Xavier Dolan : "la première fois, je ne savais pas où placer la caméra"

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Mathieu Charrier et
CANNES - Xavier Dolan est canadien, autodidacte. A 25 ans il a déjà réalisé cinq films. Son dernier, Mommy, est en compétition officielle. Europe 1 l’a rencontré. 

Dolan et Cannes. C’est le festival de Cannes qui l’a révélé en 2009.  Xavier Dolan, considéré comme le jeune prodige du cinéma, était alors venu présenter son premier film, J’ai tué ma mère, dans lequel il jouait le rôle principal. Mère et fils, en conflit ouvert, se manipulaient, culpabilisaient et cherchaient à recréer un lien. "Des ingrédients qui sont l’essence même du cinéma de Xavier Dolan", explique Mathieu Charrier, spécialiste cinéma à Europe 1. Dans ses films, il "explore les plaies de l’enfance, la violence sociale aussi dans Les amours imaginaires, ou encore la difficulté d’assumer son homosexualité dans Tom à la ferme". A chaque long-métrage, le mal-être est un dénominateur commun. C’est encore le cas de Mommy, son dernier film, avec lequel Xavier Dolan pourrait bien remporter la Palme. Avec son dernier film, le réalisateur offre d’ores et déjà au Québec sa première sélection à Cannes depuis dix ans. 

LE PITCH. Mommy raconte l’histoire d’une veuve qui hérite de la garde de son fils turbulent. "Cette mère caractérielle et mono-parentale, sans éducation, et sans aucune manière", raconte Xavier Dolan, "est aussi très attachante et très drôle". Elle hérite du jour au lendemain de la garde à temps plein de son fils, un adolescent impulsif et violent, qui était placé en centre correctionnel. Puis elle perd son emploi et la situation s’embourbe, jusqu’à l’intervention de la voisine d’en face, qui se propose de leur prêter main forte, bénévolement. Tout à coup, l’équilibre, fragile, est retrouvé…

Xavier Dolan et l'équipe du film prenaient la pose jeudi à Cannes : 

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Réalisateur prodige. Le jeune cinéaste québécois réalise un film par an et a déjà décroché huit prix. Xavier Dolan, pourtant, est un autodidacte. "Le premier plan, la première fois, je ne savais pas où placer la caméra. Je me disais…mais où ? Et puis dès le deuxième jour, je savais." Raconte Xavier Dolan au micro d’Europe 1. Il l’avoue sans détour : le cinéma, pour lui, est une nécessité. "Ce sont des besoins, des instincts, des réflexes, qui sont profondément ancrés en nous et puis on a besoin de les évacuer, de les exprimer, parce que sinon, on est très malheureux." Malgré les éloges, il garde la tête sur les épaules. "Vous savez, j’essaye juste de raconter des histoires sur lesquelles je n’ai pas trop l’impression de me casser la gueule. Des choses que je connais de près ou de loin." Mais le réalisateur de 25 ans ne manque pas d’ambition. "Tous les réalisateurs espèrent toujours gagner la Palme d’or", confie-t-il, "pour goûter à l’éternité". Si certains voient en lui l’héritier de Stanley Kubrick, lui préfère se réclamer de Gus Van Sant (Will Hunting et Harvey Milk) ou de Paul Thomas Anderson (The Master).

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De bon augure ? Le film, avant même sa présentation ce soir, a déjà été vendu dans une dizaine de pays, dont la France.