La muse de Saint-Lauent, Betty Catroux 1:16
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A.D
Muse d'Yves Saint Laurent avec qui elle a passé beaucoup de temps comme deux enfants gâtés, l'icône de la marque dresse un portrait sans concession du couturier.
INTERVIEW

Elle était blonde platine, immense, androgyne. Elle était la muse du couturier Yves Saint Laurent pendant 30 ans. A 73 ans, Betty Catroux est encore l'icône de la marque pour la campagne de pub 2018-2019. Invitée pour l'occasion dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, l'inspiratrice du couturier a retracé une époque faite de scandales et d'excès et a surtout retracé la personnalité folle du créateur.

La névrose en commun. D'après la légende de la muse, c'est Saint-Laurent qui est allé vers elle en boîte de nuit, en 1967. Ou presque. "Très timide, il a envoyé un ami. Il a dû sentir qu’il y avait quelque chose que nous avions en commun, cet espèce de bipolarisme, de névrose. C’était un grand névrosé, qui ne voulait pas être normal. Il aimait son état." Le couturier est attiré par cette fille atypique, bien qu'elle ne s’intéresse absolument pas à la mode. Betty Catroux n'aime d'ailleurs que s’habiller en homme, ce qui lui fait dire qu'elle a probablement eu une grande part dans l'idée du couturier de masculiniser le vestiaire féminin, tailleur pantalon en tête. Elle refuse néanmoins de défiler pour lui. "C'était comme le salon de l'agriculture pour moi. Tout le monde était là à ses pieds, sauf moi. Une fois de plus, ça l’a attiré", explique-t-elle. 

"Il n'aimait pas les gens". Mais si muse et couturier vivaient d'excès, de boîtes de nuits et de drogues, dans un espèce de mal-être sublimé, Betty Catroux ne se fait pas d'illusion sur l'artiste. Il était visionnaire, une idole, mais aussi quelqu'un de fragile et loin d'être un saint : "Saint Laurent était un morceau de marbre, il n’aimait pas les gens. Nous étions deux enfants gâtés, qui ne pensent qu’à eux et à s’amuser. On pouvait se permettre ça à cette époque." Comme elle traite Chanel de "grande vipère" géniale, elle égratigne au passage son homologue masculin : "Ils étaient du même genre. Yves aussi était méchant. C'était des gens qui voyaient tout le monde de manière atroce. Ce n’était que des critiques. Deux dictateurs. Les autres n’existaient pas."