Actes Sud : l'histoire d'une success-story

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S.B. avec Nathalie Chevance , modifié à
REPORTAGE - La maison d'éditions vient de décrocher le prix Goncourt, quelques semaines seulement après le prix Nobel de littérature. 

C'est un scénario de rêve. Actes Sud, petite maison d'édition née il y a trente ans et installée à Arles, enchaîne les jolis coups. Quelques semaines seulement après le prix Nobel de littérature (Svetlana Alexievitch), la maison d'éditions vient de décrocher, avec Mathias Enard et son livre Boussole, le prix Goncourt 2015. C'est le troisième de son histoire après celui de Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta, en 2004 et de Jérôme Ferrari, Le Sermon sur la chute de Rome, en 2012. La maison a aussi publié le dernier tome de Millénium, la saga devenue un grand succès de librairie. Europe 1 déroule le fil de cette success-story.

Il règne un parfum d'euphorie dans les couloirs de la maison d'édition où s'est rendu Europe 1. "On a gagné, nous sommes très fiers", voilà les messages affichés dans la vitrine de l'immense librairie d'Actes Sud. En bonne place, trône le dernier Goncourt, Boussole, de Mathias Enard.  

"Nos éditeurs ont un nez exceptionnel". Bénédicte, l'une des 300 salariés, a lu le livre en premier. "J'ai eu la chance de découvrir Boussole dès le mois de juillet et j'avais croisé les doigts en me disant : il mériterait le Goncourt", raconte la jeune femme, qui se dit "extrêmement admirative" de sa maison d'édition. "Nos éditeurs ont un nez exceptionnel", assure-t-elle. La ligne de la maison ? "Publier exclusivement des livres qu'on a envie de défendre, sans succomber à la facilité de l'air du temps", peut-on lire dans Les Echos, qui évoquent le flair de deux personnalités, "Hubert Nyssen, décédé en 2011, et Bernard Py, directeur éditorial de la première heure" qui ont, depuis les débuts, "pris des risques" en tablant d'abord sur les auteurs étrangers puis en dénichant les nouveaux talents ou encore en publiant "les auteurs dont personne ne veut".

"J'ai connu l'explosion, l'essor de cette maison". La stratégie s'est avérée payante. La petite maison d'édition a fait du chemin en trois décennies, comme le rappelle Florence, qui était là à ses débuts. "J'ai démarré alors qu'on ne devait être qu'une vingtaine", précise-t-elle. "J'ai connu l'explosion, l'essor de cette maison… ça bouge partout, dans tous les sens, c'est Actes Sud", sourit-elle.

A l'étage, une vingtaine d'éditeurs lisent chaque année 6.000 manuscrits. Et au milieu, ils ont déniché le nouveau Goncourt. Laëtitia Ruaut, directrice commerciale chez Acte Sud, est depuis l'annonce engagée dans une véritable course contre la montre. "On tire à 200.000 exemplaires. La priorité, c'est de s'assurer que la fabrication de ce Goncourt puisse se faire dans les meilleurs délais, c'est-à-dire à peine en 48 heures", raconte la professionnelle, soulignant : "On peut être aussi légitime en province, et à Arles en particulier". Actes Sud sort 300 manuscrits par an. Un Goncourt peut rapporter 8 millions d'euros.