Un mois pour changer, 80' pour gagner

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COUPE DU MONDE - La France retrouve les Blacks en finale, dimanche, à Auckland (10h00).

Le 24 septembre dernier, l'équipe de France s'inclinait lourdement face aux All Blacks, en phase de poules (37-17). Un mois plus tard, les Bleus de Marc Lièvremont retrouvent les favoris de la compétition en finale, dimanche, à l'Eden Park d'Auckland (coup d'envoi à 10h00). Depuis ce premier match, qu'est-ce qui a changé chez les Bleus ? Et quels sont les éléments qui pourraient en faire, aujourd'hui plus qu'hier, des vainqueurs potentiels de la Coupe du monde ?

Clerc: "Une motivation décuplée"

Une excellente mi-temps. Lors du premier tour, la France a très bien joué pendant dix minutes, les dix premières face aux Blacks, justement. Le reste alla du passable (les victoires face au Japon et le Canada) au lamentable (la défaite contre les Tonga). Bref, le XV tricolore ne proposa guère de jeu jusqu'au quart de finale, face à l'Angleterre, où ils a alors réalisé une première mi-temps du jeu de Dieu ! Application au pied, inspiration dans les passes, avancées sur les impacts, ô miracle ! Les deux essais, inscrits par Vincent Clerc et Maxime Médard - pas les moins talentueux des Bleus - sont venus apporter la preuve que les Tricolores pouvaient faire autre chose que du "gagne-petit". Car le "gagne-petit" ne devrait pas suffire face aux Blacks. Il faudra produire du jeu. Pendant quarante minutes, ils en ont été capables. Alors, comme qui dirait, pourquoi pas ?

Parra

Une charnière mieux rodée. La décision d'aligner Morgan Parra à l'ouverture pour le premier match face aux Blacks avait été gentiment moquée. Lièvremont avait choisi de faire jouer son "équipe B", selon le quotidien New Zealand Herald. Mais au fil des matches, plus qu'une équipe B, cela s'est révélé être un "plan B". François Trinh-Duc cantonné sur le banc - malgré un essai contre les Blacks et un drop décisif face aux Anglais  -, le duo Yachvili-Parra restera jusqu'au bout "le" choix tactique du sélectionneur des Bleus lors de cette Coupe du monde. L'association des deux "9" n'a sans doute aucun avenir au-delà de dimanche. Qu'importe. Ces deux-là ont les clés pour changer la physionomie d'une finale de Coupe du monde. Pour battre les Blacks, il faudra être astucieux. Ils le sont. Et Parra offre depuis le début de la compétition de sérieuses garanties au pied, dans le jeu mais surtout dans ses tentatives. Il affiche ainsi un taux de réussite de 85% (12/14). Pour gagner à l'anglaise, Parra est indispensable.

Les Bleus vainqueurs de Galles (930x620)

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Une solidarité retrouvée. Jusqu'au quart de finale face à l'Angleterre, les Bleus n'avaient pas disputé de test digne de ce nom. Le Bleus-Blacks du premier tour avait en effet tout du test biaisé, en raison de la qualification quasiment acquise des deux équipes pour les quarts de finale. Les joueurs de Lièvremont avaient ensuite abordé les Tonga par-dessus la jambe, avec la Rose déjà dans le viseur. Même si elles n'ont pas été parfaites, loin de là, les deux rencontres à élimination directe des Bleus ont révélé une belle solidarité, à défaut d'une grande solidité. Car par deux fois, ils ont mené (16-0 à la pause face aux Anglais puis 9-3 à 15 contre 14 face aux Gallois) avant de se faire peur. Mais, même dominés physiquement sur la fin, ils ont réussi à tenir, en "mettant les barbelés" et en se montrant (relativement) disciplinés sur des phases défensives décisives. C'est déjà ça. Contre les Blacks, diminués par l'absence de Dan Carter, il faudra afficher cette même solidarité d'entrée. Et éviter de prendre une vingtaine de points en dix minutes, comme ce fut le cas le 24 septembre.

Les Bleus battus par les Tonga (930x620)

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Une claque salvatrice. "Consternant". C'est l'adjectif qu'avait choisi le quotidien L'Equipe pour évoquer la défaite du XV de France (19-14), le 1er octobre dernier, face aux îles Tonga, une semaine après le revers contre les  Blacks. Vilipendés de toute part, les Bleus ne pouvaient pas partir de plus bas et.... aller si haut. De faire-valoir face aux Blacks, les Bleus ont acquis en trois semaines un statut d'alter ego, finalistes, comme eux, de la Coupe du monde. Discrets lors du premier tour (sur le terrain comme en conférence de presse), les joueurs ont ensuite commencé à se lâcher, contre les choix de leur coach d'abord, contre les journalistes ensuite. D'enfants un peu trop sages, les Bleus sont devenus des "sales gosses" qui ont envie de faire de la Coupe Webb-Ellis leur jouet.

Marc Lièvremont en conférence de presse (930x620)

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Le splendide isolement. "Seuls contre tous". Ce n'est pas une formule. A quelques heures de la finale, personne ne souhaite voir l'équipe de Marc Lièvremont s'imposer, en dehors des Français eux-mêmes. Et encore, dans l'Hexagone, certains esprits chagrins ou les critiques les plus hermétiques au style Lièvremont ne seraient pas contre une petite défaite bien salée. En off, comme on dit. Sinon, l'hémisphère Sud (on ne garantit rien pour l'Australie) se pâme devant le jeu de la Nouvelle-Zélande (un peu comme tout le monde), l'hémisphère Nord pleure la dépouille de Galles, éliminé par les Bleus contre le cours du jeu et, bien évidemment, toute la Nouvelle-Zélande espère se (re)faire la peau du coq. Comme il y a 24 ans, comme il y a un mois. On annonce, au pire, un carnage. Au mieux, une défaite logique. Bref, les Bleus avancent vers leur troisième finale de Coupe du monde sans pression. Mais non sans ambition...