Le Crocodile du Botswanga : une dictature africaine (presque) vraie

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avec Matthieu Charrier , modifié à
CINÉMA - Après le succès surprise de Case départ, une comédie sur l’esclavage, Thomas Ngijol et Fabrice Eboué reviennent dans une satire sur les dictatures africaines. 

C'est l'histoire d'une rencontre entre un dictateur africain imaginaire, un jeune footballeur à la recherche de ses origines et son agent, forcément cupide. Après le succès de Case départ, qui avait réuni presque 2 millions de spectateurs en 2011, Thomas Ngijol et Fabrice Eboué sont à l’affiche du Crocodile du Botswanga, une comédie mordante qui s’attaque aux dictateurs africains et aux relations ambigües qu'ils entretiennent avec leur propre peuple. Le parti-pris de ce film, en salles mercredi, c’est de n’épargner aucune communauté. 

Le dictateur inspiré de vrais despotes. Pour écrire ce film,  Fabrice Eboué, scénariste, interprète et co-réalisateur, s’est inspiré de dictateurs connus et d'anecdotes "bien réelles", regardant de nombreux documentaires : "on connaît les Bokassa, les Mobutu, les Amin Dada", explique-t-il, "et ils ont un point commun : ce sont souvent de grands enfants, presque attachants ", dit-il. "Ils sont aussi très souvent schizophrènes, et passent d’une certaine jovialité à un truc très dangereux en quelques secondes." Sa description rappelle celle du film de Kevin Macdonald, sorti en 2006, Le dernier roi d’Ecosse, qui montrait justement un Amin Dada charismatique et terrifiant, en proie à des sautes d’humeur effroyables, alors qu’il venait de s’emparer du pouvoir par un coup d’Etat en Ouganda. 

"Ces despotes ont souvent ", explique le réalisateur, "une personnalité paranoïaque et se trouvent sous l’influence de leurs femmes". 

La critique vise aussi le peuple et la Françafrique.Le Crocodile du Botswanga n’épargne pas les Africains, qu’il montre soumis à leurs chefs. "On ne se privera jamais d’user de la liberté d’expression française ", déclare Thomas Ngijol au micro d’Europe 1, " au contraire". Les auteurs livrent aussi une critique acerbe de la Françafrique. "François Hollande avait dit qu’il serait en rupture avec la Françafrique….Et pourtant il y a le Mali, la Centrafrique", remarque Fabrice Eboué. Mais tout est dit sur le ton de l'humour. Le dictateur du film, le président Bobo, a notamment trois crocodiles nommés… Jean-Marie, Marine, et Marion, comme les trois membres de la famille Le Pen. Si Fabrice Eboué voyait dans Case Départ, une comédie "classique et familiale", Le Crocodile du Botswanga, avec son humour noir, est nettement plus corrosif.