Alain Finkielkraut devient Immortel

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L'essayiste et philosophe Alain Finkielkraut. © FRANCOIS GUILLOT / AFP
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avec AFP , modifié à
Le philosophe va être reçu jeudi à l'Académie française après une élection qui n'allait pas de soi à cause de son image de "néo-réac".

"Héritier des Lumières" comme il aime se définir ou "néo-réac" arc-bouté sur l'identité nationale comme le décrivent ses nombreux détracteurs, Alain Finkielkraut, élu non sans grincement de dents en 2014 à l'Académie française, sera reçu jeudi sous la coupole. Son élection dans cette institution n'est pourtant pas allée de soi. Elu certes au premier tour par 16 voix sur 28, son nom avait été barré d'une croix, en signe de désaveu, sur huit bulletins.

Une personnalité "clivante". L'essayiste de 66 ans, habitué des plateaux de télévision et animateur d'une émission de philosophie sur France Culture, est une personnalité "clivante". Récemment, l'ex-maoïste était accusé d'être un "allié objectif" du Front national. Le philosophe dédaigne ces critiques qu'il attribue à "la paresse de la pensée" et aux "collabos de la modernité". L'accusation de "néo-réac" lui colle à la peau parce qu'il critique "la culture de masse et l'effondrement de l'école républicaine", explique l'agrégé de lettres. 

Critique du multiculturalisme et de Mai 68. Dans ses livres, Au nom de l'autre (2003) où il dénonce le nouvel antisémitisme, Qu'est-ce que la France ? (2007), L'identité malheureuse (2013) et La seule exactitude (2015), le philosophe décrit comme des épouvantails l'égalitarisme, le multiculturalisme et tout l'héritage de Mai 68. "Une France post nationale, post littéraire et post culturelle est un pays dans lequel je n'ai pas envie de vivre", dit l'essayiste qui affirme que "la France se désagrège" et suscite plus de pitié que d'envie.

Une vache normande. Comme le veut la tradition, Alain Finkielkraut, enfant unique de juifs polonais rescapés de la Shoah, fera jeudi l'éloge de son prédécesseur sous la coupole, le dramaturge d'origine belge, Félicien Marceau. Avant la cérémonie, ses amis lui ont remis son épée d'académicien. Sur cette arme symbolique, le philosophe a demandé que soit gravée : une vache normande, un Aleph, première lettre de l'alphabet hébraïque, et cette phrase de Charles Péguy qui résume son engagement : "La République Une et indivisible, notre royaume de France".