Brandao, la résurrection

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LIGUE DES CHAMPIONS - Le Brésilien, mis en examen pour viol en 2011, a offert la qualif' à l'OM.

"Brandao ne doit pas nuire à l'image de l'OM". Ces mots, prononcés le 10 mars 2011 sur l'antenne d'Europe 1 par le président de l'époque, Jean-Claude Dassier, ont une drôle de résonance aujourd'hui, alors que le Brésilien vient d'offrir le qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions au club phocéen. Deux jours avant cette déclaration, le Brésilien avait été arrêté à son domicile et placé en garde à vue pour tentative de viol. Un an plus tard, presque jour pour jour, l'ancien indésirable est devenu un héros, grâce à son incroyable but inscrit dans le temps supplémentaire, mardi.

"Je remercie Dieu pour tout"

"Avant d'entrer en jeu, j'ai parlé à Deschamps et je lui ai dit que je croyais que j'allais marquer et j'ai marqué", a expliqué le Brésilien devant la presse. La foi, c'est ce qui semble animer ce drôle de joueur, arrivé en 2009 sur la Canebière. "Je remercie Dieu pour tout. Parce que ça a été difficile pour moi. Et, grâce à Dieu, c'est tout le groupe qui est ensemble et qui s'est qualifié", a-t-il reconnu, à chaud, au micro de TF1.

Ça a été difficile pour lui, dit Brandao. On peut le croire. Après ses ennuis judiciaires, qui ne sont pas terminés, il a été "envoyé" au Brésil par l'OM, pour un prêt à Cruzeiro puis au Gremio Porto Alegre. Là-bas, il a attendu son... douzième match avant de faire trembler les filets. En 20 matches avec les deux clubs, il n'a inscrit que quatre buts, dont un, décisif, de la tête, contre le Santos de la star brésilienne Neymar.

Brandao marque avec Gremio contre Santos :

Le 8 janvier, alors que Gremio souhaitait le conserver en prêt, l'OM, désormais présidé par Vincent Labrune, a finalement décidé de rappeler Brandao, dix mois après son "exil". Confronté au départ des frères Ayew pour la Coupe d'Afrique des nations, à la méforme chronique d'André-Pierre Gignac mais aussi à des finances limitées, Didier Deschamps a fait confiance au Brésilien et en a fait son inattendu joker offensif. Le pari s'est avéré payant. Le Havre, Nice, Lyon, Bourg-Péronnas, Brandao a peu à peu retrouvé la confiance et enquillé les buts.

Brandao signe son retour face au Havre :

Mais depuis son doublé contre les amateurs, en Coupe, Brandao n'avait plus marqué et avait même été confronté à un grave souci familial avec l'incarcération au Brésil de son père, soupçonné d'avoir mis le feu à sa maison. Dans la presse, les railleries sur son côté frustre balle au pied ou son français approximatif avaient repris. "Cinq buts en janvier (du 22 janvier au 15 février ndlr), ces derniers temps moins de réussite, ce qui lui a valu des costards bien taillés, mais ce soir c'est lui le héros ! Bravo à lui!", a déclaré Didier Deschamps à Milan, mardi.

Le tweet énervé de Chantal Jouanno

Comme le rappelle L'Equipe, le but de Brandao face à l'Inter est d'autant plus savoureux qu'il l'a inscrit à Milan, là même où, le 25 novembre 2009, lors de sa première saison en France, il avait vendangé une occasion en or qui aurait permis à l'OM de faire un pas vers les huitièmes de finale. Mardi, il a exorcisé ce mauvais souvenir et laissé parler sa spontanéité, moins de cinq minutes seulement après son entrée en jeu. "Brandao que vous avez tous tant adoré et soutenu, il marque quelques buts mais celui-là, il est quand même important!", a insisté Deschamps.

Tweet de Chantal Jouanno (930x620)

© Capture d'écran Twitter

Cette vague de louanges envers Brandao, le plus souvent teintées de sourires, n'a pas réjoui tout le monde. Ministre des sports au moment de le mise en examen de Brandao pour viol, Chantal Jouanno n'a pas manqué de rappeler le passif du Brésilien, non plus sur le terrain mais devant les tribunaux. Brandao reste en effet dans le viseur de la justice en attendant la conclusion de l'enquête. "Brandao mis en examen pour viol, bel exemple", a répondu l'ex-ministre à un tweet du socialiste Manuel Valls, qui saluait le but libérateur du Brésilien ("Retour de la Drôme et..pan!: Brandao marque et qualifie l'OM!!”).

En janvier dernier, lors du retour de Brandao, la sénatrice UMP de Paris avait déjà fait part de ses réserves morales : "une mise en examen, ce n’est pas anodin. Je trouve ça très choquant", avait-elle déclaré au Journal du Dimanche. "J’aurais préféré qu’on ne remette pas Brandao en scène, au même endroit, moins d’un an après les faits. S’il marque, tout le monde va l’acclamer." C'est un peu ce qui est arrivé mardi...