Le stylo à plume vit-il vraiment ses derniers instants ?

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Noémi Marois , modifié à
CONSO - Le stylo à plume se fait rare dans les trousses des écoliers. Appartiendra-t-il bientôt au passé ?

Avec une augmentation de 12% de chiffres d’affaires en 2013, le rayon écriture-papeterie se porte bien. Cependant, les stylos à plume trouvent de moins en moins preneur. Ses ventes ont chuté de 10% en 2013 par rapport à 2012, selon une étude du cabinet GFK qui passe au crible les ventes de 5.800 magasins. Il n'apparaît plus dans les listes de fournitures confectionnées par les écoles. Le stylo à plume est-il en voie de disparition ?

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Ventes en baisse et dégâts collatéraux. Depuis 2010, le chiffre d’affaires du stylo à plume a pris du plomb dans l’aile avec une perte de 7 millions d’euros depuis 2010. De 25 millions d’euros, il est passé à 23 millions en 2011, puis à 20 millions en 2012. En 2013, il a finalement chuté à 18 millions d’euros. Quelques marques symboliques sont par conséquent touchées. Watermann a vu ses ventes baisser de 11% entre 2011 et 2012.

Le stylo à plume entraîne dans sa chute son fidèle partenaire, le stylo effaceur qui est passé de 10 à 8 millions de chiffres d’affaires depuis 2010. Et en toute logique, les cartouches aussi. 

Un heureux concurrent. D’autres stylos, eux, profitent  d’une embellie. Le stylo à bille ne connaît pas la crise avec le plus gros chiffre d’affaires du marché de l’écriture, égal à 50 millions d’euros chaque année. Qui grignote alors les parts de marché du stylo à plume ? Le roller à encre thermoréactive qui a doublé son chiffre d’affaire depuis 2010. Cependant, le stylo à plume lui tient encore tête avec 16% de parts de marché contre 15% pour le roller à encre thermoréactive. 

Ces deux stylos se talonnent désormais. Toutefois, selon Raphael Couderc du cabinet GFK, "les données actuellement traitées par nos services pour la rentrée 2014 montreront sans doute que l’encre thermoréactive l’emporte désormais sur le stylo à plume".

Un prix trop élevé ?Alors que le coût de la rentrée a tendance à augmenter, pour GFK, il peut en effet rentrer en compte : "les stylos sont vendus en pack à un prix compétitif. Le stylo à plume, lui, est vendu tout seul à un prix plus élevé".  Europe 1 a en effet constaté sur un site internet de vente de fournitures scolaires qu’un stylo à plume s’y vend entre 4 et 16 euros. Pour 2 euros, une famille achètera 4 stylos à bille ou un stylo quatre couleurs. 

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Le stylo à plume boudé par les écoles. "C’est vraiment très rare", voilà ce que répond Béatrice, institutrice en Seine-Saint-Denis quand on lui demande si elle a déjà vu un de ses élèves écrire au stylo plume. Cette année, une de ses collègues a trois élèves qui en CM2 l’utilisent et ça s’arrête là, explique-t-elle à Europe 1. Les raisons sont multiples selon la professeure des écoles : "L’objet est fragile. La plume d’un stylo à quelques euros se casse facilement. Il est aussi contraignant, il faut changer les cartouches, laver le capuchon sali par l’encre". Béatrice avance enfin que les élèves qui aiment s’échanger des objets, ne peuvent pas le faire avec un stylo à plume car ce dernier s’adapte à la main qui l’utilise. . 

A contrario, certains professeurs l’utilisent encore pour corriger les copies ou bien pour faire des modèles d’écriture pour les élèves. C'est le cas de Béatrice pour qui "seul le stylo à plume permet d’écrire très lisiblement". Il résiste aussi bien dans les listes de fourniture des écoles privées. 

La faute à la société de consommation ? On le sait, les jeunes aiment acquérir la dernière nouveauté pour flamber dans la cour de récré. Les parents ne veulent donc plus investir dans un stylo plume dont leur enfant se lassera très vite. 

Les élèves veulent aussi que l’écriture aille plus vite.  "Ils choisissent clairement la facilité et l’aisance en plébiscitant les stylos à encre thermoréactive", souligne Béatrice. L’institutrice ajoute que les élèves aiment avoir plusieurs fois droit à l’erreur, ce que leur permettent ces stylos qui effacent autant de fois qu’on le souhaite. 

L’utilitaire d’abord. L’institutrice ne se verrait pas demander à des parents d’acheter un stylo à plume à dix euros : "certes, il permet d’avoir une écriture plus jolie mais les familles du quartier populaire où je travaille ne le comprendrait pas. Le ‘joli’ ne rentre pas dans leur ligne de compte. Elles souhaitent juste que leur enfant travaille bien".

L’industrie du luxe, avenir du stylo à plume ? Certes, pour l'entreprise Montblanc, écrire au stylo plume, c'est "privilégier la beauté du geste à la praticité". Cependant, le stylo à plume a encore un avenir radieux selon elle : "Nos stylos à plume, c’est le compagnon d’une vie qui peut avoir une valeur sentimentale. Il s’offre lors d’un événement, un anniversaire, une confirmation. Il est aussi prisé par certaines professions comme les médecins". Pour Montblanc, aucune chance que le stylo à plume disparaisse pour une simple et bonne raison, sa longévité : "Si vous voulez offrir un cadeau qui dure, ça ne sera pas un téléphone mais plutôt un stylo à plume, une montre ou un bijou". Avec des prix allant pourtant de 250 à 2,5 millions d’euros, Montblanc ne connaît pas de chute de ses ventes.  

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