Les viticulteurs se battent pour protéger leurs domaines sur Internet

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www.boursier.com , modifié à
Les suffixes ".vin" et ".wine" ont été mis aux enchères, menaçant de nuire à l'image des producteurs français.

Sur internet, les noms de domaines ".vin" et ".wine" sont très convoités. Or, ces suffixes viennent d'être mis aux enchères par l'Icann, l'organisme d'origine américaine qui gère l'attribution des noms de domaine sur Internet ! Cette vente au plus offrant scandalise les viticulteurs français, qui craignent de perdre le contrôle de leur image et de subir une hausse de la fraude en ligne sur leurs produits. Les producteurs de vin d'appellation contrôlée réclament la suspension de la vente aux enchères, qu'ils assimilent à un racket. Dans leur combat, ils peuvent compter sur le soutien de la secrétaire d'Etat chargée du Numérique, Axelle Lemaire, qui s'est emparée du dossier. Selon 'Les Echos' du jour, Mme Lemaire aurait même menacé de quitter le bureau de l'Icann, en estimant avoir le soutien de l'Espagne, l'Italie le Portugal la Norvège et le Danemark. Un risque accru de fraude aux appellations et de "cybersquatting". L'enjeu est de taille et le temps presse, car la décision finale de l'Icann est prévue demain soir, et trois sociétés se sont manifestées pour acheter les ".vin" et ".wine". Il s'agit du groupe américain Donuts, de l'irlandais Afilias et d'une troisième société basée à Gibraltar, qui seraient tous prêts à faire monter les enchères au-dessus de 8 millions d'euros. Or, si l'un de ces groupes décroche ces extensions, il pourra revendre les noms de domaine de second niveau (bordeaux.vin, cotesdeprovence.wine, pauillac.vin ou château-moutonrothschild.vin) au plus offrant, sans tenir compte des protections juridiques qui encadrent en Europe les appellations d'origine contrôlée. Interrogé par 'Les Echos', Philippe Pellaton, président de l'appellation côte-du-rhône et secrétaire général de la Confédération nationale des AOC (Cnaoc), dénonce "racket mondial sur nos propriétés qui se prépare au niveau mondial". Et le directeur de la fédération des AOC du Sud-Est, Alexandre Imbert, s'insurge contre le risque d'une "amplification du phénomène de détournement de notoriété, fraude aux appellations, vente de produits sans aucun lien avec l'appellation et cybersquatting". Pas de droit de préemption pour les producteurs Depuis des semaines, les producteurs français ont tenté, en vain d'obtenir un droit de préemption sur les extensions viticoles liées aux exploitants AOC, mais l'Icann leur a opposé une fin de non-recevoir en jugeant qu'internet est un espace commercial libre... En cas d'échec des négociations avec l'Icann, la Cnaoc et son homologue européen Efox font désormais du lobbying pour obtenir le feu vert de la Commission européenne à l'installation d'une plate-forme technique pour bloquer les sites en ".wine" et ".vin", qui contreviendraient aux appellations... En France, non moins de 293 terroirs sont classés (et 459 en comptant les indications viticoles) regroupant 1.250 dénominations géographiques (communes ou lieux-dits) et 2.889 produits ou dénominations de cépage. L'appellation d'origine contrôlée, (AOC), qui permet de classer la qualité des vins, a été créée en France en 1935 et est reconnue sur le plan international depuis 1958. Elle représente les deux tiers du vignoble de l'Hexagone !