Grande Guerre : le tocsin sonne de nouveau, 100 ans après

Le haut de l'affiche de mobilisation générale, apposée sur les murs de France le 1er août 1914
Le haut de l'affiche de mobilisation générale, apposée sur les murs de France le 1er août 1914 © maxppp
  • Copié
Noémi Marois avec AFP et Ariane Lavrilleux , modifié à
SOUVENIR - À l'occasion du 100ème anniversaire de la mobilisation générale du 1er août 1914, le ministère de l'Intérieur invite les communes de France à sonner le tocsin.

Vendredi à 16 heures, pendant trois minutes, les clochers de France retentiront en souvenir des trois millions de Français qui le 1er août 1914, ont reçu l'ordre de "mobilisation générale". C'est Bernard Cazeneuve qui a demandé aux préfets de commémorer ainsi l'entrée de la France dans la Première Guerre mondiale. 

"Unité nationale". Dans une circulaire du 28 juillet, le ministère de l'Intérieur rappelle que la compétence de faire sonner le tocsin revient aux maires en collaboration avec les prêtres des paroisses. Ils peuvent ainsi commémorer cet anniversaire "en faisant retentir les cloches des édifices publics de leur ressort, selon les modalités qui paraîtront localement adaptées" et "sur la base du volontariat". Les sirènes des casernes de pompier retentiront également. 

Pour Kader Arif, le ministre délégué aux Anciens Combattants, il s'agit de commémorer la Grande Guerre "dans chaque commune, chaque famille, chaque foyer, en y associant le plus grand nombre de Français, pour un Centenaire de cohésion et d'unité nationale". 

29.12.Village.campagne.clocher.930.620

Ding-Dong. Carillon, volée, glas, tocsin sont les différentes sonneries des cloches. Le tocsin est celle de l'alerte sur un danger imminent : incendie, invasion, début d'une guerre. La cloche dite "braillarde" est alors sonnée au rythme de 60 fois par minute. Alain Corbin, historien et auteur de "Les cloches de la terre" explique qu'une population révoltée peut aussi l'utiliser : "Il n'est pas de trouble villageois qui, jusqu'au milieu des années 1850, ne se signale et ne s'avive par le tocsin", les famines, les soulèvements de 1789 par exemple. 

Une initiative inégalement reçue. Si les paroisses contactées par Europe 1 collaborent sans problème à la sonnerie du tocsin, le Père Cédric Burgun, prêtre dans le diocèse de Metz, se montre plus réticent : "Je ne comprends pas bien quel est l'intérêt de célébrer le démarrage de la guerre. Il y a des prêtres qui m'ont dit qu'ils allaient faire sonner les cloches à la volée qui est une sonnerie plus joyeuse. C'est une manière de célébrer la paix plutôt que le début des offensives".

Des obstacles techniques. Le tocsin a sonné pour la dernière fois en France en 1939, lors de l'entrée de la France dans la Deuxième Guerre mondiale. À l'époque, les cloches étaient sonnées à la main. Aujourd'hui, les choses ont changé, explique l'intendant de la paroisse Saint-Ferdinand des Ternes à Paris explique à Europe 1 : "Notre église est équipée d'un dispositif de commande. Nous avons un boîtier de programmation qui envoie ses instructions à un moteur dont sont équipées les cloches". 

Problème, le tocsin ne fait parfois pas partie des programmations possibles. Contacté par Europe 1, le diocèse de Paris précise que dans ses directives envoyées aux prêtres, il est précisé que la volée peut remplacer le tocsin mais le résultat n'est pas le même explique l'économe du diocèse de la Maurienne en Savoie : "Le tocsin est fait sur une cloche légère, au son aigu et à un rythme très rapide. La volée utilise toutes les cloches, à un rythme plus lent". Dans son diocèse, c'est pourtant la volée qui sera sonnée. À Saint-Louis d'Antin de Paris, rien ne sera fait à 16 heures. N'ayant pas de tocsin programmé sur son boitier, ce sont les autres églises du même arrondissement qui le sonneront. 

rue caumartin eglise saint louis d'antin GOOGLE STREET VIEW

© GOOGLE STREET VIEW

L'église Saint-Louis d'Antin à Paris

Trois millions d'hommes concernés. Le 1er août 1914 à 15h45, le chef du gouvernement René Viviani décidait de la mobilisation générale pour le lendemain. À 15h55, un télégramme fut envoyé de Paris à tous les préfets et responsables militaires. La toute première affiche de mobilisation fut apposée à 16 heures dans Paris, au coin de la rue Concorde et de la rue Royale. 

3 millions de Français âgés de 21 à 48 ans, furent alors appelés sous les drapeaux, rejoignant ainsi les 800.000 soldats déjà en service actif. À 17h, c'est l'Allemagne qui décidait à son tour de la mobilisation. 

Le 2 août au soir, l'Allemagne qui accusait la France d'avoir bombarder son territoire, lui déclarait la guerre. Le 3 août marquait l'entrée officielle de la France dans le conflit.