Gendarmerie : une nouvelle méthode d’interrogatoire

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
INFO EUROPE 1 - Le secret de cette technique d’audition qui vient d'être adoptée par la Gendarmerie nationale : laisser parler le suspect…

Baptisée Progreai (Processus général de recueil des entretiens, auditions et interrogatoires), cette nouvelle méthode d’interrogatoire est directement inspirée d’une technique canadienne, élaborée par le criminologue Jacques Landry. Auparavant, les enquêteurs canadiens obtenaient des aveux une fois sur deux en moyenne. Avec cette nouvelle méthode, le taux d’aveux atteint 80% à 90% alors que la durée de la garde à vue est plus courte qu’en France.

Le secret de cette méthode consiste à laisser parler le suspect. Actuellement, l'enquêteur parle 70% du temps de la garde à vue. La méthode Progreai a pour objectif de laisser parler la personne auditionnée. L’enquêteur instaure une conversation à bâtons rompus sur des sujets apparemment éloignés des faits. En évoquant sa famille, ses amis, son travail ou ses passions du suspect, le suspect va inconsciemment révéler des traits de sa personnalité très précieux.

"Laisser parler la personne, c'est lui permettre de révéler progressivement qui elle est", explique Bénédicte Soulez, psychologue de la Gendarmerie nationale. Ecoutez :

 

 

Dans une deuxième phase, le suspect est invité à raconter librement sa version des faits, sans contradiction. Au cours d’une troisième phase, l’enquêteur conforte le suspect dans sa version, en lui demandant de préciser un maximum de détails, de plus en plus précis. Les contradictions et les invraisemblances finissent alors par apparaître dans la plupart des cas. Au Canada, l’expérience montre que c'est souvent à cet instant de la garde à vue que les enquêteurs obtiennent des aveux.

Cette méthode diffère sensiblement des interrogatoires souvent très hachés, où il faut constamment s’interrompre après chaque question et chaque réponse pour taper sur un PV. Beaucoup plus fluide, la méthode canadienne ressemble à une conversation qu’il n’est pas nécessaire d’interrompre puisque outre-Atlantique, tous les interrogatoires sont filmés.

Les gendarmes parient que cette procédure judiciaire à l'anglo-saxonne sera un jour mise en place en France. C'est pour cette raison qu'ils commencent à adopter cette méthode d’interrogatoire et à former leurs enquêteurs. Ils comptent également utiliser cette technique pour les auditions de victimes et de témoins, pour les aider à se confier et à donner le plus de détails possible.