A droite de la droite américaine

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François Clemenceau , modifié à
La Convention des "Tea Parties" qui s'ouvre ce jeudi à Nashville est un test très sérieux pour la droite américaine. Mais aussi pour Obama.

Nashville, le temple de la Country Music, accueille jusqu'à samedi soir les délégués de toutes les "Tea Parties" qui se sont créées depuis le mois d'avril dernier. Comme leurs ancêtres de 1773, il s'agit de mouvements, de groupuscules ou de commandos qui dénoncent la place de l'Etat dans la société américaine. Il y a deux siècles et demi, c'était la Couronne Britannique et ses législateurs colonialistes qui étaient visés, aujourd'hui c'est Obama "le socialiste", le nouvel "Allende" qui veut faire des Etats-Unis un nouveau Chili, comme viendra la clamer très sérieusement l'une des oratrices au cours de la Convention.

Pourquoi cet évènement est-il à prendre au sérieux ? Comme l'écrivait ce mercredi dans le Washington Post le professeur d'histoire française à l'Université de Houston Robert Zaretsky, les Tea Parties ressemblent étrangement au mouvement Poujadiste des années 50. Même haine de l'Etat "taxeur", même dégoût pour le "parlementarisme corrompu", même méfiance vis à vis des étrangers ou de la différence (hier Mendès France, aujourd'hui Obama) et même excitation à franchir la ligne jaune légale qui sépare l'activité politique de l'activisme rebelle.

Par ces temps de primaires visant à désigner les candidats aux postes de gouverneurs, de sénateurs ou de Représentants pour les élections de mi-mandat de novembre prochain, les voix des Tea partiers se font entendre. En Floride, c'est le gouverneur républicain plutôt modéré Charles Crist qui se fait déborder sur sa droite par le jeune loup populiste Marc Rubio pour aller au Sénat. En Arizona, c'est ce bon vieux John McCain qui se fait tamponner par l'animateur de talk show radio de l'ultra-droite locale pour se faire réélire. Partout, ceux que les conservateurs dénigrent comme étant des RINOs (Republicans in name only) vont devoir affronter une opposition de droite.

On leur reprochera tour à tour à ces RINOs d'avoir été mous du genou dans leur opposition au Plan de Relance, de ne pas être suffisamment fermes sur l'immigration, d'être trop modérés sur le droit à l'avortement mais surtout d'avoir donné l'accolade au Président Obama, un homme qui n'aurait jamais du être élu, puisque selon la majorité des Tea Partiers, il n'est pas de nationalité américaine (c'est toute la parano autour de son certificat de naissance qui aurait été falsifié...).

Sarah Palin présidera la cérémonie de clôture et le banquet final de cette Convention samedi soir. Dans USA Today hier, elle expliquait pourquoi elle se rangeait aux côtés de ces patriotes de bon sens et sur Fox News (détenteur de l'exclusivité du "live" de ce speech) elle ne désespérait pas récemment de faciliter la fusion entre les Tea Partis et le Parti Républicain. Encore faudrait-il que les uns comme les autres en ressentent le besoin, ce qui est loin d'être démontré. Mieux vaut pour certains coller aux thèmes des Tea partiers. C'est le cas de McCain qui, en moins de quinze jours, a voté contre tout ce que proposait le camp démocrate au Sénat, qu'il s'agisse de la Commission bipartisane pour faire baisser le déficit fédéral, du projet d'abrogation de la loi de reconnaissance de l'homosexualité dans l'armée ou de son refus de prolonger le mandat de Ben Bernanke à la tête de la Fed.

Pour Obama comme pour les démocrates, attention. Ce n'est pas parce que la droite classique est gênée aux entournures par ce sursaut organisé de l'ultra-droite qu'il faut se frotter les mains. Les centristes démocrates sont pour beaucoup dans la même posture dans leur circonscription face à des candidats de gauche qui les accusent de trahison sur la réforme de la santé ou la loi Climat.

Tout cela est à suivre comme le lait sur le feu...

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