Coupe du monde : pourquoi le match face à l'Uruguay ne ressemblera pas à celui contre l'Argentine

L'équipe de France à l'entraînement (1280x640) FRANCK FIFE / AFP
L'équipe de France affronte l'Uruguay, vendredi, à 16 heures, pour une place en demi-finales. © FRANCK FIFE / AFP
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Six jours après leur éclatante victoire face à l'Argentine, les Bleus affrontent l'Uruguay, vendredi, en quarts. Le match sera forcément très différent.

Samedi dernier, l'équipe de France enthousiasmait la planète entière en dominant l'Argentine en huitièmes de finale de la Coupe du monde sur le score pittoresque de 4-3. Au risque d'en décevoir beaucoup, il est fort peu probable que l'on voit autant de buts et qu'on assiste à un spectacle aussi total, lors du quart de finale, face à l'Uruguay, vendredi, à Nijni Novgorod. Voici pourquoi.

Parce que la défense, "ils ont ça dans les gènes". Des trous béants, une lourdeur sans nom, des fautes grossières : la défense argentine, dont certains membres, comme Marcos Rojo, avaient très peu joué cette saison, a sombré, samedi dernier, contre la France. Ne comptez pas sur l'Uruguay pour bisser. La défense fait partie de la nature de cette équipe. 

"Le profil de l'Uruguay est différent de celui de l'Argentine", a confié le sélectionneur des Bleus, Didier Deschamps, jeudi, en conférence de presse. "De la patience, il en faudra certainement, mais pas que ça. L'équipe d'Uruguay est très bien organisée défensivement, elle prend très peu de buts (un seul sur les sept derniers matches, ndlr). La défense, c'est dans leur culture, ils ont ça dans les gènes. Il y a la qualité sud-américaine dans le geste défensif, l'agressivité, l'intelligence, l'utilisation du corps, des bras... Ils savent faire ça. Et ce don de soi. Quand ils n'ont pas le ballon, ils défendent tous."

La défense de l'Uruguay s'appuie sur une charnière centrale complémentaire, composée de Diego Godin, 32 ans, et de José Maria Gimenez, 23 ans. Ces deux joueurs se connaissent bien : ils évoluent dans le même club de l'Atlético de Madrid. Ils connaissent donc bien, aussi, le leader d'attaque des Bleus, Antoine Griezmann, qui évolue lui aussi chez les Rojiblancos. Godin est même le parrain de la fille de "Grizou". Connaissant le phénomène, il ne sera pas forcément plus sympa avec celui qu'il considère comme un "Uruguayen".

On serait même tenté de penser que ce sera le contraire. Ajoutez à cette charnière 100% Atléti deux latéraux qui jouent en Italie, Martin Caceres (Lazio Rome) et Diego Laxalt (Genoa), et vous obtenez l'équipe qui a encaissé le moins de buts dans cette compétition avec le Brésil : un seul, face au Portugal, en huitièmes de finale. "Plus la compétition avance vers la finale, plus les matches sont tactiques. Ce sera plus fermé", prophétise même auprès de l'AFP le plus capé des internationaux tricolores. Voilà qui promet un spectacle verrouillé, dirons-nous. Griezmann s'est même permis d'utiliser un autre adjectif. Les Uruguayens "vont jouer leur match, prendre leur temps, tomber, vont aller voir l'arbitre (l'Argentin Nestor Pitana, ndlr), le match va être chiant."

Parce que les Bleus souffrent face aux défenses regroupées. Il sera surtout "chiant" si les Bleus se heurtent pendant longtemps à la défense uruguayenne et ne réussissent pas à donner de l'air au match. Or, dans ce domaine, ils ne nous ont pas forcément donné des raisons d'espérer, ni lors des éliminatoires (souvenez-vous de ce 0-0 face au Luxembourg, à Toulouse) ni dans ce Mondial, avec des performances très mitigées contre des défenses regroupées.

Les occasions ont été très rares face au bloc australien (2-1) et contre le Pérou, l'attaque a ronronné en deuxième période, malgré le rôle de pivot endossé par Olivier Giroud. Quant à Kylian Mbappé, brillant contre l'Argentine et encensé par tous les observateurs, il n'aime rien moins que prendre de la vitesse dans les espaces. Mais encore faut-il qu'il y en ait.

Le capitaine des Bleus, Hugo Lloris, a convenu jeudi que ce quart de finale contre l'Uruguay allait certainement "se jouer sur des détails". Et explique que les Bleus vont devoir surtout… bien défendre. "Il faut être bien concentré sur la tâche défensive, ne pas leur donner de corners ou de coups de pied arrêtés, tout ce qui est aux abords de la surface. Offensivement, il faut mettre le rythme, la vitesse, l'intensité, prendre ses responsabilités dans les 30 derniers mètres. On a des bons frappeurs, il faut essayer de frapper de loin." Cela concerne peut-être aussi les latéraux, et notamment Benjamin Pavard

Parce que les Uruguay-France, généralement… Les forces en présence - l'Uruguay devrait en outre être privée de son avant-centre Edinson Cavani - n'incitent pas trop à l'optimisme. Le passé non plus d'ailleurs. Les deux derniers France-Uruguay ou Uruguay-France en Coupe du monde ont ainsi débouché sur un triste 0-0, en 2002 (avec l'exclusion de Thierry Henry) comme en 2010. Quant à la dernière confrontation entre les deux équipes, elle avait abouti à un court succès de la Celeste (1-0), avec un but de Luis Suarez.

Si l'on ajoute à ce tableau le 0-0 d'un match amical en novembre 2008 puis un autre 0-0 au Havre, en 2012, pour ce qui avait été le premier match de Didier Deschamps à la tête des Bleus, on aboutit à un triste constat. La France n'a plus marqué face à l'Uruguay depuis six heures et demie. Vendredi, et plus que jamais, tous les supporters des Bleus signeraient pour un petit 1-0.