Christophe Barbier : "Les artistes avaient prévu Mai 68"

Christophe Barbier joue en alternance deux pièces au théâtre de Poche-Montparnasse. Dans l'une d'elles, Cabaret Mai 68, le journaliste propose un retour en chansons sur ce mois révolutionnaire.
Christophe Barbier joue en alternance deux pièces au théâtre de Poche-Montparnasse. Dans l'une d'elles, Cabaret Mai 68, le journaliste propose un retour en chansons sur ce mois révolutionnaire. © Capture d'écran Europe 1
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Pauline Darvey
Christophe Barbier joue en alternance deux pièces au théâtre de Poche-Montparnasse. Dans l'une d'elles, Cabaret Mai 68, le journaliste propose un retour en chansons sur ce mois révolutionnaire.
INTERVIEW

"Sans le théâtre, la politique ne serait rien. Et sans la politique, le théâtre ne serait pas grand-chose". Christophe Barbier, invité d’Isabelle Morizet dans Il n’y a pas qu’une vie dans le vie sur Europe 1, en est persuadé : la politique et le théâtre sont intrinsèquement liés.

Journaliste et comédien amateur. Et le conseiller éditorial de l’Express en sait quelque chose. Depuis toujours, il mène deux vies parallèles : celle de journaliste politique et celle d’homme de théâtre. "Il est évident que quand on voit Macron dans un meeting ou Mélenchon avec son hologramme, on a affaire à des hommes de spectacles", analyse-t-il. "Quant au théâtre, si vous enlevez la politique dans Shakespeare, il reste quoi ?", poursuit Christophe Barbier. "Peut-être, Roméo et Juliette et c’est tout". 

Lui a décidé de ne pas choisir. Avec son inamovible écharpe rouge, il alterne les scènes, celles des théâtres et celles des plateaux télé. "Je me suis dit qu’on pouvait être journaliste et comédien amateur mais que l’inverse était beaucoup plus difficile", glisse-t-il.

"Plongé au cœur des événements". Pourtant, avec le temps, le comédien amateur s’est petit à petit professionnalisé. "Plus j’ai de temps libre, plus je l’investis dans le théâtre", confirme Christophe Barbier. "Je travaille de plus en plus avec des professionnels, et c’est une merveille".

Dans son dernier spectacle, Cabaret Mai 68, l’éditorialiste a, encore une fois, trouvé le moyen de réunir ses deux passions. Une idée née dans la tête d'un autre journaliste et homme de théâtre : Philippe Tesson, le directeur du théâtre de Poche-Montparnasse. "L’idée de ce cabaret est venue de lui, l'âme de ce théâtre", rappelle Christophe Barbier. "Il avait 40 ans l’époque. Il était le directeur de la rédaction de Combat. Il s’est retrouvé plongé au cœur des événements".

"Eviter le pensum idéologique". "Philippe Tesson m’a dit : il faut faire un cabaret sur Mai 68 mais on ne le fera pas parce qu’il y a de matériau pour un cabaret", raconte Christophe Barbier. "Je lui ai 'dit chiche, on le fait'. On s’est disputés pendant trois mois et ça a donné le cabaret", continue-t-il.

Un cabaret qui revient sur "les événements" en chansons. Ce qui, selon le journaliste, permet d’éviter "le pensum" idéologique. "Dès qu’on se met à chanter, tout va mieux", assure-t-il. "L’esprit festif l’emporte et les poncifs, les pontifiantes ou les intellos disparaissent".

"Une société heureuse". "Il y a pas eu un répertoire créé par cette mini révolution, il y a eu un répertoire autour", explique-t-il. Parmi les principaux titres, Il est 5h paris s’éveille de Jacques Dutronc, Comment te dire adieu de Françoise Hardy, Les Loups sont entrés dans Paris de Serge Reggiani... "On sent que c'est en train de phosphorer", reprend Christophe Barbier. "On ne comprend pas et quand on se retourne cinquante ans après, on se dit 'mais c’est bien sûr, les artistes avaient prévu Mai 68 !'"

Pourtant lorsque Mai 68 arrive, la société française est plutôt une société heureuse, estime Christophe Barbier : "On est ds les Trente Glorieuses. Il y a à la fois le sentiment que la prospérité est là, qu’on peut se partager le gâteau et qu’en plus on s’ennuie un peu ds la prospérité". "Les révolutions arrivent soit quand les gens sont désespérés soit quand ils sont heureux, ils ont envie de tout faire sauter parce que le bonheur,  c’est étouffant".

"Un cabaret joyeux". Et la révolution, une manière de faire la fête. "Le spectacle se situe dans cet éternel français qui s’appelle la fête politique", insiste Christophe Barbier. "La révolution, c’est d’abord une fête populaire". Conclusion ? "Ce cabaret doit être drôle et joyeux, sinon il sonne faux".

Cabaret Mai 68, jusqu'au 11 juillet, les mardis et mercredis, au théâtre de Poche-Montparnasse