Un club de foot, une entreprise à part

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TAXE A 75% - Les clubs de foot vont faire "grève". Mais pour Hollande, "la loi fiscale (...) doit être la même pour toutes les entreprises".

L’info. Le match est bel et bien lancé entre les clubs de foot professionnels et le gouvernement. Jeudi après-midi, les présidents ont décidé à l’unanimité le principe d’une "grève" pour le dernier week-end de novembre (15e journée de Ligue 1 et 16e journée de Ligue 2) pour protester contre la taxe à 75%. Mais Matignon a affirmé dans la foulée qu'un club de football était traité, au regard de la taxe à 75%, "comme une entreprise comme une autre". François Hollande a lui promis vendredi qu’il ne bougerait pas d’un iota, rappelant que la "règle est la même pour toutes les entreprises". Prenons le président au mot : un club de foot est-il une boîte comme les autres ?

Vincent Chaudel

Une concurrence internationale exacerbée. Derrière les beaux buts retransmis à la télé, derrière les milliers de supporters réunis dans les stades, il y a les clubs. Mais ces entreprises ont-elles un fonctionnement classique ? "C’est une entreprise qui a des particularismes très forts, à commencer par une concurrence internationale exacerbée", estime Vincent Chaudel (photo), expert sport pour le cabinet Kurt Salmon. "On a le droit de penser que les joueurs sont trop payés mais c’est un autre débat. C’est le prix du marché pour ce genre de joueurs (dont les salaires dépassent le million d’euros par an). En France ou ailleurs". Et de poursuivre : "si on estime que c’est trop d’argent en France, il faut accepter de ne plus les voir jouer en France et de regarder les autres pays jouer les Coupes d’Europe".

Des salariés mieux payés… que leurs patrons. Deuxième particularité des clubs de foot qui les différencie des autres entreprises : les salaires. "L’ouvrier de base est le salarié le mieux payé et c’est l’acteur-clé du mécanisme", explique Vincent Chaudel. Michel Seydoux, le président du Losc, lui aussi bien moins bien payé que les stars lilloises, ne veut pas d’une "équipe de merdasse" à l’avenir. "J’ai un projet depuis douze ans. Je n’ai pas fait un stade pour monter une équipe de CFA", s’insurge-t-il dans les colonnes de L’Equipe. Autrement dit, les clubs français qui ont de l’ambition sur la scène européenne seront pénalisés par cette taxe à 75%.

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Des contrats très particuliers. Et pour ne rien arranger à cette problématique de la "taxe crampon", la nature-même des contrats aggrave la situation des clubs pros. "Les contrats des joueurs sont signés sur plusieurs années", rappelle Vincent Chaudel. La taxe à 75% qui devra entrer en vigueur pour deux ans (2014 et 2015) va donc concerner des contrats déjà signés. "Quand un club fait signer un joueur pour trois ou quatre ans en général, il existe souvent une évolution salariale prévue", explique encore cet économiste du sport. En gros, un joueur comme Yoann Gourcuff qui dont le salaire est passé de deux à quatre millions d’euros en trois ans coûte très cher à l’Olympique lyonnais. Et si ses qualités sportives laissent quelque à désirer depuis plusieurs mois, l’OL a du mal à s’en séparer car très peu de clubs seraient prêts à accepter ses prétentions salariales.

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