Le Camembert de Camembert fait saliver les repreneurs

Après 33 ans de moulage, Nadia et François, fatigués, veulent raccrocher la louche. Est-ce donc la fin de la dernière usine de Camembert à Camembert ?
Après 33 ans de moulage, Nadia et François, fatigués, veulent raccrocher la louche. Est-ce donc la fin de la dernière usine de Camembert à Camembert ? © CHARLY TRIBALLEAU / AFP
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avec François Coulon , modifié à
TERROIR - Après 33 ans de moulage, les exploitants de la ferme de Camembert à Camembert, en Normandie, cherche un repreneur.

Le fromage Camembert, ça parle à tout le monde. Le village Camembert, en revanche, beaucoup moins. C'est pourtant dans ce petit village de 200 âmes niché au cœur de l'Orne, en Basse-Normandie, qu'est né le célèbre fromage, en 1791. Aujourd'hui, la ferme de Nadia et François Durand et ses 70 vaches continuent de perpétuer la tradition, en produisant tous les jours leurs 600 fromages "certifiés Camembert de Normandie". Mais après 33 ans de moulage, Nadia et François, fatigués, veulent raccrocher la louche.

>> Est-ce donc la fin de la dernière usine de Camembert à Camembert ? Pas encore.

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La "magie Camembert". La famille Durand a reçu quelque 300 candidatures en six mois. "On a eu des contacts de grandes boites, de petite boites, de particuliers, un de Chine, un des Emirats Arabes Unis. Je suis surprise, complètement. Mais ça, c'est la magie Camembert!", témoigne Nadia au micro d'Europe1. "Quand les gens viennent là, il y a de l'illumination dans leurs yeux. Il y a quelque chose qui se passe autour de ce produit là", raconte-t-elle.

3.000 fois par jour le même geste. Parmi les 300 candidatures, il a fallu faire un tri. Mais ce tri s'est parfois fait naturellement. Car faire du Camembert, c'est avant tout un boulot monstre : depuis 33 ans François, 52 ans, réalise 3.000 fois par jour le même geste – remplir un moule avec une louche – dans une pièce à plus de 30°. "La charge de travail en a dissuadé certains. Il y a beaucoup de main-d'œuvre", reconnaît François Durand.

François Durand

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Au-delà du folklore, c'est l'activité, rentable, qui pousse les investisseurs à franchir le cap. "On pourrait multiplier par quatre la production par rapport au nombre de nos commandes", assure à Europe1 François Durand. Aujourd'hui, il reste quatre dossiers en lice, venant tous de candidats français.