Téléphone au volant, danger au tournant

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Aude Leroy et
EXCLU E1 - Une étude montre que les automobilistes qui téléphonent au volant perdent 50% de leur champ de vision.

Il est prouvé que conduire tout en téléphonant est dangereux, mais une vaste étude scientifique financée par Vinci et révélée vendredi par Europe 1 apporte plus de précisions puisqu’elle a disséqué le comportement de 3.500 conducteurs. Il en ressort que les conducteurs réduisent de moitié leur champ de vision lorsqu’ils roulent tout en téléphonant. Or un Français sur deux admet passer un coup de fil au volant.

L’oreillette ne règle qu’une partie du problème. Les conducteurs comprennent bien pourquoi il est interdit de conduire téléphone à la main, puisqu’il est évident que l’automobiliste n’a alors plus qu’une seule main libre pour le volant. D’où l’utilisation de plus en plus fréquente des oreillettes et autres kits mains libres.

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Sauf que, même avec cet accessoire, les conducteurs sont bien moins attentifs : dès que la conversation est au téléphone, l’automobiliste perd 50% de son champ de vision. L'étude montre que les yeux se figent, qu'ils ne balaient plus le paysage, que le débit de parole s'accélère, que le conducteur répond du tac au tac, etc. Autant de preuves qui révèlent qu’il est alors focalisé sur la conversation et non plus sur la route.

Parler au téléphone et parler à son voisin n’ont pas les mêmes effets. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, une conversion au téléphone, même avec une oreillette, n’a rien à voir avec une discussion entre passagers.

"La conversation avec quelqu’un au téléphone demande beaucoup plus de ressources attentionnelles, dans la mesure où la personne qu’on a au téléphone ne sait pas ce qu’il se passe dans l’environnement. Alors que le passager, d’une certaine manière, conduit avec vous, voit les dangers et adapte le débit et la conversation à ce qui se passe dans l’environnement", détaille le professeur André Dufour, chercheur à l'université de Strasbourg.

Ce que change "l’effet téléphone". Et pour ceux qui auraient encore un doute, les chiffres parlent d’eux-mêmes : les conducteurs qui téléphonent débordent plus souvent de leur voie, sont deux fois plus lents à doubler comme à se rabattre. Le délai de réaction est aussi modifié : au téléphone à 130km/h, il vous faudra 100 mètres de plus avant que votre cerveau intègre qu'il faut freiner.

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