Cinéma : les stars ne gagneront bientôt plus des millions

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RÉVOLUTION - Le CNC veut dorénavant encadrer les aides accordées aux producteurs et donc, les salaires des têtes d'affiche françaises. 

Vincent Maraval avait ouvert les hostilités en 2012. Dans une tribune parue dans Le Monde, le fondateur de la société de distribution de films Wild Bunch, pointait du doigt l'absurdité de l'exception culturelle à la française : les films français sont "trop chers" et "les acteurs trop payés", alors qu'ils ne font pas recette. En cause : "le fameux système d'aide du cinéma français", fondé sur des subventions très importantes et qui paye toujours plus ses acteurs tandis que "même les plus gros succès commerciaux perdent de l'argent". Deux ans après la polémique, et un an après le rapport de René Bonnel, qui avait confirmé "les déficits chroniques" d'un cinéma français malade, il semblerait que le Centre National du Cinéma (CNC) ait décidé de réagir, comme le révèlent Les Echos. Les salaires des stars vont désormais être encadrés, pour éviter les dérives.

Ce qui va changer. Vincent Maraval était allé jusqu'à souffler une idée pour mettre fin à ce "scandale" : limiter le salaire à "400.000 euros par acteur - et peut-être un peu plus pour un réalisateur -, assorti d'un intéressement obligatoire sur le succès du film, le montant des cachets".

C'est ce qu'a mis en place le CNC. La politique de soutien public des films, jusque-là outrancière, aura désormais une limite : la rémunération des acteurs stars. Si celle-ci excède un certain pourcentage du budget global du film, le robinet sera fermé. Les films concernés sont ceux dont le coût artistique sera considéré comme "disproportionné", précise le CNC. Concrètement, pour les films se situant entre 7 et 10 millions d’euros, la rémunération la plus élevée ne pourra dépasser 5 % du devis. Au-delà, la rémunération maximale sera fixée à 990.000 euros, quel que soit le devis du film.

Des dérives trop importantes. Dans son rapport, René Bonnell, expliquait, début 2014, la nécessité de réformer le système, qui souffre d'un déficit structurel. Il en va de l'existence même du cinéma français au 21e siècle, selon l'expert. En effet, le volume financier attribué aux têtes d’affiche des films est passé de 49 millions en 2011 à 63 millions en 2012, soit une progression de près de 30 %, avait-il révélé. Les stars, qui cumulent parfois les casquettes (acteur, scénariste etc) empochent parfois entre un et deux millions d’euros par film.