Yann Moix 1280 4:00
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Romain David , modifié à
Au micro de Matthieu Belliard, sur Europe 1, Olivier Nora, le PDG de la maison d'édition Grasset, a voulu défendre la version que Yann Moix livre de son enfance dans son dernier roman, et contre laquelle s'oppose plusieurs membres de sa famille. 
INTERVIEW

C'est l'un des romans phares de la rentrée littéraire : Orléans de Yann Moix, publié chez Grasset. L'écrivain y décrit les sévices que lui auraient fait subir ses parents. Sauf que si son père reconnait avoir donné à ses enfants une éducation "stricte", il a démenti par voix de presse être allé aussi loin que ce que décrit le livre. Quant au frère de l'écrivain, Alexandre Moix, lui-même auteur, il assure dans une lettre ouverte publiée samedi par Le Parisien avoir été la véritable victime des sévices évoqués… et Yann Moix le bourreau, tentant selon lui de le jeter par la fenêtre ou même de le noyer.

"En la matière, personne ne peut fournir de preuve matérielle, il ne reste qu'une intime conviction", a réagi, lundi au micro de Matthieu Belliard, dans la matinale d'Europe 1, Olivier Nora, l'éditeur de Yann Moix. "Mon intime conviction, c'est qu'il y a une très grande vérité du texte de Yann Moix. Quiconque a lu ce livre sait qu'il a été écrit par un homme dont les capteurs de sensibilité ont été saturés dès l'enfance", affirme-t-il.

"Chacun est légitime à clamer sa souffrance"

"En matière de reconstitution des souvenirs d'enfance, chacun a sa vérité subjective, même dans les familles où l'amour prévaut", nuance toutefois cet éditeur, pour qui "chacun écrit son roman familial, sa propre histoire."

"Notre époque qui indexe le talent sur la souffrance est insupportable", s'agace encore Olivier Nora. "Chacun est légitime à clamer sa souffrance dans une famille pathogène, et il ne suffit pas d'avoir souffert pour avoir du talent. Mais il y en a un qui est devenu un grand écrivain, et c'est Yann Moix !", soutient-il.

Mauvaise publicité

Surtout, le PDG de Grasset se défend de vouloir utiliser la polémique comme un moyen de promotion du livre de Yann Moix. "C'est obscène. Je m'en serais bien passé, et l'auteur aussi", lâche-t-il. "On va fatalement tomber dans l'ornière médiatique de : qui a raison, qui a tort ? On sait bien que la tendance, quand un livre dégage ce genre de polémique, est qu'à terme les gens s'en détournent", explique-t-il.

"Ça donne le sentiment que c'est un romain de plainte, de complainte, un texte tire-larmes", déplore encore Olivier Nora. "Or, pour qui le lit, c'est un livre où il n'y a aucun pathos. Ça n'est pas un livre qui vise la compassion du lecteur. C'est un texte sur la naissance d'un écrivain, essentiellement", conclut-il.