Hand : les Bleus en outsiders

© MAXPPP
  • Copié
avec AFP et Christophe Lamarre, au Danemark , modifié à
EURO - L'équipe de France entame lundi son championnat d'Europe des nations face à la Russie.

Deux titres olympiques (2008 et 2012), deux titres mondiaux (2009 et 2011), deux titres européens (2006 et 2010) : pendant quatre ans, l'équipe de France a régné (presque) sans partage sur le monde du handball. Mais l'élimination en quarts de finale du dernier Mondial 2013, en Espagne, a confirmé que la période dorée était sans doute terminée.

La 11e place lors de l'Euro 2012 l'avait déjà laissé penser. Jérôme Fernandez, l'un des derniers monstres de l'équipe de France, l'affirme avec force dans les colonnes du quotidien L'Equipe, lundi : "pour moi, la période des Experts est révolue depuis le Mondial 2013. On n'a plus douze ou quatorze joueurs de top niveau mondial, mais cinq, six ou sept." Didier Dinart a pris sa retraite, Bertrand Gille et Xavier Barachet sont blessés, Thierry Omeyer et Fernandez lui-même reviennent de blessure. Les Bleus sont aujourd'hui clairement en phase de transition.

Claude Onesta (930x620)

"De reconstruction", précise même le sélectionneur Claude Onesta. "On a moins de cadres. Avant, la force, c'était que les remplaçants étaient sensiblement du niveau des titulaires. Il y avait peu de différence de performances lors des rotations. Aujourd'hui, avec les jeunes intégrés, c'est quitte ou double." Ces jeunes portent le nom de Luka Karabatic, 25 ans, Mathieu Grebille ou encore Kentin Mahé, 22 ans. Déjà appelé lors du Mondial, Valentin Porte, 23 ans, devrait davantage avoir sa chance cette année. Plus expérimentés, Cyril Dumoulin, 29 ans, et Vincent Gérard, 27 ans, disputent également leur première compétition avec les Bleus. Dans ces conditions et compte-tenu de cet effectif mi-jeune mi-expérimenté, que peuvent espérer les Bleus ?

"En étant lucide, on ne peut pas faire partie des favoris"

Danemark (930x620)

© REUTERS

"On y va pour réaliser la meilleure performance possible", souligne Claude Onesta. "En même temps, mon métier consiste aussi à préparer les compétitions à venir, en particulier les JO de Rio en 2016. Je continue de m'inscrire dans ces deux projets." Pour cet Euro, difficile d'imaginer mieux. "En étant lucide, on ne peut pas faire partie des favoris. Notre niveau de jeu ne l'a pas démontré", concède encore Onesta.

Les performances réalisées lors de la dernière Golden League (victoires face au Qatar 29-23 et la Norvège 29-28, défaite contre le Danemark 29-28) n'ont pas vraiment rassuré. "Comme on manque de réglages et de maîtrise, on risque d'avoir une compétition en dents de scie. D'autres équipes, qui ont initié avant nous une phase de transformation, sont mieux installées. Le Danemark (champion d'Europe en titre et vainqueur pour son entrée en lice de la Macédoine, dimanche soir, photo), une équipe arrivée à maturité, progresse depuis quatre ans. C'est le grand favori, qui aura l'avantage de jouer à domicile." Parmi les autres noms, Onesta cite également l'Espagne et la Croatie.

A priori, la France est en revanche favorite de son groupe, qui comprend également la Russie, la Serbie et la Pologne. Mais gare, quand même, au premier match, lundi soir. "Si on se met en difficulté dès le départ, je ne suis pas sûr, comme on pouvait le faire précédemment, qu'on ait la solidité pour assumer ce doute qui s'installe, assumer la perte de performances individuelles et on risque d'être beaucoup plus fragilisés par un début de compétition ratée", admet Onesta sur Europe 1. Malgré tout, on peut compter sur les joueurs pour tout donner.

"Même si l'équipe est en reconstruction, l'objectif sera toujours de gagner", a tranché Nikola Karabatic, qui, à 30 ans, fait désormais partie des cadres avec Omeyer, Fernandez, Narcisse, Guigou, Abalo ou Sorhaindo. Une association de talents et de joueurs qui, malgré tout, ferait le bonheur de bien d'un sélectionneur.