Cinéma : "1:54", "Grave" et "The lost city of Z", trois films à l'épreuve des critiques

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A.D
Chaque dimanche, Mathieu Charrier et Bruno Cras critiquent des films récents, accompagnés de confrères journalistes. Verdict ! 

Quel(s) film(s) aller voir cette semaine ? Les deux spécialistes cinéma d'Europe 1, Mathieu Charrier et Bruno Cras, accompagnés cette semaine de Barbara Theate du Journal du dimanche, et de Caroline Vié de 20 Minutes, livrent leurs impressions sur trois sorties cinéma, dans l'émission Un dimanche de cinéma. Sur le gril : The lost city of Z de James Gray, Grave de Julia Ducournau et 1:54 de Yan England.

 

  • The lost city of Z de James Gray, en salles depuis le 15 mars

Le pitch : "1906. Percival (Percy) Harrison Fawcet est un explorateur qui part en Amazonie. Il va tomber sur des restes de poterie et va penser qu'il y avait là une civilisation très avancée. De retour en Angleterre auprès de sa famille, il n'a pourtant de cesse de vouloir repartir en expédition. Il en fera trois et un jour, il disparaît. C'est tiré d'une histoire vraie."

>> L'avis de Caroline Vié : "C'est magnifique, une expérience immersive totale. On a vraiment l'impression d'être dans la jungle avec lui et ça ne rigole pas. Il y a les indigènes, les bestiaux. Et quand il n'est pas dans la jungle, il part pour la Première Guerre mondiale, il est dans les tranchées. Charly Hunnam, qui joue le premier rôle, est épatant. Il y a aussi Robert Pattinson, méconnaissable, qui fait son aide de camp. J'ai été emballée. Et il y a le rôle de sa femme (Sienne Miller) qui est épatant aussi. Elle ne rit pas tous les jours parce qu'elle ne voit pas beaucoup son époux. Percy aurait inspiré Hergé pour le personnage de Ridgewell que l'on voit dans L'oreille cassée."

>> L'avis de Barbara Theate : "Ça dure 2h20. On ne s’ennuie pas une seule seconde. Les plans sont magnifiques. Il n'y a pas du tout de pathos. On est complètement dans l'aventure, c'est aussi très humain. Ce n'est pas Les aventuriers de l'arche perdue, ce n'est pas l'Amazonie comme on a pu la voir filmée autre part. C'est aussi bien une recherche psychologique qu'une recherche exploratrice. Il y a aussi une vraie réflexion sur la passion : qu'est-ce qu'on doit sacrifier pour sa passion, pour aller au bout de son rêve ?"

>> L'avis de Brunos Cras : "Ce que je trouve remarquable, c'est que James Gray a toujours parlé de la famille à travers des films sur la mafia et qu'il réussit à travers cette quête extraordinaire à parler de la famille aussi. Il a cette obsession. Quand il est en famille, le héros pense à l'Amazonie et quand il est en Amazonie, il culpabilise de ne pas être avec sa famille."

>> L'avis de Mathieu Charrier : "J'ai beaucoup aimé, comme vous. J'ajoute une minuscule réserve : je trouve que le côté il part/il revient, au bout d'un moment, est un peu répétitif."

VERDICT : A ne pas rater.

 

  • Grave de Julia Ducournau, en salles depuis le 15 mars (interdit aux moins de 16 ans)

Le pitch : "Justine a 16 ans, vit dans une famille de végétariens où il est interdit de manger de la viande. Elle intègre l'école de vétérinaires où est déjà sa sœur, se fait bizuter de façon assez violente. Et on va l'obliger notamment à manger de la viande crue, ce qui va bouleverser son métabolisme... jusqu'à manger de l'humain."

>> L'avis de Mathieu Charrier : "Un film remarquable, certes un peu gore, ce n'est pas pour tous les publics, notamment une scène où elle mange un doigt. Le film est tenu, c'est un premier film. En sortant, je me suis demandé aussi s'il ne fallait pas que je devienne végétarien, donc je pense qu'elle a réussi son coup."

>> L'avis de Barbara Theate : "J'ai été un peu déçue. Je m'attendais à ce que ce soit plus gore, moi qui suis une petite nature au cinéma."

>> L'avis de Caroline Vié : "La thématique est pour adultes mais les images sont raisonnablement gores. C'est un film bouleversant. C'est un vrai portrait de femme, avec beaucoup d'humour. C'est en partie produit par Julie Gayet, c'est un film de femmes."

>> L'avis de Brunos Cras : "C'est très humain, il y a d'autres choses que cette histoire de dévoration. Mais c'est un film choc et dans le train-train d'un certain cinéma français, ça fait du bien de voir quelqu'un qui ose."

VERDICT : Nos experts sont mordus.

 

  • 1:54 de Yan England, en salles depuis le 15 mars

Le pitch : "Tim, jeune homme timide, homosexuel latent, se fait harceler au lycée, comme l'un de ses camarades qui finit par se tuer. Tim, naturellement doué en sport, va vouloir le venger en affrontant le "bourreau". Comme terrain d'affrontement, il choisit la course, le 800 mètres, où il faut faire un chrono d'1:54 pour se qualifier."

>> L'avis de Brunos Cras : "C'est un film tenu de A à Z, bouleversant, qui dit des choses extrêmement importantes. C'est un bijou. Et la fin est sans aucune concession."

>> L'avis de Barbara Theate : "Le réalisateur réussit un thriller, c'est-à-dire qu'on ne s’ennuie pas devant les problèmes d'adolescence, du joug des réseaux sociaux. Il réussit à tout mélanger. Et l'acteur, Antoine-Olivier Pilon, vu dans Mommy, est extraordinaire."

>> L'avis de Caroline Vié : "Je félicite aussi Sophie Nélisse, qui joue sa petite camarade qui l'aide en faisant semblant d'être sa copine pour faire cesser les quolibets homophobes. C'est un film qui nous met en position de victime. On voit ce que c'est d'être victime de harcèlement, on nous le fait ressentir dans notre chair. C'est un film important et réussi."

>> L’avis de Mathieu Charrier : "700.000 élèves sont victimes de harcèlement scolaire. Quand on prend ce film en connaissant ce chiffre, on le regarde avec un œil nouveau".