Coupe du monde : "L'équipe belge est aujourd'hui certainement l'élément le plus fédérateur du pays", estime Pascal Boniface

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Ugo Pascolo
Le directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) analyse la puissance du football et les conséquences qu'une élimination peut avoir sur tout un pays. 
INTERVIEW

La puissance du foot s'étend bien au-delà des terrains. C'est le message de Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), invité d'Europe 1 Week-end samedi. 

L'unité du ballon. Pour commencer à étayer sa théorie, quoi de mieux que de prendre en exemple le Brésil. "Plus que dans un autre pays, le foot y est une religion", avance Pascal Boniface au micro d'Europe 1. "Ça les unis, ça leur permet d'avoir une certaine image à l'international. Aujourd'hui que le pays va mal, on voit une sorte de refuge des Brésiliens dans le foot. (...) Pour beaucoup, tous les problèmes que peut rencontrer le Brésil actuellement sont nés à partir de l'humiliation de 2014 [la défaite du Brésil en demi-finale de la Coupe du monde 2014 face à l'Allemagne, 7-1, ndlr]. 

"Le football permet d'être fier de son pays sans haïr les autres". Alors que le Brésil vient d'être défait par la Belgique, "le parcours des Diables rouges dans cette Coupe du monde est très important pour le Plat pays", analyse le spécialiste. "Le pays est extrêmement divisé entre Wallons et Flamands, il ne reste plus grand chose pour les unir et même la monarchie ne suffit pas. En se qualifiant en demie-finale, l'équipe belge est aujourd'hui certainement l'élément le plus fédérateur du pays". Le foot permettrait donc d’insuffler un nouvel élément de communion nationale : "Le football permet d'être fier de son pays sans haïr les autres, parce qu'on a besoin des autres pour jouer et pour gagner", développe Pascal Boniface.

"Il a ça de merveilleux que l'on peut chanter la Marseillaise et brandir le drapeau sans incarner le rejet des autres, c'est une communion (...). Si le football peut faire ça, c'est parce qu'il a conquis la planète de façon pacifique. La puissance dans le foot ne suscite pas le rejet, mais le respect et l’admiration". 

Une nouvelle image pour la Russie. C'est d'ailleurs parce qu'il est pacifique que les politiques peuvent s'en emparer. "C'est un grand succès pour Vladimir Poutine qui montre une image de la Russie accueillante, où les étrangers sont les bienvenus, sans violence dans les rues, alors que l'on craignait beaucoup les hooligans, et sans cris racistes. (...) Sportivement, mais aussi en terme d'organisation, c'est mission réussie pour Poutine. Et en terme diplomatique, il a vu défiler beaucoup de dirigeants".

Et Vladimir Poutine en verra un de plus après la victoire de la France face à l'Uruguay, car Emmanuel Macron assistera à la demi-finale contre la Belgique depuis le Saint Petersburg Stadium, comme il l'avait promis à Didier Deschamps lors de sa visite à Clairefontaine, quelques jours avant le début de la compétition.