Bac 2014 : les sujets de philosophie par série

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et Fabien Cazeaux , modifié à
COUP D'ENVOI - Découvrez les sujets de philosophie sur lesquels ont planché les candidats des séries générales, lundi 16 juin 2014.

La philosophie a donné le coup d'envoi des épreuves écrites du baccalauréat général 2014, lundi 16 juin 2014. Un coup d'envoi différé pour quelques milliers de candidats dont le trajet jusqu'au centre d'examen a été perturbé par les grève SNCF.

Que leurs parents soient rassurés, les retardataires bénéficient du même temps de composition que leurs camarades arrivés à l'heure. "On prévoit que si des candidats devaient arriver avec une heure de retard, ils puissent voir leur composition se prolonger d'une heure de façon à ce qu'il puissent passer l'examen dans des conditions identiques à celles d'un examen normal", avait annoncé Benoît Hamon, le ministre de l'Education nationale, jeudi dernier.

Voici donc les sujets sur lesquels ils ont planché, selon leur série :

• Les sujets de la série L

Les œuvres d'art éduquent-elles notre perception ?

Doit-on tout faire pour être heureux ?

Ou, expliquer le texte suivant :

J’ai traité le déterminisme physique de cauchemar. C’est un cauchemar parce qu’il affirme que le monde entier, avec tout ce qu’il contient, est un gigantesque automate, et que nous ne sommes rien d’autre que des petits rouages, ou des sous-automates dans le meilleur des cas. Il détruit ainsi, en particulier, l’idée de créativité. Il réduit à l’état de complète illusion l’idée que, dans la préparation de cette conférence, je me suis servi de mon cerveau pour créer quelque chose de nouveau. Ce qui s’est passé là, selon le déterminisme physique, c’est que certaines parties de mon corps ont tracé des marques noires sur un papier blanc, et rien de plus : tout physicien disposant d’une information suffisamment détaillée pourrait avoir écrit ma conférence grâce à cette méthode très simple : prédire les endroits précis où le système physique composé de mon corps (y compris mon cerveau, bien sûr, et mes doigts) et de mon stylo tracerait des marques noires.

Ou, pour utiliser un exemple plus frappant : si le déterminisme physique est correct, alors un physicien complètement sourd, qui n’aurait jamais entendu de musique de sa vie, pourrait écrire toutes les symphonies et tous les concertos de Mozart ou de Beethoven, au moyen d’une méthode simple, qui consisterait à étudier les états physiques précis de leur corps et à prédire où ils traceraient des marques noires sur leur  portée. Et notre physicien sourd pourrait même faire bien mieux : en étudiant les corps de Mozart et de Beethoven avec assez de soin, il pourrait écrire des partitions qui n’ont jamais été réellement écrites par Mozart ou Beethoven, mais qu’ils auraient écrites si certaines circonstances de leur vie avaient été différentes – s’ils avaient mangé, disons, de l’agneau au lieu de poulet et bu du thé au lieu de café.

POPPER, La Connaissance objective, 1972.

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• Les sujets de la série ES

Suffit-il d'avoir le choix pour être libre ?

Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?

Ou, expliquer le texte suivant :

La différence décisive entre les outils et les machines trouve peut-être sa meilleure illustration dans la discussion apparemment sans fin sur le point de savoir si l'homme doit « s'adapter » à la machine ou la machine s'adapter à la « nature » de  l'homme. (…) Pareille discussion ne peut être que stérile : si la condition humaine consiste en ce que l'homme est un être conditionné pour qui toute chose, donnée ou fabriquée, devient immédiatement condition de notre existence ultérieure, l'homme s'est « adapté » à un milieu de machines dès le moment où il les a inventées. Elles sont certainement devenues une condition de notre existence aussi inaliénable que les outils aux époques précédentes. L'intérêt de la discussion à notre point de vue tient donc plutôt au fait que cette question d'adaptation puisse même se poser. On ne s'était jamais demandé si l'homme était adapté ou avait besoin de s'adapter aux outils dont il se servait : autant vouloir l'adapter à ses mains. Le cas des machines  est tout différent. Tandis que les outils d'artisanat, à toutes les phases du processus de l'oeuvre, restent les serviteurs de la main, les machines exigent que le travailleur les serve et qu'il adapte le rythme naturel de son corps à leur mouvement mécanique. Cela ne veut pas dire que les hommes, en tant que tels, s'adaptent ou s'asservissent à leurs machines ; mais cela signifie bien que, pendant toute la durée du travail à la machine, le processus mécanique remplace le rythme du corps  humain. L'outil le plus raffiné reste au service de la main qu'il ne peut ni guider ni remplacer. La machine la plus primitive guide le travail corporel et éventuellement le remplace tout à fait.

Hannah ARENDT, Condition de l’homme moderne (1958)

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• Les sujets de la série S

Vivons nous pour être heureux ?

L'artiste est-il maître de son œuvre ?

Ou, expliquer le texte suivant :

On voit clairement pourquoi l’arithmétique et la géométrie sont beaucoup plus certaines que les autres sciences : c’est que seules elles traitent d’un objet assez pur  et simple pour n’admettre absolument rien que l’expérience ait rendu incertain, et qu’elles consistent tout entières en une suite de conséquences déduites par raisonnement. Elles sont donc les plus faciles et les plus claires de toutes, et leur objet est tel que nous le désirons, puisque, sauf par inattention, il semble impossible à l’homme d’y commettre des erreurs. Et cependant il ne faut pas s’étonner si spontanément beaucoup d’esprits s’appliquent plutôt à d’autres études ou à la philosophie : cela vient, en effet, de ce que chacun se donne plus hardiment la liberté d’affirmer des choses par divination dans une question obscure que dans une question   évidente, et qu’il est bien plus facile de faire des conjectures sur une question quelconque que de parvenir à la vérité même sur une question, si facile  qu’elle soit.

De tout cela on doit conclure, non pas, en vérité, qu’il ne faut apprendre que l’arithmétique et la géométrie, mais seulement que ceux qui cherchent le droit chemin de la vérité ne doivent s’occuper d’aucun objet, dont ils ne puissent avoir une certitude égale à celle des  démonstrations de l’arithmétique et de la géométrie.

 DESCARTES, Règles pour la direction de l’esprit, 1628.

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PROGRAMME - Le calendrier des épreuves par série

AU CAS OU - Les retards liés à la grève seront compensés

GREVE - Le bac aurait-il pu être reporté ?

ÉDUCATION - La philo peut-elle préparer les élèves au monde du travail ?