"Cafard" et "Ecoute la ville tomber" : les coups de cœur des libraires

© DAMIEN MEYER / AFP
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A.D
Chaque week-end sur Europe 1, dans "La voix est livre", avec Nicolas Carreau, deux libraires partagent leurs coups de cœur.

Chaque semaine, des libraires extraient des pépites de leurs rayonnages. Ce samedi, Jérémie Banel, de la librairie "Fontaine", à Paris, et Anaïs Balin, de la librairie "L'Ecriture", à Vaucresson, nous dévoilent leurs choix dans La voix est livre, sur Europe 1.

 

Cafard de Halfdan Pisket, aux éditions Presque lune

"J'ai joué à Tintin Reporter pendant le festival de BD d’Angoulême et j'ai trouvé deux pépites dont je voudrais vous parler. En fait, ce sont deux livres d'un triptyque, dont le deuxième tome vient de paraître. Le premier tome s'appelait Déserteur, et était paru l'année dernière, et le tome qui vient de paraître cette année s'appelle Cafard. La couverture fait un peu peur mais c'est une histoire qui mérite vraiment le détour. Dans ce récit, l'auteur raconte l'histoire de son père. Le début de l'histoire, le premier tome, se passe en Turquie dans les années 70, sur fond d'événements politiques. Son père doit quitter la Turquie et va s'installer au Danemark. Le deuxième tome raconte la difficulté de son intégration dans une société assez différente, les petites ou grosses magouilles auxquelles il doit participer pour survivre, le choc culturel assez fort, l'accueil qui n'est pas toujours idéal, etc. S'y ajoute le passé de son père parce qu'il a vécu des choses très dures en Turquie.

C'est un très beau livre, une vraie belle surprise. Le dessin, comme la couverture, est dur mais très beau, comme au rasoir, acéré, original. Ça donne une ampleur à cette histoire assez forte. C'est très dense, d'environ 200 pages, comme le premier volume. J'attends avec impatience le tome 3. Qui plus est, écrire ce livre a aidé l'auteur à renouer un lien avec son père et cette histoire familiale. Le tout mêlé, c'est une belle découverte. Ça chamboule, c'est une BD marquante." (Jérémie Banel).

cafard

Image : capture d'écran presquelune.com

 

Ecoute la ville tomber de Kate Tempest, aux éditions Rivages

"Moi, je vais parler d'un roman, un livre qui a été très remarqué dans la rentrée de janvier. Pour moi, c'est ni plus ni moins que la naissance d'une auteure. Quoique Kate Tempest est déjà reconnue et plébiscitée Outre-Manche pour sa poésie et sa musique - c'est une rappeuse -, mais aussi pour son premier roman paru là-bas et même pour du théâtre. C'est l'histoire contemporaine d'une génération à vif, qui oscille en permanence entre désillusion et fureur de vivre à travers quatre personnages, Becky, Harry, Pitt et Leon. Ils ont entre 20 et 30 ans. Ils sont hyper incarnés, les dialogues sont incandescents. C'est d'une efficacité cinématographique. On va les suivre dans une banlieue anglaise prolétaire à essayer de se démarquer et trouver comment évoluer dans le monde d'aujourd'hui.

C'est poétique, ça écorche et pose des vraies questions. Quand on tombe dans l'univers de Kate Tempest, c'est un voyage sans retour. Du roman, on va passer à sa musique qui devient complètement addictive à la troisième écoute. Après, on passe à sa poésie traduite aux éditions de L'Arche avec un recueil qui s'appelles Les nouveaux anciens. C'est à lire absolument. Il y a quelque chose de Patty Smith chez elle, pour le lien entre la musique et les écrits. Je pense que l'on n'a pas fini d'entendre parler d'elle et c'est tant mieux." (Anaïs Balin).