Guingamp-Monaco, Breizh Cola vs vodka

© Monaco Guingamp
  • Copié
, modifié à
COUPE DE FRANCE - La deuxième demi-finale oppose deux clubs que tout (ou presque) oppose.
Obbadi face à Guingamp (930x1240)

L'En Avant de Guingamp et l'AS Monaco, qui s'affrontent mercredi lors de la deuxième demi-finale de la Coupe de France, sont tous les deux promus cette saison en Ligue 1. Et c'est à peu près leur seul point commun. L'EAG dispose en effet d'un des plus petits budgets de l'élite, avec à peine plus de 20 millions d'euros, quand l'ASM boxe chez les poids lourds avec 130 millions de budget. Quand, l'été dernier, Monaco faisait son marché chez les grands d'Europe (James Rodriguez est arrivé de Porto contre 45 millions d'euros, Radamel Falcao de l'Atlético Madrid pour 60 millions d'euros), Guingamp recrutait avant tout en Ligue 2 (Auxerre, Caen, Châteauroux, Dijon).

Mais entre Guingamp et Monaco, il ne s'agit pas seulement d'une affaires de gros (et de petits) sous. Les deux clubs symbolisent également deux visages du football français. Guingamp-Monaco, c'est un peu le foot français d'en-bas contre le le foot français plus bling-bling.

Le Graët contre Albert II (930x620)

Club du président VS club du Prince. Pendant près de trois décennies - les années 70, 80 et 2000 -, Noël Le Graët a été le patron et le visage de l'En Avant de Guingamp. Celui qui fut également maire de la ville entre 1995 et 2008 est depuis 2011 le président de la Fédération française de football (FFF). Mais il restera à jamais l'homme fort du club breton, qu'il a fait passer du niveau régional à la Coupe d'Europe. Aujourd'hui, celui qui tient les rênes se nomme Bertrand Desplat et il est le... gendre de Le Graët. Guingamp, une affaire de famille.

L'AS Monaco aussi, d'une certaine façon. Le Prince Rainier a insufflé au club un nouvel élan dans les années 1950 et, s'il n'a pas de place attitrée dans l'organigramme de l'ASM, son fils le Prince Albert II reste évidemment très au fait des affaires du club, qui est également une vitrine pour l'ensemble de sa cité-Etat.

Stades de Guingamp puis Monaco (930x620)

Ferveur des Côtes VS anonymat de la Côte. C'est là l'une des spécificités de Guingamp. Le club compte plus d'abonnés dans son stade du Roudourou que d'habitants dans la ville. Au dernier recensement, la cité des Côtes-d'Armor comptait en effet 7.276 âmes alors qu'ils sont quelque 8.500 à être abonnés au stade.

Mieux, alors que le club réussit une saison moyenne sur le plan des résultats, ils sont 14.722 en moyenne à garnir les gradins, pour l'un des taux de remplissage les plus élevés de Ligue 1 (80,1%, le stade a une capacité de 18.738 spectateurs). L'ASM, elle, est une triste avant-dernière dans ces deux catégories, avec 8.875 spectateurs de moyenne - c'est à peine plus que Dijon, en Ligue 2 - et 47,9% de taux de remplissage et ce, malgré le recrutement en or massif et les efforts de certains groupes de supporters dans les tribunes. Contrairement aux joueurs, la culture foot ne s'achète pas.

Dmitry Rybolovlev (930x1240)

Bastion breton VS projet russe. Breizh Cola, Celtarmor, Crédit mutuel de Bretagne... : la liste des principaux partenaires de l'En Avant de Guingamp traduit l'ancrage local du club, quand l'AS Monaco tend, comme le PSG, à devenir une "marque" globale. C'est surtout vrai depuis 2011 et l'arrivée aux manettes du richissime homme d'affaires russe Dmitri Rybolovlev, qui entend faire de l'ASM une puissance qui compte en Europe. L'EAG, lui, se contenterait de devenir une puissance qui compte en... Bretagne, la région comptant d'autres clubs de haut niveau, comme Rennes ou Lorient.

Et, plus que la comparaison avec Monaco, ce que redoute aujourd'hui l'EAG, c'est la relégation en L2, qu'a connue l'an dernier le voisin du Stade Brestois. Les Guingampais, battus le week-end dernier à Nantes, ne comptent plus que cinq points d'avance sur le premier club relégable quand l'ASM, elle, a presque déjà son billet pour la prochaine Ligue des champions. Comme quoi, dans le football, si l'argent ne fait pas le bonheur, il faut bien reconnaître qu'il y contribue un peu... 

Et pourtant... Des deux clubs, c'est l'AS Monaco qui attend un titre depuis le plus longtemps (2003 contre 2009 à Guingamp). Cette année-là, l'EAG avait accroché la Coupe de France aux dépens du rival local de Rennes (2-1). Les Guingampais et leur contingent de joueurs francophones - un seul des 27 joueurs de l'effectif ne l'est pas - espèrent retrouver au Stade de France leurs voisins, qui ont battu Angers mardi soir. Mais, avant cela, il leur faudra se débarrasser de l'ASM dans un alléchant choc des mondes...

sur-le-meme-sujet-sujet_scalewidth_460

RECALÉ - Le jour où Le Graët a dit non à Zidane