Les possibilités pour l'Espagne de renflouer son secteur bancaire, de plus en plus minces !

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www.boursier.com , modifié à
Pour financer Bankia, l'Etat envisagerait de faire appel au marché mais les taux espagnols sont au plus haut...

Les événements se bousculent à Madrid ces dernières heures, où le gouvernement a entamé une course contre la montre pour tenter de refinancer sans aide extérieure son secteur bancaire et ses régions surendettées... Depuis l'aveu, vendredi, par la banque Bankia d'un besoin de financement supplémentaire de 19 Milliards d'Euros, portant à plus de 23 Mds l'aide d'Etat requise, les taux d'intérêts sur la dette espagnole se sont tendus, atteignant jusqu'à 6,5% sur le papier à 10 ans, non loin des 7% qui avaient déclenché les plans de soutien de l'Europe et du FMI à la Grèce et au Portugal. Et l'écart avec les taux allemands de même maturité (la fameuse "prime de risque") a désormais dépassé le niveau record de 5%, reflétant toute la défiance des marchés vis-à-vis de Madrid... Autre signe des tensions régnant actuellement entre les dirigeants espagnols : le gouverneur de la Banque d'Espagne, Miguel Angel Fernandez Ordonez, a fait savoir hier qu'il abandonnera ses fonctions 10 juin prochain, soit un mois avant la fin de son mandat. Nommé par l'ancien gouvernement socialiste, M. Ordonez faisait l'objet de critiques croissantes sur son incapacité à prévenir et gérer la crise bancaire... Selon les observateurs, les chances de Madrid de parvenir à renflouer seule son secteur bancaire semblent désormais de plus en plus minces... Ainsi, la BCE aurait rejeté hier la principale option envisagée par le gouvernement de Mariano Rajoy. Il s'agissait de recapitaliser Bankia, la 4ème banque du pays, à travers une injection d'obligations d'Etat, que la banque aurait pu troquer ensuite auprès de la BCE dans le cadre des facilités de crédit à trois mois accordées par la banque centrale... Mais la BCE aurait jugé ce tour de passe-passe inacceptable, rapportent des sources citées ce matin par le 'Financial Times'. Elle estimerait que Bankia a besoin d'une augmentation de capital en bonne et due forme, et que le mécanisme imaginé par Madrid se rapproche trop du financement par la BCE d'un gouvernement, ce qui lui est interdit par ses statuts... Tard hier soir, des sources proches de Madrid affirmaient que l'Espagne envisageait désormais de faire appel au marché pour financer Bankia, ce qui risque d'être très difficile dans le contexte actuel de tension sur les taux qui pointent à 5,85% sur le 10 ans ce matin... De plus, les marchés craignent que Bankia ne soit que la partie émergée de l'iceberg, les mauvaises créances immobilières des banques espagnoles étant estimées au total à quelque 200 Milliards d'Euros ! Les analystes ont calculé jusqu'ici les besoins de recapitalisation des banques espagnoles à 50, voire 60 MdsE, auxquels s'ajoute le problème des quelque 35 MdsE de dettes des régions autonomes espagnoles (dont 13 MdsE pour la seule Catalogne). Les régions, qui ne parviennent plus à trouver des capitaux sur les marchés, auront ainsi besoin d'une garantie de l'Etat pour se refinancer. Dans ces conditions, la probabilité que l'Espagne soit contrainte, pour soutenir son secteur bancaire et ses régions, d'avoir recours au Fonds européens de stabilité financière (FESF) ou au Mécanisme européen de stabilité (MES) qui entrera en vigueur en juillet, semble de plus en plus probable... Madrid, qui milite pour que la BCE soit dotée d'une mission de prêteur en dernier ressort, et voudrait que l'institut émetteur relance son programme de rachat d'obligations d'Etat, s'oppose toujours pour le moment à toute aide directe extérieure à l'Etat espagnol, refusant d'être assimilé à la Grèce, l'Irlande et le Portugal. Madrid demande en revanche que le statut du MES soit remanié pour lui permettre de prêter directement aux banques...