Le système ADAMS, une arme anti-dopage

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Ce système de localisation peut s’avérer contraignant pour les athlètes. Explications.

Trois coureurs cyclistes (Jeannie Longo, Grégory Baugé et Yoann Offredo jeudi) ont été récemment épinglés par le système de localisation des sportifs. Sans compter le rugbyman Yoann Huget qui a raté la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande, en septembre dernier. Tous ces sportifs ont manqué à leurs obligations de localisation, qui sont répertoriées dans le système ADAMS. Ils sont pourtant obligés de fournir des informations au quotidien sur leur déplacement. Le but est simple : pouvoir les repérer à n’importe quel moment pour pratiquer des contrôles anti-dopage inopinés. Mais quels sont les sportifs astreints à ce système ? Quelles sont les contraintes pour les athlètes et quelles peuvent être les sanctions en cas d'écart ? Europe1.fr vous donne quelques éléments de réponse.

Comment fonctionne le système ADAMS ? C’est en fait un logiciel de gestion de données en ligne. Lancé en 2005 par l’Agence mondiale antidopage, il permet de localiser les athlètes à n’importe quel moment de la journée. "Deux obligations sont imposées aux sportifs", explique le Docteur Philippe Levan, directeur chargé du haut niveau pour la commission médicale du CNOSF (Comité National Olympique et Sportif Français). "Ils doivent d’abord fournir une heure par jour où on peut les localiser à tout moment. Les athlètes donnent souvent des heures matinales (de 6h à 7h ou de 7h à 8h) à leur domicile pour être sûrs d’être présents en cas de contrôle.  Ensuite, ils doivent remplir un semainier avec leur programme par demi-journée". Si un athlète veut faire une modification dans son emploi du temps pour le lendemain, il peut l’effectuer jusqu’à 17h. Toutes ces données sont enregistrées sur internet. Et dernière nouveauté, il existe à présent une version du logiciel ADAMS sur smartpone.

Quels sont les sportifs concernés ?  Les 30.000 sportifs professionnels français ne sont pas concernés. "Il existe des groupes cibles", note le Docteur Philippe Levan. "L’Agence Française de lutte contre le dopage (AFLD) choisit un groupe d’athlètes qui seront suivis pendant un an et les fédérations nationales de chaque sport établissent également, de leur côté, d’autres groupes". Au total, un peu plus de 500 athlètes sont surveillés en permanence dans l’hexagone. Pendant les Jeux Olympiques de Londres, ce nombre devrait augmenter puisque l’AFLD souhaite contrôler la plupart des sportifs de la délégation française.  

Quelle est la règle ? Ici, une précision s’impose : l’athlète doit se soumettre à des obligations de localisation mais s’il ne le fait pas, ça ne signifie pas forcément qu’il est dopé. Avec le système ADAMS, la règle est simple. C’est un peu comme au lycée, quand vous receviez trois avertissements, vous étiez viré pendant trois jours. Au bout de trois manquements, une commission de discipline se réunit et statut sur les sanctions du sportif. "Mais si un sportif a omis de se localiser, il reçoit un premier rappel", nuance Bruno Genevois, président de l’AFLD. "Il a ensuite trois jours pour régulariser sa situation".

athlètes

Quelles sont les sanctions en cas de manquements ? Après trois erreurs, les sanctions peuvent être très dures (jusqu’à deux ans de suspension). Si on regarde les derniers cas, les fédérations ne sont pas tendres à l’égard des sportifs récidivistes. Yoann Offredo a écopé jeudi d’un an de suspension. Le rugbyman Yoann Huget, lui, a connu une peine un peu moins lourde (trois mois) mais il a quand même manqué la Coupe du monde à cause de ses écarts.

Le système est-il efficace ? "Avant la mise en place du système ADAMS, les athlètes pouvaient faire ce qu’ils voulaient avant les compétitions et les fraudeurs en profitaient pour effectuer des stages dans des pays exotiques pour se doper", raconte le Docteur Philippe Levan. "ADAMS resserre considérablement les mailles du filet". "Il y a aussi une part de dissuasion",  renchérit Bruno Genevois, président de l’AFLD qui avance même que "grâce au système ADAMS, le dopage a diminué dans le cyclisme".

Un système compliqué à gérer pour les sportifs ? Si le système semble efficace, certains athlètes le trouvent parfois contraignant. Gwladys Epangue, double championne du monde de taekwondo, a commis une infraction l’année dernière. Dans un entretien accordé à L’Equipe il y a plusieurs semaines, elle expliquait les difficultés du système. "Je dors avec le portable allumé. Le pire, c’est que, s’il sonne, je me sens toujours obligée de répondre. Je me dis toujours que ça peut être un médecin préleveur…" La Française demande de l’aide à l’AFLD une fois par trimestre pour bien actualiser ses données. Un avis pas forcément partagé par tous les sportifs. Le tennisman Jo-Wilfried Tsonga, lui aussi, a déjà utilisé le système ADAMS qu’il qualifie de "jeu d’enfants". "Qui accepterait de se plier à des règles aussi draconiennes ?", lance le Docteur Philippe Levan du CNOSF. Et de conclure : "en règle générale, je les trouve très conciliants".