Cinq choses à retenir de la victoire de la Russie contre l’Espagne aux tirs au but

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La Russie jouera les quarts de finale de sa Coupe du monde. © YURI CORTEZ / AFP
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Au terme d’un match insipide, la Russie a réalisé un immense exploit en éliminant l’Espagne aux tirs au but (1-1, 4 tab à 3). A domicile, la "Sbornaya" se prend à rêver.

La Coupe du monde est faite d’histoires incroyables et celle qu’est en train d’écrire la Russie en prend le chemin. Pas favorite, la Sbornaya (le surnom de l’équipe russe) a éliminé l’Espagne, dimanche à Moscou, en huitièmes de finale de sa Coupe du monde (1-1, 4 tab à 3). Un exploit retentissant acquis au bout d’une séance de tirs au but irrespirable qui a vu le gardien Igor Akinfeev arrêter deux tentatives espagnoles. Un héros surgi au bout d’un match pour le moins insipide pendant 120 minutes.

Akinfeev, héros de tout un peuple. Il aura fallu 120 minutes et neuf penaltys pour départager l’Espagne et la Russie dans un match fermé et ennuyeux. Et puisque la Coupe du monde est une histoire d’hommes, il fallait un héros pour forcer le destin. Son nom : Igor Akinfeev. A 32 ans, le portier de la Sbornaya depuis 2004 a sorti le match quasi parfait. Impuissant sur l’ouverture du score espagnole, il s’est ensuite attelé à stopper les rares frappes espagnoles dangereuses, notamment une ultime double tentative d'Iniesta et Aspas (85e).

C’est surtout en prolongation que le gardien historique du CSKA Moscou a endossé le costume du sauveur en repoussant une frappe de Rodrigo après un rush solitaire, seule occasion dangereuse de la Roja (109e). Sur sa lancée, Akinfeev a écœuré les Espagnols lors de la séance de tirs au but. Pendant que ses coéquipiers faisaient un sans-faute, le gardien russe a sorti le grand jeu en arrêtant deux tentatives, à chaque fois sur sa droite : des deux mains face à Koke puis du bout du pied face à Aspas. Comment dit-on héros en russe ?

La tactique défensive des Russes a fonctionné… Pour contenir le jeu de possession espagnol, le sélectionneur russe Stanislav Tchertchessov avait décidé d’aligner cinq défenseurs. Certes, la Russie s’est rapidement retrouvée menée sur un but contre son camp du mollet d’Ignachevitch (11e). Mais dans le jeu, les Russes ont très bien défendu, ne laissant quasiment aucun espace à la Roja. Dans l’axe, le trio Koudriatchov-Ignachevitch-Koutepov a empêché toute percée rouge dans la surface, et les ailes ont été parfaitement bouchées par Fernandes et Jirkov.

… et on s’est ennuyé. Visiblement satisfaits de leur avantage au score, les Espagnols sont retombés dans leur travers, faisant tourner la balle au milieu de terrain et tentant des passes en profondeur sans conviction vers un Diego Costa très esseulé. Alors qu’elle avait le match en main, la Roja a permis à la Russie d’espérer. Devant son public, le pays organisateur a cru en sa chance et a provoqué le destin en obtenant un penalty pour une main de Piqué sur corner (41e). Artem Dzyuba n’a pas tremblé face à De Gea et les Russes ont relancé un match que l’on pensait plié.

Mais les Espagnols n’ont jamais réussi à se départir du jeu stéréotypé qui est le leur depuis de nombreuses années, multipliant les passes devant la défense à la manière de handballeurs (1137 au total, du jamais-vu en Coupe du monde). Ils n’ont jamais mis le rythme nécessaire pour trouver la faille en profondeur. Une Espagne impuissante et une Russie ultra-défensive : ce huitième de finale a offert un piètre spectacle aux amateurs de football. Soporifique, pour rester poli. 

Un quatrième remplacement pour l'histoire. Puisqu’aucun joueur n’a réussi à faire pencher la balance en faveur de son équipe dans le temps réglementaire, les deux équipes ont disputé la première prolongation de la Coupe du monde 2018. Trente minutes de plus sur un rythme encore plus lent : l’Espagne a gardé le contrôle du ballon, a tenté de loin et sur coup franc mais rien n’est passé face aux Russes, repliés dans leur moitié de terrain. Seul intérêt de cette prolongation : en faisant entrer Ierokhine à la 97e minute, la Russie a procédé au premier quatrième changement de l’histoire. La suite s’est jouée aux tirs au but, pour le plus grand bonheur des Russes.

La malédiction espagnole du pays hôte. Pour l'Espagne, la "malédiction du pays hôte" continue. Dans son histoire, à chaque fois que la Roja a affronté le pays organisateur de la Coupe du monde, elle a perdu et s'est faite éliminer. L'Italie en 1934, le Brésil en 1950 et surtout la Corée du Sud en 2002 ont laissé un goût amer aux Espagnols, convaincus d'avoir été sortis injustement. Une liste à laquelle il faut désormais la Russie. Et le même sortilège poursuit la Roja lors des Championnats d'Europe, où elle n'a jamais réussi à battre le pays organisateur en cinq tentatives (1980, 1984, 1988, 1996, 2004).