Plus de cigarettes pour les mineurs

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
L’interdiction est entrée en vigueur le 27 mai, date de la discrète parution d’un décret au journal officiel.

Les buralistes n’ont plus le droit de vendre de cigarettes aux mineurs. Depuis 2003, il leur était interdit de vendre du tabac aux moins de 16 ans, depuis le 27 mai l’interdiction est passée à 18 ans. C’est le journal Le Parisien qui révèle l’information vendredi. Le décret, publié au Journal Officiel, était passé inaperçu.

Tabac, feuilles et filtres

Ils risquent jusqu’à 135 euros d’amende s’il ne respecte pas cette nouvelle règle inscrite dans la loi "Hôpital, patients, santé, territoires" du 22 juillet 2009, mais dont le décret d’application tardait à sortir. L’interdiction ne concerne pas que les cigarettes mais aussi les feuilles à rouler et les filtres.

Mais ce n'est pas tant cette nouvelle interdiction qui inquiète les débitants de tabac, que l'absence de campagne d'information. Chaque buraliste doit donc faire lui même sa propre campagne auprès de ses clients.

Ils fabriquent eux-mêmes leur affichette

"Nous n'avons pas attendu le décret pour appliquer la loi et sensibiliser nos réseaux" de distribution, assure le président de la confédération des buralistes Pascal Montredon. Une affiche informant le public étant obligatoire mais non fournie par l'Etat, "nous avons donc fabriqué une affiche téléchargeable sur notre site qui a été mise à disposition des buralistes", ajoute-t-il.

Mais l'application de l'interdiction de vente aux moins de 18 ans pose "plusieurs types de problèmes" et est "source de conflits", reconnaît Pascal Montredon : les parents stationnés en double-file qui envoient leurs enfants acheter des cigarettes ou le buraliste qui demande sa pièce d'identité à une personne de 23 ans qui le prend mal.

La peur des embrouilles

"Dernière source de conflit : parfois dans des quartiers plus ou moins faciles, avec plusieurs jeunes qui peuvent entrer dans votre établissement, on n'est pas toujours à l'aise de dire :"on ne vous sert pas. Il nous faut une pièce d'identité"", poursuit-il, ajoutant qu'il est "plus facile de maîtriser un gamin de 13 ans que 17 ans".

D'où l'idée de la confédération d'envoyer des affichettes autocollantes aux buralistes. "Ce qui est important, c'est que le grand public comprenne que ce n'est pas une lubie des buralistes de demander la pièce d'identité lorsqu'il y a un doute mais tout simplement parce que la loi nous l'impose", affirme Pacal Montredon. "C'est toujours compliqué. Des fois il y a des embrouilles (...) il y en a qui viennent et on les jette s'ils n'ont pas la pièce (d'identité) avec eux. On n'est pas la police, malheureusement c'est pas bon du tout", témoigne Yabas Osana, gérant du bureau de tabac Amigo à Sarcelles.

Une victoire pour les anti-tabac

Pour leur part, les anti-tabac se félicitent de cette interdiction, la jugeant toutefois difficile à contrôler et surtout insuffisante."On est ramené à la même situation que lorsque l'interdiction de fumer s'est appliquée aux moins de 16 ans : comment vérifier ? Les moins de 16 ans faisaient acheter leurs cigarettes par les plus de 18 ans", relève le directeur de l'Office français de prévention du tabagisme Joseph Osman.

De plus, "ce n'est pas une petite action isolée comme celle-là qui va changer la face des choses", souligne-t-il. Pour lui, "on ne peut pas demander de résultats spectaculaires sans moyens spectaculaires". Selon lui, les années 2003 et 2004 sont les deux seules années où il y a eu suffisamment de mesures concertées, dont une forte augmentation du prix.

La prochaine étape attendue par les anti-tabac : les images chocs sur les paquets. Elles devraient faire leur apparition d'ici à un an.

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