Cinéma : "Les beaux jours d’Aranjuez", "Le client" et "Maman a tort", trois films à l'épreuve des critiques

  • Copié
A.D
L'AVIS DE - Chaque dimanche, Mathieu Charrier et Bruno Cras critiquent trois films récents ou qui vont sortir sur les écrans, accompagnés de confrères journalistes. Verdict ! 

Les deux spécialistes cinéma d'Europe 1, Mathieu Charrier et Bruno Cras, accompagnés cette semaine de Barbara Theate du Journal du dimanche et de Gaël Golhen de Premiere.fr, livrent leurs impressions sur trois sorties cinéma dans l'émission Un dimanche de cinéma. Sur le grill : Les beaux jours d’Aranjuez de Wim Wenders, Le client d'Asghar Farhadi et Maman à tort de Marc Fitoussi.

  • Les beaux jours d’Aranjuez de Wim Wenders, en salles depuis le 9 novembre.

Le pitch : "Nous sommes dans un beau jardin. Un monsieur tape un texte à la machine et un homme et une femme, assis sur des chaises de jardin, discutent d'extase, d'amour, de sexe, de philosophie..."

>> L'avis de Bruno Cras : "Je n'ai pas compris grand-chose. Tout ça est filmé en 3D, c'est un peu étrange parce qu'il y a juste quelques arbres, des oiseaux. Il n'y a pas vraiment de profondeur, pas d'action et ça dure deux heures. En fait, c'est une pièce de Peter Handke qui est filmée et ça n'a aucun intérêt alors que Wim Wenders est un grand metteur en scène."

>> L'avis de Barbara Theate : "C'est 'les beaux jours d’Aranjuez' mais c'est les très mauvais jours du spectateur. C'est d'un ennui terrible. On ne comprend rien, on s'en fiche. Nick Cave fait un passage juste pour jouer du piano et il s'en va comme il est venu. C'est le seul qui joue bien. Les acteurs ont l'air de s'ennuyer aussi."

>> L'avis de Mathieu Charrier : "Est-ce que ce n'est pas conceptuel, finalement, parce que c'est en 3D alors qu'on filme une terrasse en plan quasiment fixe avec deux personnes (et un chien). C'est ennuyeux, c'est le moins qu'on puisse dire. C'est le genre de film où on cherche un sens."

>> L'avis de Gaël Golhen : "Je pense que Wim Wenders est un extraordinaire metteur en scène, qui aujourd'hui fait des documentaires fantastiques. Il avait fait Pina, une merveille à la fois visuelle et technologique, et Le sel de la terre sur le photographe Sebastião Salgado. Il se trouve que depuis quelques années, ses fictions sont un peu moins prenantes, moins réussies."

VERDICT : Déconseillé !

 

  • Le clientd'Asghar Farhadi, en salles depuis le 9 novembre (prix du scénario et prix d'interprétation féminine pour Shahab Hosseini à Cannes).

Le pitch : "Un couple déménage parce que l'immeuble dans lequel ils vivent se fissure. Ils arrivent dans un bel appartement mais ils apprennent qu'une fille recevait des clients dans cet appartement. Un jour, la femme du couple est agressée sous la douche. Quand le mari revient, elle est par terre. Il se demande qui a fait ça. Elle est assez étrange car elle ne veut pas se venger, ne veut rien dire, on ne sait pas si elle a été violée. Le mari va vouloir trouver le coupable.

>> L'avis de Barbara Theate : "J'ai beaucoup aimé. Dans son analyse de la société iranienne, de ce jeu des apparences où on ne peut pas dire ce que l'on veut, vivre comme on veut, être ce qu'on veut, Asghar Farhadi est très subtil, délicat. Il joue aussi beaucoup autour des paraboles : l'immeuble qui se fissure, c'est le couple qui se fissure. C'est très intellectuel, sans être ennuyeux. La société iranienne est attachante, déplaisante aussi parfois."

>> L'avis de Mathieu Charrier : "On voit toujours un peu la même chose chez Asghar Farhadi, des personnages très marqués, dans une société très particulière."

>> L'avis de Gaël Golhen : "On ne va pas se plaindre qu'un bon cinéaste fasse ce qu'il sait faire de mieux. Il ne fait pas toujours la même chose, le dernier, Le passé, se déroulait en France. Là il repart en Iran. Ce qui me fascine, c'est sa capacité à faire des films à la fois sur le 'pas grand-chose', les petits détails du quotidien, les non-dits et en même temps un film d'une tension et d'une densité incroyables. C'est un vrai thriller."

>> L'avis de Bruno Cras : "Cela ne m'a pas passionné. C'est une sous Séparation. C'est moins évident, moins clair, net, fort que La séparation."

VERDICT : A voir, malgré de petites réserves.

 

  • Maman a tort de Marc Fitoussi, en salles depuis le 9 novembre.

Le pitch : "Emilie Dequenne joue une maman qui va accueillir sa fille en stage de 3e dans la compagnie d'assurances où elle travaille. On va voir une petite fille qui découvre le monde de l'entreprise et qui découvre sa maman sous un jour qui ne lui plait pas beaucoup."

>> L'avis de Mathieu Charrier : "J'ai adoré. La première demi-heure, c'est un peu ennuyeux cette histoire de stage de 3e. A un moment, ça vrille sur le côté social. On se rend compte de comment les assurances vont briser des vies."

>> L'avis de Barbara Theate : "J'ai beaucoup aimé, pour les mêmes raisons. Raconter le monde du travail à travers les yeux d'une adolescente, c'est une très bonne idée, tout comme mélanger ce thème grave avec beaucoup d'humour. Elle est très drôle cette petite fille, tout comme les deux chefs de service qui s'occupent d'elle, dont une est incarnée par Camille Chamoux."

>> L'avis de Bruno Cras : " C'est un très joli film à deux thèmes : la dénonciation du monde de l'entreprise avec le compromis des adultes, et puis la déception des enfants face à leurs parents. Et c'est un thème tout à fait universel."

>> L'avis de Gaël Golhen : "Je préfère l'idée au film. C'est un thème qui n'est finalement pas très exploré par le cinéma, le rapport parents-enfants à travers le monde du travail. C'est une idée super, plutôt bien aboutie avec Emilie Dequenne, dont l'image de la mère va se fissurer progressivement. Maintenant, le film est un peu caricatural. Je ne marche pas du tout sur le côté comédie.

VERDICT : A voir, malgré de petites réserves.