Mandela, héros du rugby sud-africain

© REUTERS
  • Copié
avec AFP , modifié à
HOMMAGE - La Fédération sud-africaine et d'anciens joueurs ont salué la mémoire de "Madiba".

Cela restera comme l'une des images fortes de la présidence de Nelson Mandela : le leader du Congrès national africain (ANC), vêtu d'un maillot des Springboks, remet le trophée Webb-Ellis à un Afrikaner, François Pienaar, après la victoire aux dépens de la Nouvelle-Zélande en finale de la Coupe du monde de rugby 1995 (15-12).

L'Afrique du Sud remporte le Mondial 1995 :

Mandela avec une casquette (930x1240)

© REUTERS

"Ce fut ma grande chance et un privilège de recevoir le trophée Webb-Ellis des mains de Madiba", a réagi François Pienaar au lendemain de la mort du leader sud-africain, disparu jeudi à l'âge de 95 ans. "Cela reste une image iconique de succès national, d'unité et de réconciliation qui résonne chez tous les Sud-Africains." En s'affichant ainsi en supporter de l'équipe de rugby, sport longtemps réservé aux Blancs, le président sud-africain entendait œuvrer à la grande réconciliation nationale. A tel point que la victoire de l'Afrique du Sud aux dépens des Blacks de Jonah Lomu, arrachée durant la prolongation et contestée par la suite par certains membres de l'encadrement néo-zélandais (l'hypothèse d'un empoisonnement des Blacks a même été soulevée), symbolisa l'émergence d'une nation arc-en-ciel, cinq ans après la libération de Nelson Mandela et un an seulement après son accession à la présidence.

Un épisode historique adapté à Hollywood

L'histoire de ce triomphe est tellement belle - en demies, les Boks avaient frôlé l'élimination face aux Bleus; Chester Williams, premier joueur noir à intégrer l'équipe depuis la fin du régime d'apartheid, fut rappelé pour les quarts de finale et inscrivit quatre essais contre les Samoa - que Clint Eastwood en a fait un film, Invictus, sorti en 2009.

Pendant ses années de prison, Nelson Mandela, boxeur dans sa jeunesse, a beaucoup lu sur le rugby. "Il a appris tout ce qu'il pouvait sur ce sport, toutes les coulisses et ses moments-clés. Et c'est comme ça qu'on a commencé à échanger", a raconté un de ses geôliers, Christop Brand, au quotidien britannique The Independent, en 2009. C'est aussi comme ça que Nelson Mandela a pris conscience de l'impact que pourrait avoir le Mondial de rugby, premier grand événement international organisé dans l'Afrique du Sud post-apartheid.

L'hommage de la Fédération sud-africaine

"Grâce à son extraordinaire vision, il (Nelson Mandela) a réussi à faire de la Coupe du monde 1995 un instrument pour favoriser l'émergence d'une nation, juste un an après les premières et historiques élections démocratiques en Afrique du Sud", a relevé Oregan Hoskins, président de la Fédération sud-africaine de rugby (SARU). "M. Mandela a également été déterminant dans la conservation du Springbok comme emblème de notre équipe nationale au moment où des voix s'élevaient pour modifier ce symbole pour diverses raisons." Quatorze ans après, le triomphe du 24 juin 1993 reste dans toutes les mémoires, alors que l'Afrique du Sud a depuis remporté un deuxième trophée mondial, en 2007, en France, contre l'Angleterre.

La Fédération sud-africaine rend hommage à "Madiba" :

Aujourd'hui dirigeant de la province des Sharks, John Smit, capitaine de l'équipe championne du monde en 2007, a raconté l'émotion particulière qu'il avait ressentie au contact de "Madiba". "Je l'ai rencontré pour la première fois avant mon tout mon premier test en 2000 et j'étais plus nerveux de rencontrer ce grand homme que de faire mes débuts avec les Springboks", raconte-t-il dans des propos repris sur le site de la Fédération. "Il a pris conscience de ça, il a souri et m'a pris dans ses bras. C'était si facile de parler avec lui."

Smit avec Mandela (930x465)

© REUTERS

L'émotion étreint également les joueurs actuels. "Le souvenir qui me restera de "Madiba" est celui d'une personne qui avait une grande capacité à rassembler", insiste Jean de Villiers, capitaine des Boks vainqueurs au Stade de France le 23 novembre dernier (19-10). "Sa présence lors des matches internationaux transportait la foule et donnait de l'énergie à l'équipe. C'est difficile à décrire."  La prochaine rencontre des Boks devrait être empreinte d'une émotion bien particulière...

sur le même sujet

L'INFO - Nelson Mandela est mort

FOOT - Le Mondial pleure Mandela

PORTRAIT - Nelson Mandela, "Madiba" le bien aimé

TEMOIGNAGE E1 - "Mandela n’a pas eu de pain pendant 12 ans"