Coupe du monde : cinq choses à retenir de la qualification de l'Angleterre aux dépens de la Colombie

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Face à la Colombie, l'Angleterre s'en est sortie aux tirs au but (1-1 a.p., 4 t.a.b. à 3), qui ne lui avaient guère réussi par le passé. Elle affrontera la Suède en quarts.

Le football a un pouvoir magique. Du laid peut surgir le beau, à tout moment. Car laid, ce dernier huitième de finale entre l'Angleterre et la Colombie l'a longtemps été (1-1 a.p., 3-4 aux tab). Jusqu'à l'égalisation dans le temps supplémentaire des Cafeteros, poussant ce match en prolongation et dans une dimension autre que la vulgaire bagarre de cours d'école. Et puis, au bout de la prolongation, on a eu du beau encore, avec une séance de tirs au but à suspense, à l'issue de laquelle les Anglais ont brisé une malédiction vieille de 22 ans. Ils ont maintenant quatre jours pour récupérer avant leur quart de finale contre la Suède, samedi.

Vingt-deux ans après… L'Allemagne en demi-finales de l'Euro 1996, l'Argentine en huitièmes de finale du Mondial 1998, le Portugal en quarts de finale de l'Euro 2004, le Portugal, encore, en quarts de finale du Mondial 2006, l'Italie en quarts de finale de l'Euro 2012. Toutes ces séances de tirs au but, l'Angleterre les avait perdues, à tel point qu'outre-Manche, l'exercice suscitait depuis plusieurs années les moqueries et mobilisait les attentions du staff. On ne sait pas comment s'y est pris celui du sélectionneur Gareth Southgate, lui-même tireur malheureux lors de l'Euro 1996 face à l'Allemagne. Mais le résultat est au bout : cette fois, l'Angleterre (qui avait aussi échoué dans l'exercice au Mondial 1990 contre l'Allemagne) est passée. Et pourtant, elle a été menée 3-2 dans cette séance, Jordan Henderson ayant vu sa tentative repoussée par David Ospina. Mais les deux derniers tireurs colombiens, Mateus Uribe et Carlos Bacca, ont échoué, le premier sur la barre et le second sur Jordan Pickford, offrant à Eric Dier le soin de clore l'affaire…

Kane victime et bourreau. Au cœur d'une première période insipide, il s'était déjà fait remarquer avec une tête, trop enlevée (16e). Mais c'est avec son corps qu'Harry Kane, le meilleur buteur de cette Coupe du monde, a fait la différence. Au duel - serré - avec Carlos Sanchez sur un corner, l'attaquant de Tottenham finit à terre, entraînant le coup de sifflet de l'arbitre. Le penalty est le deuxième provoqué par Carlos Sanchez lors de cette Coupe du monde. Harry Kane transforme la sentence d'un petit plat du pied délicat, plein centre. Six buts, dont trois penalties pour Kane en Russie, un record depuis Hristo Stoïchkov lors du Mondial américain, en 1994.

Petits règlements de compte à Moscou. Ce penalty de Kane a donné le coup d'envoi d'une séance de règlements de compte en tous genres, aux quatre coins du terrain. Et en l'espace d'un quart d'heure, entre la 54e et la 69e, l'arbitre de la rencontre, l'Américain Mark Geiger, a distribué pas moins de cinq cartons jaunes. En tout, il en a sorti huit et même s'il ne fut pas irréprochable sur sa gestion du match, il a dû faire avec des acteurs malicieux, voire méchants, qui ne lui ont pas rendu la tâche facile. Wilmar Barrios et Jordan Henderson, qui se sont échangés des amabilités et quelques petits coups de tête, ont eux échappé au rouge.

Yerry Mina, défenseur buteur. La Colombie attendait sans doute Radamel Falcao. Elle a eu Yerry Mina. Après avoir déjà ouvert le score face à la Pologne (3-0) puis offert la victoire aux siens contre le Sénégal (1-0) au premier tour, le défenseur du Barça (où il joue très peu) a cette fois égalisé face à l'Angleterre, dans le temps additionnel, alors que son équipe était menée 1-0. Mina, au physique de basketteur, s'est élevé plus haut que tout le monde pour catapulter le cuir sous la barre transversale, l'intervention de Kieran Trippier sur la ligne se révélant insuffisante. Un joueur trois fois buteur de la tête, la Coupe du monde n'avait plus connu ça depuis l'Allemand Miroslav Klose en 2002. Mais cela restera insuffisant pour une équipe de Colombie, orpheline, mardi, de James.

Un seul être vous manque… Lundi, le sélectionneur argentin de la Colombie, José Pekerman, avait dit qu'il ne souffrait pas d'une "blessure sérieuse". Et, pourtant, c'est en survêtement qu'est apparu mardi soir au coup d'envoi James Rodriguez, meilleur buteur de la dernière Coupe du monde et maître à jouer de la Colombie. La Fédération colombienne avait indiqué que James, touché au mollet gauche face au Sénégal lors du dernier match du groupe H, souffrait d'un "œdème mineur sans rupture fibrillaire au muscle soléaire droit". Sans lui, la Colombie a évidemment montré un tout autre visage que face à la Pologne, qu'elle avait dominée de fort belle manière (3-0). Mardi, la Colombie a lutté avec ses armes, avec combativité, mais elle partait sérieusement affaiblie.