met en scène comme étant auto-centré. C'est quelqu'un qui assume ce qu'il est. C'est un film drôle, amusant. On passe de troquets en bars branchés."

VERDICT : mitigé.

 

  • The Fits d'Anna Rose Holmer, en salles depuis le 11 janvier (récompensé au festival de Sundance)

Le pitch : "C'est un film d'1h10. Il conte l'histoire d'une petite fille de 11 ans qui s'entraîne à la boxe dans la salle de son frère. Elle entend qu'à l'étage du dessus, des jeunes filles font du hip-hop, plus exactement du drill, un hip-hop saccadé. Petit à petit, elle va se mettre à danser, essayer de rentrer dans cette troupe. La réalisatrice explique qu'elle a surtout voulu montrer la transformation intérieure d'une petite fille."

>> L'avis de Barbara Theate : "Ça reste très très très intérieur. C'est très conceptuel, je me suis ennuyée. J'attendais qu'il se passe quelque chose. L'histoire de cette jeune fille qui passe à la maturité, d'accord, mais les phénomènes d'hystérie collective, je n'ai pas compris quel était le rapport."

>> L'avis de Bruno Cras : "A la fin - sans spoiler, il n'y a pas de suspense - elle décolle du sol et elle vole. Est-ce que c'est une métaphore et une réflexion sur la puberté ? C'est tellement conceptuel, je me suis accroché, j'ai regardé le film dans tous les sens, j'ai essayé de comprendre quelque chose... Dans la salle, il y avait des gens pour le film, d'autres qui n'avaient rien compris, comme moi. C'est un film compliqué. Les spectateurs payent 12 euros pour aller voir un film qui raconte quelque chose, qui ait de l'humanité. Là..."

>> L'avis de Renaud Baronian : "Il y a plein de choses dans ce film que la réalisatrice doit expliquer. Le problème est que le spectateur n'a pas la réalisatrice en face et il y a plein de choses qu'il ne comprend pas. Cela dit, l'actrice, Royalty Hightower, est étonnante. Elle tient le film."

VERDICT : un concept.

 

  • The last face de Sean Penn, en salles depuis le 11 janvier

Le pitch : "Un médecin humanitaire (Javier Bardem) tombe amoureux d'une directrice d'ONG (Charlize Theron). L'histoire se passe en Afrique, en guerre. Le chaos de la guerre va-t-il faire exploser leur histoire d'amour ?"

>> L'avis de Bruno Cras : "Si, au début, les images sont très belles - Sean Penn sait faire - le pitch du film est à l'eau de rose, une histoire Arlequin et on se demande ce qui est arrivé à Sean Penn qui est un excellent metteur en scène au regard de The Pledge ou Into the wild. Sean peine à nous convaincre. A noter que l'on voit Jean Reno à l'écran."

>> L'avis de Mathieu Charrier : "La question du pitch est même écrite sur l'écran !"

>> L'avis de Barbara Theate : "Le pitch est même indécent. Je crois qu'en fait, il était tellement amoureux de Charlize Theron à l'époque qu'il a été totalement aveuglé par son histoire d'amour."

>> L'avis de Renaud Baronian : "C'est nauséabond. Ça sent le scénario bricolé sur les hauteurs de Hollywood dans une villa cossue de Beverly Hills. Ça sent la bonne conscience humanitaire, le film pour s'alléger l'esprit. C'est atroce. En plus, les acteurs ne jouent pas bien parce qu'ils sont subjugués par les prétentions immenses de leur réalisateur."

VERDICT : Comme à Cannes, il n'y aura donc personne pour sauver le film.