Cinéma : Ce que vous devriez voir (ou pas)

© ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
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A.D , modifié à
Chaque dimanche, Mathieu Charrier et Bruno Cras critiquent trois films récents ou qui vont sortir sur les écrans, accompagnés de confrères journalistes. Verdict !

Les deux spécialistes cinéma d'Europe 1 Mathieu Charrier et Bruno Cras, accompagnés cette semaine de Caroline Viet de 20 minutes et de Stéphanie Belpêche du Journal du dimanche, livrent leurs impressions sur trois sorties cinéma dans l'émission Un dimanche de cinéma. Sur le gril, ce dimanche : Nocturama de Bertrand Bonello, Un petit boulot de Pascal Chaumeil et Rester vertical d'Alain Guiraudie.

  • Nocturama de Bertrand Bonello, en salles depuis le 31 août.

Le pitch : "Des adolescents font plusieurs attentats dans Paris et trouvent refuge dans un grand centre commercial. Seront-ils arrêtés par la police ?"

>> Pour Mathieu Charrier : "La moitié du film se joue dans le centre commercial. Il ne va pas se passer grand chose pendant de longues minutes. On va voir de très beaux vêtements et de très beaux meubles jusqu'à attendre de savoir s'ils vont se faire arrêter. On ne connaît pas très bien leur motivation, ils sont très jeunes et on ne sait pas pourquoi ils font ça."

>> Pour Caroline Viet, c'est tout l'inverse. "Cela s'appelait Paris est une fête avant, moi ça m'amuse beaucoup comme titre. C'est dommage qu'on l'ait changé". "Trop provocant", réplique Matthieu Charrier avant que sa consoeur reprenne : "J'ai adoré ça. Je ne suis pas d'accord pour dire qu'on s’ennuie. Il y a une beauté de mise en scène, c'est très ample et demande de l'attention."

>> Pour Bruno Cras : Tout le début du film où on les voit marcher dans la rue, poser un truc dans une bouche d'égout, on y comprend rien ! C'est totalement artificiel ! Les personnages n'ont pas d'épaisseur et la deuxième partie du film est un défilé de mode."

>> Pour Stéphanie Belpêche : "C'est totalement ce que j'ai aimé dans le film. Immédiatement, on est en apnée, il y a une atmosphère extrêmement anxiogène avec ces allers et venues. Ce qui est vraiment bien, c'est le parti pris de Bonnello, tout ce hors-champ : on ne connaît pas - vous l'avez dit - les motivations, le passé des personnages, même pas leurs noms, c'est là que ça devient terrifiant et puissant. On ne nomme pas la menace, ça n'est pas l'islamisme. Toutes les catégories sociales sont mélangées. C'est d'autant plus vertigineux."

  • Un petit boulot de Pascal Chaumeil, en salles depuis le 31 août.

 

Le pitch : "Romain Duris, Michel Blanc. C'est un polar social à l'humour un peu noir. Romain Duris est paumé, il a perdu sa femme, son emploi. Michel Blanc débarque et lui propose un petit boulot : tuer sa femme contre une belle somme d'argent. Romain Duris tombe dans l'engrenage des petits meurtres rémunérés."

>> Pour Stéphanie Belpêche : "C'est très plaisant, entre Ken Loach et les frères Coen. C'est l'esprit irrévérencieux, politiquement incorrect, l'humour noir, le manque de morale, ce personnage qu'on aime bien et qu'on excuse. Il fait le boulot, droit dans ses bottes, et il retrouve sa dignité."

>> Pour Mathieu Charrier : "Les rôles secondaires, Gustave Kervem et Alex Lutz, sont formidables."

>> Pour Bruno Cras : "Michel Blanc est remarquable. C'est un mafieux local, petit magouilleur qui pète les plombs."

>> Pour Caroline Viet : "D'ailleurs on ne le voit pas assez Michel Blanc ! Il a vrai talent d'écriture." (Il a coécrit le scénario, ndlr).

 

  • Rester vertical, d'Alain Guiraudie, en salles depuis le 24 août

Le pitch : "Un brave monsieur part à la campagne pour essayer de découvrir des choses sur le loup. Mais il va trouver beaucoup plus que ça, dont l'amour et la paternité."

>> Pour Stéphanie Belpêche : "J'ai aimé, mais Alain Guiraudie a tendance à diviser. J'aime sa singularité, son étrangeté. La structure narrative ne m'a pas dérangé."

>> Pour Bruno Cras : "Chaotique et sans scénario. Le personnage principal veut faire un documentaire sur les loups et tombe amoureux d'une bergère. Il filme une naissance comme un truc pas beau, avec une forme de misogynie... Tout le monde devient homosexuel. Alain Guiraudie, qui est un bon metteur en scène dans L'inconnu du lac, a désormais la cote auprès d'une certaine critique, il faudra trois ou quatre films ratés comme celui-là pour qu'il la perde."

>> Pour Caroline Viet : "Cela tourne beaucoup en rond. Des scènes m'ont touchées. Mais ça ne me suffit pas."