Eau potable : 20% de pertes à cause de fuites

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GASPILLAGE - Une goutte sur cinq n’arrive pas à son destinataire. Le secteur demande aux collectivités de réinvestir dans la modernisation du réseau.

Si l’heure est à la sobriété énergétique, la situation est bien différente en ce qui concerne l’eau que nous buvons : "20% du volume d'eau potable introduit dans le réseau est perdu par fuites", alerte le dernier rapport de l'Observatoire des services publics d'eau et d'assainissement (Onema), repéré par Les Echos.  Et cela pourrait s’aggraver car, selon les professionnels du secteur, les canalisations sont vieillissantes et renouvelées à un rythme de plus en plus lent.

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Le chiffre : 20,2% d’eau gaspillé. "A l'échelle nationale, le rendement moyen des réseaux de distribution est de 79,8 %. Cela signifie qu'environ 20% du volume d'eau potable introduit dans le réseau est perdu par fuites, soit environ un milliard de m3 par an", précise le rapport. Avant d’ajouter : "Autrement dit, pour 5 litres d'eau mis en distribution, 1 litre d’eau revient au milieu naturel sans passer par le consommateur".

Un gaspillage de grande ampleur donc, même si les auteurs du rapport rappellent que "l'atteinte d'un rendement à 100% est irréaliste" pour un réseau d’une telle taille. Car si la corrosion et le vieillissement des tuyaux sont des causes prévisibles, d’autres ne peuvent être anticipées, et notamment les évolutions et mouvements des sols.

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Plus la commune est petite, plus il y a des pertes. Tous les consommateurs ne sont cependant pas égaux en termes de gaspillage : 10% des usagers sont branchés à un réseau qui perd 34% de son eaux tandis qu’une part équivalente est alimentée par un réseau où les pertes sont limitées à 9%.

Car, comme l’explique le rapport, plus le réseau de distribution de l’eau est petit, plus il fuit : "le rendement de réseau est proportionné à la taille des collectivités, les services (communaux) de moins de 1 000 habitants accusant 30% de pertes contre 15% pour les très grands services (plus de 100 000 habitants)". L'efficacité des réseaux de distribution est également très variable selon les régions, comme le montre cette carte de l'Onema :

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© ONEMA

Moins d’investissements dans le réseau, plus de fuites futures. Dans son rapport, l’Onema souligne que la lutte contre les fuites passe avant tout  par le renouvellement des canalisations, dont la durée de vie est limitée. Ce que ne manque pas de souligner Philippe Maillard, le président de la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau, interrogé par Les Echos : "Nous sommes de plus en plus inquiets sur l’état du réseau d’eau, dont 50% datent d’avant 1970. Nous allons vers de graves problèmes dans quelques années si les services publics d’eau n’investissent pas davantage dans le renouvellement des canalisations vieillissantes". Et ce dernier d’ajouter que cela générerait de l’emploi et des économies à long terme. Sauf que cela suppose de sortir de l’argent aujourd’hui, dans un contexte de réduction des budgets.

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