Rapport Gallois : La France au pied du mur !

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Que dit véritablement le rapport Gallois ?

Tout le monde en parle... Tout le monde le critique... Mais qui l'a vraiment lu ? Qui a lu le rapport Gallois ? Qui a lu les 74 pages du 'Pacte pour la compétitivité de l'industrie française ? Commandé par le Premier Ministre en juillet dernier, ce rapport part d'une constatation élémentaire confirmée par bien des indicateurs statistiques : "la compétitivité de l'industrie française régresse depuis 10 ans et le mouvement semble s'accélérer". Que doit donc faire la France pour recouvrer cette compétitivité perdue ? Petit avertissement introductif de l'auteur pour d'éventuelles âmes lascives : "La France devra accomplir des efforts, manifester une grande persévérance dans l'action. Cela prendra du temps même si de premiers résultats peuvent être obtenus assez rapidement. Cela suppose un fort consensus au sein de la communauté nationale sur la nécessité de cette reconquête et de l'effort nécessaire". Le rapport Gallois serait-il une version moderne et peu poétique des célèbres vers de Jean de La Fontaine : "Travaillez, prenez de la peine : c'est le fonds qui manque le moins" ? Possible... Indiscutablement, la France devra labourer pour instaurer ce "pacte de confiance que le pays doit nouer avec lui-même". Décryptage... Une industrie prise en étau Dans un pays en décrochage industriel, dont l'industrie est "prise en étau entre d'une part, l'industrie allemande" et d'autre part, des pays émergents et d'Europe du sud et de l'est à plus faibles coûts unitaires de production, comment la France peut-elle durablement s'affirmer ? Afin de conserver des prix compétitifs, ses industriels ont été contraints de rogner leur marges. De plus, "la productivité globale des facteurs n'a pas progressé en France au cours de la dernière décennie du fait de l'insuffisance d'investissements de productivité (...) et d'innovation dans le processus de production". En fait, "cette 'prise en tenaille', particulièrement sensible depuis la fin des années 90, n'a pu se réaliser que parce que notre industrie faisait face à des faiblesses structurelles", notamment le poids de la fiscalité lié au niveau élevé des dépenses publiques. Trois points forts aux blocages Première source de faiblesse : la recherche, l'innovation et la formation sont "mal articulées avec l'industrie". Second problème : les flux de financement sont "insuffisamment orientés vers le tissu industriel. "Signe préoccupant, la collecte de capital investissement régresse" tandis que l'essentiel de l'épargne, est "mobilisée vers le financement du logement social". Troisième insuffisance : "le tissu industriel est insuffisamment solidaire". En France, "le dialogue social est insuffisamment productif" et le marché du travail fonctionne mal. Des atouts de reconquête La France a, peut-être, la tête sous l'eau, mais n'en est pas pour autant la noyée de l'année ! Malgré l'urgence, "le redressement est possible. La France a "des atouts forts qu'elle doit valoriser à l'image de ses pôles d'excellence mondiaux comme : l'industrie culturelle, le luxe, la pharmacie, l'industrie aéronautique et aérospatiale, l'industrie nucléaire, le tourisme. La France est aussi une terre d'émergence de PME innovantes dont le problème est de grandir sans se faire racheter. La France doit aussi s'appuyer sur sa recherche "reconnue mondialement", mais "insuffisamment articulée avec le tissu productif. Autres atouts : la productivité horaire du travail en France est l'une des plus fortes d'Europe ; le prix de l'énergie électrique pour l'industrie est relativement bas ; les infrastructures et les services publics sont de qualité dans un pays de bonne qualité de vie. "Avec de tels atouts, il n'y a aucune raison que la France ne puisse pas réussir la reconquête de sa compétitivité industrielle. Aucune fatalité ne nous condamne à la désindustrialisation. Notre pays a toutes les capacités à être une terre d'industrie, dès lors qu'il se mobilise sur cet objectif" estime Louis Gallois. La France à l'heure des choix L'industrie française doit donc s'affirmer en sortant de sa position, dans la tenaille entre les industries haut de gamme et les industries à bas coûts. "Elle ne pourra le faire qu'en montant en gamme et en travaillant sur sa structure de coûts pour dégager les marges nécessaires". Louis Gallois suggère ainsi trois supports de réflexion sur lesquels s'appuient les 22 propositions de son rapport. D'une part, il s'agit de "Jouer la montée en gamme, l'innovation et la productivité". D'autre part, il convient très logiquement de "S'appuyer sur ce qui marche". Enfin, il s'agit de "Renforcer les partenariats et les synergies entre tous les acteurs de l'industrie". A suivre... Partie II - Rapport Gallois : des mesures pour stimuler la montée en gamme des industries