Audrey Tautou vs Marina Foïs

© Marcel Hartmann/MAXPPP
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Amélie Bertrand , modifié à
Les deux actrices jouent Une maison de poupée, dans deux versions très différentes.

Le dramaturge norvégien Henrik Ibsen est décidément à l’honneur sur les scènes parisiennes. Sa pièce phare écrite en 1879, Une maison de poupée, est jouée en ce moment dans deux théâtres. Une première version au Théâtre de la Madeleine avec Audrey Tautou, qui en profite pour faire ses premiers pas sur les planches. Une seconde au Théâtre des Amandiers de Nanterre avec Marina Foïs, ex-Robin des bois qui retourne au registre dramatique.

Les deux comédiennes jouent le rôle de Nora, femme mariée sous l’emprise absolue de son mari, qui se retrouve malgré elle criblée de dettes.

Le personnage de Nora

Version Audrey Tautou : robe froufroutante, maquillage accentué, voix haut-perchée, l’actrice est physiquement une véritable poupée. Petite fille dans un corps de femme, elle cherche à devenir adulte, et perd petit à petit sa voix fluette pour des accents plus dramatiques.

Version Marina Foïs : tailleur serré et collier de perle, femme au foyer dévouée et mère attentive, Nora est ici une parfaite "desperate housewife", avec une pointe d’hystérie. Son évolution l’amène pourtant à devenir une personne émancipée de son mari et des pressions sociales.

Regardez un extrait d'Une maison de poupée avec Marina Foïs :

La mise en scène

Version Audrey Tautou : entre la décoration chargée et le mobilier pompeux, le décor oscille entre un intérieur bourgeois du XIXe siècle et la reproduction grandeur nature d’une maison de poupée pour petite fille.

Version Marina Foïs : grand loft lumineux et canapé Ikea, le metteur en scène Jean-Louis Martinelli a choisi de transposer la pièce dans les années 1970, pour jouer sur la modernité du texte.

Le ton

Version Audrey Tautou : place ici à une comédie grinçante, à la limite parfois du théâtre de boulevard, sur la bourgeoisie du XIXe siècle et ses travers. Même la scène finale plutôt dramatique, où Nora quitte son foyer, garde des accents comiques.

Version Marina Foïs : l’humour de la pièce est ici presque complètement gommé pour un ton beaucoup plus dramatique. La pièce prend ainsi une dimension résolument contemporaine et féministe, où tout est tourné autour de l’émancipation de Nora.

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© Marcel Hartmann

Les personnages secondaires

Version Audrey Tautou : la meilleure amie manipulatrice, le médecin hypocondriaque, l’ami de famille vicieux... L’auteur se sert d’eux pour se moquer joyeusement d’une société prisonnière de ses principes.

Version Marina Foïs : tout est beaucoup plus centré sur Nora. Les autres personnages incarnent sa bonne conscience ou ses peurs, et l’aident chacun à leur façon à prendre son envol.

Verdict

Ces deux versions d’Une maison de poupée respectent au final l’esprit du théâtre dans lequel elles sont jouées. Le Théâtre de la Madeleine replace la pièce dans son contexte historique, pour une comédie à la mise en scène classique. Le Théâtre des Amandiers, plus connu pour ses créations contemporaines, cherche plutôt la modernité du texte, quitte à devenir parfois un peu plus difficile d’accès.

Une maison de poupée, avec Audrey Tautou, au Théâtre de la Madeleine jusqu’au 27 mai.
Une maison de poupée, avec Marina Foïs, au Théâtre des Amandiers jusqu’au 17 avril.