La mode du doggy bag ne prend pas en France

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avec AFP , modifié à
CONSOMMATION - Cette pratique américaine qui consiste à ramener ses restes peine à décoller chez nous. En cause : "un problème culturel".

En France, le doggy bag, pratique américaine qui consiste à emporter dans une barquette les restes de son repas au restaurant, a du mal à s'imposer. En cause ? Une certaine gêne des consommateurs et des restaurateurs échaudés par des tentatives stériles.

"En France, on ne part pas avec ses restes". "On a un problème avec cette pratique en France, c'est culturel : on ne repart pas d'un restaurant avec ses restes, il y a une certaine gêne à le faire", regrette Bernard Boutboul, directeur général du cabinet spécialisé Gira Conseil. Selon lui, des restaurateurs "ont tenté l'expérience à plusieurs reprises dans les années 90 puis dans les années 2000, et donné la possibilité d'emporter facilement la fin de son plat. Mais rien n'y fait, chaque tentative a été vouée à l'échec, ça ne prend pas. C'est donc un cercle vicieux où le restaurateur a cessé de proposé le doggy bag face à un consommateur qui se sent gêné de le demander", conclut-il.

"Doggy bag", un nom gênant. Claude Fischler, sociologue, spécialiste de l'alimentation, rappelle que le terme "doggy bag" fait référence au chien, et donc au fait de "donner des restes au chien". "Il y a une gêne à manger des restes, cela résonne dans la mémoire collective", assure le directeur de recherche au CNRS. "Un aliment entamé est considéré comme un déchet", souligne-t-il. "Et le client veut échapper à la honte d'avouer qu'on emmène des restes pour en faire le repas du soir ou du lendemain", ajoute-t-il.

Des clients "surpris mais contents". C'est le cas du restaurant réunionnais "le Goyavier" à Paris, qui, depuis son ouverture en 1986, incite les clients à repartir avec une ou plusieurs barquettes sous le bras. "Les clients sont parfois surpris qu'on leur propose de repartir avec la fin de leur plat mais ils sont tous très contents de pouvoir le faire. Nous on ne jette pas, ça évite le gaspillage", se félicite Raphaël Sery, propriétaire de l'établissement.

Une mesure anti-gaspi. Dès 2016, les établissements servant environ 180 repas par jour seront tenus de trier et valoriser leurs déchets alimentaires. A défaut, ils se verront infliger de lourdes amendes. En France, selon des estimations, sur chaque repas qu'une personne prend au restaurant, entre 210 et 230 grammes de nourriture sont perdus. Le Plan anti-gaspi du gouvernement, signé mi-juin par tous les acteurs de l'alimentation doit conduire à réduire de moitié le gaspillage d'ici à 2025. Aujourd'hui, les Français jettent en moyenne 20 kg de nourriture par an.

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