Affaire Raddad : "le doute omniprésent"

Le doute "n’a pas profité à l’accusé" Omar Raddad affirme Roschdy Zem
Le doute "n’a pas profité à l’accusé" Omar Raddad affirme Roschdy Zem © MAX PPP
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avec Nicolas Poincaré , modifié à
Pour le réalisateur Roschdy Zem, il n’y a pas de preuve établie de culpabilité d’Omar Raddad.

C'est l'histoire d'un doute. Doute qui n'a pas profité à Omar Raddad accusé en juin 1994, d'avoir assassiné Ghislaine Marchal, dans sa villa de Mougins. Pour Roschdy Zem, réalisateur du film Omar m’a tuer, sur les écrans mercredi, trop d'éléments du dossier n'ont pas été exploités comme ils l'auraient dû. Une charge précise, très documentée même s'il se défend de plaider l'innocence du jardinier marocain.

Selon le comédien, passé derrière la caméra, "on a mis l’accent sur la faute d’orthographe". "Ce qu’il faut rappeler aux gens c’est que le film s’appelle Omar m’a tuer mais il aurait pu s’appeler Omar m’a t. parce qu’il y a eu deux inscriptions", souligne Roschdy Zem sur Europe 1.

La faute d'orthographe a "masqué" le reste

"Les deux à 6 mètres de distance. Elle [Ghislaine Marchal, NDLR] a écrit deux fois. Entre les deux inscriptions aucune trace de sang, c'est-à-dire qu’elle a réussi à se déplacer malgré ses 15 coups de couteau qui laissaient beaucoup de sang, abondant en tout cas", poursuit-il.

"Le fait de s’être focalisé sur cette faute d’orthographe a permis de masquer la faiblesse de tout le reste", estime le réalisateur. "On a tous fait l’expérience avec mon équipe d’écrire dans le noir sans que les lettres ne se superposent et surtout à distance régulière, c’est quasiment impossible", argumente Roschdy Zem. "Essayez chez vous. Faites une lettre avec votre doigt et puis ensuite, allez repiocher du sang dans le noir, vous perdez le repère sur la porte donc forcément il est très difficile ensuite de faire une inscription rectiligne", souligne-t-il.

"Ce n’est qu’un des nombreux détails qui permettent le doute. Le doute est omniprésent dans ce dossier. C’est un doute qui n’a pas profité à l’accusé", ajoute-t-il.

"C’est un doute qui n’a pas profité à l’accusé" :

Un doute également permis par "ceux qui accusent Omar Raddad". "Quand un chef de gendarmerie se permet de détruire une pièce à conviction aussi importante soit elle, en l’occurrence un appareil photo avec les dernières photos prises par la victime, qu'il se permet de les développer et ensuite de les détruire sans que personne puisse les voir et constater par lui-même, ça s’appelle une destruction de pièce à conviction", note Roschdy Zem.

"Je plaiderais pour l’acquittement"

"Quand le juge d’instruction permet l’incinération du corps, quatre jours après les faits, sans attendre le rapport d’autopsie, on se dit qu’il y a une urgence qui permet de se poser des questions", rappelle encore l'acteur-réalisateur. "Le juge d’instruction qui pour info a été ensuite, dans une autre affaire, révoqué par le Conseil supérieur de la magistrature pour des magouilles internes, faux et usage de faux etc. Donc, en plus, il se trouve que Monsieur Raddad n’a pas été confronté à des gens qui faisaient honneur à leur profession", conclut-il.

Pour raconter ce fait-divers, Roschdy Zem s'est nourri du récit autobiographique d'Omar Raddad, Pourquoi moi ? mais aussi l'enquête de l'écrivain Jean-Marie Rouart, Omar, la construction d'un coupable, incarné à l'écran par Denis Podalydès. Il a également longuement rencontré les protagonistes de l'affaire, les avocats du jardinier et de la partie civile, consulté les PV de gendarmerie, les rapports du procès.

Roschdy Zem se défend pourtant de plaider pour l'innocence d'Omar Raddad, condamné à 18 ans de réclusion, avant d'être partiellement gracié en 1996. "Il faut juste rappeler à nos auditeurs qu’il n’y a pas de preuve établie contre Omar Raddad", insiste le réalisateur. "Il a été condamné uniquement sur la conviction intime aux vues d’un dossier auquel j’ai eu accès, en tout cas dans ses grandes lignes. Au vu de ce dossier, je plaiderais pour l’acquittement".