Ribéry : "un faux mea culpa"

© Capture d'écran du site de la FFF
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INTERVIEW - La communication de Franck Ribéry a été soignée pour son retour chez les Bleus.

Après neuf mois d'absence en équipe de France, Franck Ribéry fait son grand retour chez les Bleus. Depuis sa dernière intervention télévisée sur le plateau de Téléfoot, le style a changé. Finis les claquettes et le vocabulaire hésitant. Mardi, Franck Ribéry a décidé de lire un communiqué pour mieux soigner son image. François Guyot, directeur général de Sport Market, agence de conseil en communication, revient pour Europe1.fr sur ce coup de com'.

Le message adressé par Franck Ribéry était-il un passage obligé avant son retour en équipe de France ?
Tout le monde attendait de savoir si Laurent Blanc allait le sélectionner. Et puis, le monde politique s’en était également mêlé. La ministre des Sports, Chantal Jouanno, avait clairement affiché son opposition au retour des "mutins". Il avait donc une obligation de s’exprimer. Il ne pouvait revenir sans rien dire. Et puis son retour a dû être calculé par le staff de l’équipe de France. Peut-être même que sa présence en conférence de presse était une des conditions sine qua non à son retour sur le terrain.

Franck Ribéry vous a-t-il convaincu ?
Non, ce qu’il a lu est un faux mea culpa. On s’attendait à ce qu’il demande pardon. A aucun moment il ne l’a fait. Quand il dit "je me suis perdu", il ne formule pas de véritables excuses. Certes, il reconnaît une faute mais il manque le "pardonnez-moi". Il montre qu’il ne souhaite pas endosser la responsabilité de la grève de Knysna.

Sa posture très critique vis-à-vis de la presse vous semble-t-elle cohérente ?
Contrairement à certaines périodes où on a pu reprocher aux médias, à tort ou à raison, de mal faire leur boulot, je vois mal ce qu’on peut leur reprocher en 2010. Ce ne sont pas les journalistes qui ont organisé la grève à Knysna ! Il faut que les joueurs assument leurs actes.

A leur arrivée à Clairefontaine, Franck Ribéry et Patrice Evra ont été photographiés avec le nouveau maillot de l’équipe de France. Est-ce que c’est une bonne image pour les Bleus ?
C’était difficile de cacher leur retour. Autant l’assumer. C’est évident que beaucoup de gens vont profiter de leur retour pour décrier le foot une nouvelle fois. Mais je pense que le grand public oubliera assez vite si les résultats sportifs suivent. Et puis, les gens ont le sentiment qu’ils ont payé. Maintenant, ils n’ont plus le droit à l’erreur. Ils devront se donner à 200% sur le terrain. Sinon, ça ne pardonnera pas…

La communication est de plus en plus présente dans le football moderne. Est-ce une bonne chose ?
La communication des joueurs commence à peine à être gérée. Je ne suis pas sûr qu’il y a un an, Franck Ribéry avait son propre conseiller en com’. Qui de la fédération, de son agent ou d’une société extérieure s’est chargée de rédiger le communiqué ? Je ne sais pas. Mais une chose est sûre, un effort a été fait. Il fallait qu’il s’exprime et autant qu’il le fasse avec les bons mots.

Est-ce que, plus généralement, les footballeurs ne sont pas un peu trop assistés actuellement ?
Les footballeurs d’aujourd’hui sont de grands enfants. C’est compliqué de ne pas "péter les plombs" quand on se met à gagner beaucoup d’argent et qu’on ne sait pas trop s’organiser. Du coup, ils ont une grande propension à être assistés. C’est nécessaire de les encadrer. Le futur agent de joueur devra passer beaucoup de temps à gérer l’image du joueur.