Faut-il se métamorphoser pour être oscarisé ?

A gauche, Christian Bale dans le film Batman Begins de Christopher Nolan versus Christian Bale dans American Bluff, de 	David O. Russell, à droite
A gauche, Christian Bale dans le film Batman Begins de Christopher Nolan versus Christian Bale dans American Bluff, de David O. Russell, à droite
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CINEMA – Certains acteurs opèrent des transformations spectaculaires pour entrer dans la peau d’un personnage : ont-ils plus que les autres décroché la statuette ? 

Tom Hanks, rachitique dans Philadelphia, Charlize Theron sans maquillage et avec  14 kg en trop et de fausses dents pour Monster, ou encore Marion Cotillard, le visage grimé dans La Môme : pour obtenir la reconnaissance du public, certains acteurs ne lésinent pas sur les moyens. Pertes de poids spectaculaires, prises de poids ultra-rapides, maquillages de plusieurs heures ou séances de musculation intensives les rendent méconnaissables. A ce jeu là, Christian Bale et Matthew McConaughey ne sont pas en reste. Les deux acteurs, métamorphosés dans deux films à l’affiche, sont d’ailleurs très bien placés pour les Oscars, dont la cérémonie se tiendra le 2 mars prochain à Los Angeles.

>>> Les métamorphoses physiques mènent-elles tout droit aux Oscars ? Europe 1.fr a étudié les listes des acteurs primés, depuis 1980.  

2 candidats sérieux pour les Oscars 2014. Christian Bale fait donc partie de ces acteurs qui ne reculent devant aucune métamorphose. Récompensé par un Golden Globe et nommé aux Oscars pour son rôle dans American Bluff,  sur les écrans mercredi, c’est peu dire qu’il n’apparaît pas sous son meilleur jour à l’écran : chemise ouverte sur un torse bedonnant, lunettes et barbe de trois jours. Robert De Niro ne l’aurait d’ailleurs pas reconnu sur le plateau, selon le réalisateur David O. Russell. Et pour cause : l’acteur a pris 18 kg pour incarner le truand du film.

Christian Bale

© Tobis Film

Coutumier des transformations physiques, celui qui a incarné le Batman de Christopher Nolan n’avait pas hésité à perdre 28 kg pour jouer un ouvrier en manque de sommeil dans Le machiniste, sorti en 2005. Un autre concurrent de poids est en ce moment à l’affiche de Dallas Buyers Club, sorti le 29 janvier : Matthew McConaughey s’est donné quatre mois pour suivre un régime draconien afin de ressembler à un malade du sida dans ce long métrage signé Jean-Marc Vallée. A ses côtés, Jared Leto a, quant à lui, perdu 13 kg.

7 acteurs oscarisés depuis 1980. Dans la catégorie Meilleur Acteur, ils sont trois à avoir subi une métamorphose pour un rôle qui les a mené vers l’Oscar depuis 1980. Robert De Niro dans Raging Bull : pour jouer la déchéance du héros- boxeur du film de Martin Scorsese, sorti en 1980, Robert De Niro accomplit la prouesse de prendre 30 kg en seulement quatre mois. Il reçoit l’Oscar du meilleur acteur l’année suivante. Vingt ans avant Dallas Buyers Club, Tom Hanks avait déjà reçu un Oscar pour son rôle de gay sidéen victime de discrimination dans Philadelphia.

En 2009, Sean Penn décroche l’oscar pour son rôle dans Harvey Milk : si la transformation physique n’est pas spectaculaire, l’acteur porte tout de même une prothèse nasale, de fausses dents et des lentilles de contact. Le score est à peu près le même dans la catégorie des seconds rôles : on notera un Oscar pour George Clooney dans Syriana en 2006. L’acteur avait dû prendre plus de 15 kg en un mois. Heath Ledger, aujourd’hui décédé, a également décroché un Oscar pour son second rôle dans The Dark Night, le thriller de Christopher Nolan. Il est méconnaissable à l’écran,  sous son maquillage. Enfin Christian Bale - encore lui- décroche l’Oscar pour un second rôle dans Fighter, sorti en 2010.  Il incarnait un champion de boxe déchu et avait accepté là encore de perdre beaucoup de poids.

7 actrices oscarisées depuis 1980. Du côté des femmes, les transformations pour les rôles ont été payantes, surtout autour des années 2000.  C’est Nicole Kidman qui ouvre le bal alors qu’elle incarne la grande romancière Wirginia Woolf à l’écran. Si la métamorphose physique n’est pas spectaculaire, elle suffit à créer quelque chose : l’actrice est flanquée d’un faux nez.

Kidman

Une métamorphose nettement plus frappante : celle de Charlize Theron, dans The Monster. Pour interpréter le rôle d’une tueuse en série, qui lui vaudra l’Oscar en 2004, l’actrice n’a pas hésité à prendre 15 kg, à porter de fausses dents et un masque en latex.

Charlize-Theron

En 2007, Helen Mirren décroche à son tour l’Oscar pour son interprétation dans The Queen. L’actrice est vieillie et étudie la gestuelle de la reine Elisabeth II. L’année suivante, Marion Cotillard impressionne pour son jeu dans La Môme, sur la vie d’Edith Piaf, pour lequel elle décroche aussi l’Oscar. L’actrice a dû supporter de lourdes séances de maquillages et accepter un rasage partiel du crâne. A noter aussi, la transformation de Kate Winslet à la fin du film The Reader, dans lequel elle apparaît notablement vieillie. L’actrice décroche l’Oscar en 2009. En 2011, Nathalie Portman décroche la statuette pour son rôle de danseuse dans Black Swan. Même si la transformation n’est pas flagrante, l’actrice a tout de même perdu beaucoup de poids : près de 10 kg. En 2012, c’est au tour de Meryl Streep de remporter l’Oscar. Pour incarner Margaret dans La Dame de Fer, l’actrice porte un masque en caoutchouc, des dents sur mesure et un faux-nez. Et pour peaufiner le tout : on lui a ajouté…quelques tâches de vieillesse. 

Les rôles excessifs, rôles à Oscar. Selon l’historien du cinéma Daniel Chocron, certains réalisateurs écrivent leurs scénarios autour de "rôles à Oscar". Hollywood, explique l’expert, "recherche les  personnages excessifs, au destin hors du commun, ou sulfureux : "un drogué, ou un truand, un homosexuel, ou un handicapé. "Les rôles connotés sont particulièrement prisés, à l’image du personnage emblématique campé par Léonardo DiCaprio dans Le Loup de Wall Street.  On aime ces vies hors-normes, ces personnages extravagants. " L'outrance fait partie des critères et cette course à la performance est effectivement récompensée par Hollywood. Les acteurs sont encouragés à "en faire des tonnes". 

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