Milan - San Remo, saveurs printanières

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CYCLISME - La "Primavera" marque le début des grandes classiques du printemps. Présentation.

Le jour le plus long. 298 kilomètres. Près de 7h30 d'efforts. La première grande classique de la saison est aussi la plus longue. Sur un programme aussi copieux, il y a forcément trois courses en une. La "classicissima" peut ainsi se scinder en trois moments clés : une première partie roulante qui conduit le peloton jusqu'au sommet du Turchino, principale difficulté du parcours située à 155 kilomètres de l'arrivée. Autant dire qu'il ne s'agit pas ici de faire la différence mais de durcir la course pour la fin de parcours, qui se divise en deux temps.

Il faut d'abord franchir les Capi, ces petites bosses "casse-pattes", puis la Cipressa et le Poggio, les deux côtes où peuvent se faire la sélection. Il s'agit enfin de plonger vers San Remo sur un peu plus de 6 kilomètres pour aboutir sur le Lungomare Italo Calvino, où, le plus souvent, la course arrive au... sprint.

A toute vitesse. Même s'il a été un peu durci au fil des éditions, le parcours de Milan - San Remo ne permet plus d'écarter les sprinteurs de la course à la victoire. De plus en plus polyvalents, de mieux en mieux préparés à des efforts longs, ceux-ci franchissent désormais la Cipressa ou le Poggio avec les meilleurs, comme l'avait fait Mark Cavendish (HTC-Columbia) en 2009. Il avait alors pu se livrer à un sprint à deux d'anthologie avec Heinrich Haussler (Garmin-Cervélo). Après 300 kilomètres d'efforts, la victoire se joue entre costauds, entre malins, entre maîtres de la course d'un jour. Pas étonnant que l'Espagnol Oscar Freire, vainqueur sortant, se soit déjà imposé à trois reprises dans l'épreuve, lui qui fut également champion du monde à trois reprises. Pas étonnant, non plus, que le porteur actuel du maillot arc-en-ciel, le Norvégien Thor Hushovd (Garmin-Cervélo), soit le favori n°1.

Pour déjouer les pronostics et les sprinteurs, il faudra être encore plus costaud que costaud et s'appeler Fabian Cancellara (quelle mauvaise langue a dit avoir un vélo magique ?). En 2008, le Suisse avait fait la descente pour s'imposer en solitaire. Un exploit peu commun. A lire :Hushovd, objectif premier

La Dolce Vita. Milan - San Remo pour un Italien, c'est comme le Tour des Flandres pour un Belge. La course à ne pas rater. Mais depuis la troisième victoire de Freire l'an dernier, les Italiens ont gagné moins d'une édition sur deux. Mais tout juste. Car, avec 50 succès sur 101 courses, les Italiens représentent évidemment le plus gros contingent au niveau des victoires par pays, devant la Belgique (12) et la France (10). Mais les Italiens ne se sont plus imposés depuis 2006 et le succès de Filippo Pozzato, ce qui commence à faire pour eux.

Et c'est dans la catégorie des puncheurs qu'ils sont le mieux représentés cette année avec, outre Pozzato, Michele Scarponi (Lampre), vainqueur d'étape sur Tirreno-Adriatico, et Vincenzo Nibali (Liquigas), 5e sur Tirreno, habituel tremplin vers la "Primavera". Mais dans cette catégorie des puncheurs, le poids lourd reste incontestablement le Belge Philippe Gilbert (Omega-Pharma), vainqueur sortant du Tour de Lombardie. Il a promis de jouer sa carte dans le Poggio. Bon courage à lui. Mais aussi à ceux qui vont tenter de le suivre...

Les rois du désert. Attention, question. Depuis dix ans, combien de coureurs français ont terminé dans les dix premiers de Milan - San Remo ? Réponse : un. En 2008, Anthony Geslin avait pris la 6e place. Depuis, le désintérêt plus ou moins affiché pour l'épreuve des coureurs français rend une victoire tricolore plus illusoire encore qu'un succès sur le Tour. C'est dire. Cette année, les "espoirs" français reposent sur les épaules du duo de la Quick Step, Sylvain Chavanel et Jérôme Pineau, sur Benoît Vaugrenard et William Bonnet (FDJeux) ou encore sur Lloyd Mondory (AG2R-La Mondiale). Mais si l'un d'entre eux parvient à s'imposer, ce serait l'une des plus grandes surprises dans l'histoire du cyclisme. Ni plus ni moins. A lire :Offredo : "j'attaquerai dans le final"